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Le malaise

Lundi, 13 juin 2016

La violence resurgit en Israël. L’attentat commis cette semaine à Tel-Aviv par deux jeunes Palestiniens est le plus meurtrier contre des Israéliens depuis l’automne 2015. Les deux hommes, originaires de Yatta près de Hébron, ville du sud de la Cisjordanie d’où sont originaires des dizaines d’auteurs d’attaques anti-israéliennes, s’étaient introduits dans un restaurant de la ville et ont tiré à bout portant sur les clients. Bilan : 4 morts et 5 blessés. Suite à l’attentat, d’importantes forces de sécurité ont été déployées dans Yatta et ont fouillé des maisons. Tous les accès à la ville ont été bloqués, et les 83 000 permis d’entrée délivrés par Israël à des Palestiniens de Cisjordanie pour le mois du Ramadan ont été gelés de même que toutes les demandes de permis de la part d’habitants de la bande de Gaza. Par ailleurs, des centaines de soldats ont été déployés en renfort en Cisjordanie.

L’attentat de Tel-Aviv vient s’ajouter à une longue série de violences qui ont fait, depuis le mois d’octobre dernier, 239 morts (207 Palestiniens et 32 Israéliens). Une fois de plus, les politiques du gouvernement israélien de Benyamin Netanyahu sont sur la sellette. Comme les précédentes attaques, menées pour la plupart au couteau, l’attentat de Tel-Aviv traduit l’état de frustration et de désespoir dans lequel se trouve aujourd’hui la population palestinienne, ceci au moment où le gouvernement israélien continue à virer à droite, poussé par le désir de Netanyahu de garder son alliance avec les partis extrémistes afin de se maintenir au pouvoir. Le tout dans un contexte totalement bloqué. La conférence de Paris, qui était censée relancer un processus de paix au point mort depuis deux ans, n’a pas réussi à traduire les espoirs des Palestiniens de fonder un Etat indépendant, et s’est soldée par une déclaration de principe en faveur d’une solution à deux Etats sans le moindre engagement de la part d’Israël pour mettre fin à la colonisation.

Les Palestiniens ont une fois de plus compris qu’aucune pression ne sera exercée par la communauté internationale pour en finir avec l’atermoiement israélien. Le sentiment d’impuissance palestinien est exacerbé par un contexte régional instable et tendu avec notamment des crises en Syrie et en Iraq, alors que dans les territoires palestiniens, le statu quo est total. Israël continue à démolir les maisons palestiniennes avec des motifs sécuritaires ou administratifs dans une impunité internationale totale. A cela s’ajoute l’absence de leadership palestinien, avec une direction du Fatah vieillissante et un Hamas isolé et n’offrant pas d’alternative. Dans de telles circonstances et en l’absence de volonté israélienne de relancer la paix, le malaise s’installe et on ne peut s’attendre à rien si ce n’est à davantage de violences.

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