39 représentants d’entreprises américains sont revenus de Washington lundi, après avoir achevé leur mission annuelle «
Door Knock » aux Etats-Unis. Une visite qui semble être fructueuse. Les Américains ont bel et bien des craintes au sujet de l’économie égyptienne, mais la délégation, qui regroupait un panel varié de représentants d’entreprises américaines oeuvrant en Egypte et d’entreprises égyptiennes, a réussi à limiter ces craintes. «
Nous avons eu 90 rencontres au cours des 5 jours de la visite. Nous avons tenu 43 réunions avec les membres du Congrès américain et 10 autres avec les cadres supérieurs du Congrès, ainsi que deux réunions avec la commission de l’agriculture et la commission d’appropriation », raconte Anis Aklimandos, président de la Chambre américaine et chef de la délégation égyptienne aux Etats-Unis. Il explique : «
Nous avons choisi la commission de l’agriculture vu son importance pour l’Egypte. Nous importons la grande majorité de nos céréales des Etats-Unis. Quant à la commission de l’appropriation, elle est responsable des aides extérieures, et a donc une importance vitale pour l’Egypte ». La délégation, reprend le président de la Chambre américaine de commerce, a tenu également des réunions avec des responsables du secrétariat d’Etat au Commerce, à l’Agriculture, ainsi qu’avec des responsables de l’aide américaine (USAID), pour discuter des dossiers économiques. Parmi ceux-ci la demande de réduire de 10,5 à 8,5 % le taux de composants israéliens dans les produits égyptiens prévus dans l’accord du Qiz conclu entre l’Egypte, Israël et les Etats-Unis. «
Et pour la première fois, une flexibilité a été exprimée à cet égard », confie Aklimandos. Des rencontres avec trois institutions financières ont également eu lieu durant la visite, à savoir la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, et la Banque américaine pour l’import-export (Exim Bank).
La Chambre de commerce américaine en Egypte, qui a entamé le 17 avril sa mission annuelle du Door Knock, a bien préparé cette mission, car comme l’affirme Omar Mehanna, président du Conseil des affaires égypto-américain « la mission a cette année une importance spéciale, car elle visait à rapprocher les points de vues sur les dossiers économiques et politiques »
C’est ainsi que les membres de la délégation ont rencontré avant leur départ pour Washington les membres du groupe économique et la ministre de la Coopération internationale, en Egypte, pour être au courant des réformes et des plans économiques et pouvoir les exposer lors de leurs rencontres aux Etats-Unis. « Cette visite a une importance sur le volet politique, car elle tombe quelques mois avant les élections américaines. Quant au volet économique, il était urgent pour répondre aux questions qui inquiétaient le côté américain, notamment le problème des taux de change, le déficit de la balance commerciale, le déficit de la balance de paiement, le taux de chômage et le système fiscal », explique Mehanna. A cet égard, Névine Lotfi, membre de la Chambre de commerce américaine et PDG de la banque ADIB, explique que la délégation égyptienne a essayé de transmettre aux responsables américains un message de confiance, et ce, en leur expliquant que ces indices qui les inquiètent ne reflètent pas la vraie image de l’économie égyptienne. « Nous avons également fait l’éloge du nouveau programme du gouvernement pour les rassurer », dit-elle. Et d’ajouter : « Nous avons partiellement réussi dans notre mission ». Les Américains avaient de multiples interrogations concernant le programme de libéralisation des subventions accordées à l’énergie, le secteur informel, la réforme du système fiscal, l’introduction de la TVA et la stabilisation des taux de change. Le gouvernement avait échoué à présenter aux investisseurs, aux institutions monétaires et aux responsables aux Etats-Unis des solutions concrètes et des dates précises pour régler ces dossiers. Le ministre des Finances, Amr Al-Garhi, l’a franchement dit lors d’une réunion organisée par la chambre à Washington. « La poursuite du plan de libéralisation des subventions accordées à l’énergie ne figure pas sur le plan du gouvernement actuellement », a précisé Al-Garhi, qui n’a pas précisé de date pour la mise en vigueur de la TVA. Il a promis une réforme fiscale et a souligné la nécessité de régler la crise des taux de change mais sans présenter de plans concrets ou de dates précises.
Croissance à la baisse
L’économie égyptienne traîne des pieds depuis la révolution du 25 janvier 2011. Le gouvernement égyptien a révisé à la baisse le taux de croissance à 4 % en 2015-2016, contre 5 % auparavant. Le FMI avait, lui aussi, révisé à la baisse ses prévisions, la semaine dernière, dans le rapport des horizons de l’économie mondiale, lancé en marge des réunions du printemps du FMI, à 3,3 % en 2016, contre 4 % l’année dernière. Pourtant, « l’image n’est pas tout à fait noire », explique le président de la Chambre de commerce américaine, Anis Aklimandos. Il y a un espoir à l’horizon. « Les Américains croient aux opportunités qui existent sur le marché égyptien. En même temps, l’Egypte, pour eux, est la colonne vertébrale du Moyen-Orient qui doit survivre pour protéger l’économie de la région entière », explique-t-il. Car, comme l’a confié Amr Al-Garhi à l’Hebdo, en marge de la réunion de la Chambre américaine de commerce, « les entreprises et les investisseurs américains s’intéressent au marché égyptien. Nous l’avons bien senti au cours de nos rencontres lors des réunions du printemps. Les investisseurs et le gouvernement américains s’intéressent à l’investissement dans les domaines de l’infrastructure, l’industrie et l’immobilier ». Assaad Allam, directeur régional de la Banque mondiale en Egypte, a annoncé, lors d’une rencontre avec la presse, à Washington, que la banque commencera immédiatement à prendre les mesures nécessaires pour procurer les fonds promis au gouvernement égyptien, après l’approbation par le parlement de la déclaration de politique générale du gouvernement. « Nous avons confiance dans le potentiel de croissance de l’Egypte et nous accordons un grand intérêt à prendre part à la relance de l’économie et au développement des ressources humaines en Egypte », dit-il, affirmant que le taux d’exécution des projets s’est amélioré en Egypte. Selon la BM, il est passé de 8 %, en 2012, à 18 % actuellement, s’approchant du taux moyen de la banque qui est de 23 %. A noter que la BM avait consacré 8 milliards de dollars au financement des projets de développement en Egypte, au cours de la période 2015-2019. Pour Chris Jarvis, chef de la mission de l’Egypte auprès du FMI, « l’Egypte est confrontée à de gros défis économiques mais elle pourra les surmonter. Le mot-clé est : adopter les politiques nécessaires ». Le gouvernement réussira-t-il dans sa mission ?.
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