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Chawqi Gharib : J’ai réussi un amalgame entre trois générations

Amr Moheb, Mardi, 12 avril 2016

Le coach d’Entag Al-Harbi, Chawqi Gharib, explique comment il est parvenu à transformer son club, menacé de relégation en deuxième division, en un étalon du Championnat national.

Chawqi Gharib
Chawqi Gharib, coach d’Entag Al-Harbi.

AL-AHRAM HEBDO : Entag Al-Harbi réalise une saison exceptionnelle sous votre houlette. Au lieu de lutter franchement pour éviter d’être reléguée en D2, l’équipe est actuellement 8e du classement et développe un style de jeu propre à elle …

Chawqi Gharib : La bonne performance de cette équipe est le fruit d’une bonne planification née avant le début de la saison. A ma nomination à la tête du staff technique du club, la direction m’a fait entièrement confiance en me donnant carte blanche pour bien préparer l’équipe. Et ce, dans le but de créer un groupe capable de réaliser de bons résultats au championnat cette saison et surtout de ne pas être menacé de relégation en D2.

— Sur quoi s’est donc fondée cette période préparatoire ?

— Tout d’abord, j’ai adopté une stratégie qui consistait à créer une homogénéité entre les joueurs expérimentés, les jeunes et ceux au statut intermédiaire. Alors j’ai recruté des joueurs âgés de plus de 30 ans, sommés par la presse d’arrêter leur carrière de joueur. Il y a notamment Salah Amine, Mohamad Zidan, Mohamad Nagui « Geddo » et Mahmoud Fathallah. Ces trois derniers joueurs sont de grands noms du football égyptien. Des internationaux qui ont remporté au moins une CAN et ont évolué dans de grands clubs. Des joueurs qui n’accepteraient pas l’idée que leur nouveau club soit relégué en D2. J’ai recruté aussi des joueurs au statut intermédiaire qui sont de bon niveau technique mais qui n’étaient pas titulaires avec leurs anciens clubs. Bref, j’ai réussi à créer une sorte d’amalgame entre trois générations de joueurs : les expérimentés, les joueurs au statut intermédiaire et les jeunes joueurs, mais de haut niveau qui jouaient dans de grands clubs, à l’instar de Loäy Waël (Ahli) et Ali Fathi (Moqaouloun).

La suite consistait à résoudre les problèmes individuels de quelques joueurs avec la direction du club pour tarir la moindre tension. Il y avait des joueurs qui prétendaient être blessés pour éviter de jouer parce que leur contrat ne les plaisait pas. J’ai eu à tenir des entretiens avec chaque joueur individuellement pour savoir s’ils avaient des problèmes techniques, financiers, psychologiques, etc. Ce qui m’a permis de résoudre quasiment les problèmes contractuels, financiers, techniques et psychologiques de tous les joueurs.

— Il est dit que vous accordez une grande importance à la préparation psychologique de vos joueurs …

— Oui bien sûr. On ne peut pas gagner avec des joueurs qui ne sont pas motivés ou qui ne sont pas bien concentrés. Il est très important de préparer les joueurs psychologiquement et moralement avant de les aligner dans un match. C’est pourquoi il y a beaucoup de joueurs qui ont accepté d’offrir des grandes sommes d’argent de leurs contrats au club. Quand les joueurs se sont sentis être chez eux dans le club, ils m’ont aidé à recruter d’autres joueurs au début de la saison et pendant le mercato. Par exemple, Mahmoud Fathallah a été au four et au moulin pour convaincre Ahmad Magdi de nous rejoindre. C’est le cas d’Amir Abdel- Hamid (gardien de but) qui a également persuadé Geddo de signer pour nous. En plus, la préparation morale endosse au joueur une responsabilité vis-à-vis de l’équipe. C’est-à-dire qu’ils donnent à fond pour que l’équipe gagne et ils n’ont aucun problème d’être remplaçants, car ce qui compte pour eux c’est d’abord l’intérêt de l’équipe.

L’étape suivante était celle de convaincre la direction du club d’offrir des primes aux joueurs s’ils propulsaient l’équipe à un bon classement lors du championnat. Par exemple, s’ils arrivent à arracher la quatrième place à la fin de la saison, le montant de leurs contrats augmenterait automatiquement de 25 %. Comme vous le savez nous sommes un club militaire. C’est-à-dire qu’il n’y avait pas de primes prévues, les gens travaillaient comme les militaires. Mais l’administration a satisfait ma demande pour adopter un nouveau règlement que j’avais proposé au club pour enthousiasmer davantage les joueurs.

— Ce qui est remarquable cette saison est que les remplaçants ont presque le même niveau des titulaires dans votre formation …

— Tout à fait. Le fait de recruter de bons joueurs au début de la saison nous a donné le privilège d’avoir au moins deux joueurs de bon niveau à chaque poste. Par exemple, nos deux gardiens de but Amir Abdel-Hamid et Amer Amer ont presque le même niveau. En plus de cela, j’ai un staff technique qui regroupe de bons éléments de différentes générations : Abdel-Sattar Sabri, Abdel-Zaher Al-Saqqa, Waël Riyad et Ossama Abdel-Karim. Chacun lègue sa propre expérience à l’équipe. Ils ont tous un traitement spécial. Je ne leur donne pas de consignes à appliquer sur le terrain, mais je leur explique soigneusement ce que je veux exactement et comment l’appliquer, puis je leur donne une grande liberté de discuter et de faire des suggestions techniques.

— Vous avez connu un début de saison difficile marqué par de mauvais résultats, mais par la suite, vous avez réussi à remonter la pente petit à petit …

— Oui, au début de la saison, je ne voulais pas jouer un match ouvert devant mes adversaires, car il n’y avait pas encore d’homogénéité entre les joueurs. C’est pourquoi il y avait une prudence technique lors des matchs. J’avais demandé à chaque joueur de respecter les obligations de son poste. C’est pourquoi notre jeu n’était pas vraiment huilé et on perdait des matchs. Avec le temps, les joueurs se sont adaptés au jeu d’ensemble. Alors j’ai changé mon plan de jeu en 3-4-3, que j’ai appliqué depuis le début de saison, en un 4-2- 4, tout en donnant une certaine liberté aux joueurs de développer le jeu offensif. J’ai appris aux joueurs des tactiques et styles de jeu offensifs et défensifs. Le résultat est que maintenant nous possédons la deuxième meilleure défense du championnat, avec 18 buts à un seul but de différence d’Ahli qui en a encaissé 17. Nous avons battu Zamalek (3-1) et Ismaïli (3-0). Maintenant, j’évolue avec 3 ou 4 joueurs offensifs au milieu du terrain et les équipes adverses doutent de notre style de jeu.

— Quels sont vos objectifs avec l’équipe et personnels ?

— Je souhaite qu’Entag Al-Harbi avance davantage dans le classement. Sur le plan personnel, j’ai reçu des propositions non négligeables de clubs locaux et étrangers. Je suis en train de les étudier pour en choisir une. Je quitterai Entag Al-Harbi à la fin de la saison.

— On se demande pourquoi vous avez réussi avec Entag Al-Harbi et pas avec la sélection égyptienne ...

— Soyons réaliste. La période et les conditions dans lesquelles j’ai été à la tête des Pharaons ne sont pas similaires à celles d’Hector Cuper. Sous ma direction, la sélection avait joué contre le Sénégal et la Tunisie en l’espace de 5 jours seulement ; puis après 25 jours, nous avons joué les deux matchs retours contre les mêmes pays toujours en 5 jours d’intervalles.

Je n’avais pas assez de temps pour une bonne préparation. Même les joueurs blessés n’avaient pas assez de temps pour guérir. Mais la bonne performance de la sélection nationale actuelle est le fruit de mon travail. Mes successeurs ont récolté les fruits de mon travail avec Smouha et avec la sélection nationale. Par exemple en sélection, c’est moi qui ai aligné pour la première fois des joueurs comme Amr Gamal, Koka, Ayman Hefni, Trezeguet et Moëmen Zakariya. Tous ces 5 joueurs sont actuellement titulaires et font d’ailleurs partie des stars de l’équipe en ce moment.

— Par rapport à l’équipe nationale, quelles sont les chances de l’Egypte pour une qualification au Mondial 2018 en Russie ?

— Le problème de l’équipe nationale en ce moment est que la grande part de l’ossature qui a remporté les 3 Coupes d’Afrique des nations consécutives n’y est plus.

Maintenant, c’est une nouvelle génération qui éclôt. Nous sommes en l’an 2 seulement de la construction d’une nouvelle équipe. Pour nous qualifier à une Coupe du monde nous devons battre des équipes redoutables. Si nous sommes aujourd’hui fiers d’avoir parmi nos joueurs Mohamad Salah et Mohamad Al-Nenni, il y a des équipes nationales comme l’Algérie qui possèdent en ce moment 11 joueurs aussi puissants que Salah et Al-Nenni et qui évoluent dans des clubs aussi grands que leurs clubs en Europe, depuis plus de 3 ou 4 ans. Pour se qualifier à un Mondial nous devrons battre des grandes équipes, comme l’Algérie par exemple, le Ghana ou la Côte d’Ivoire. Il faut beaucoup de travail. Il est vrai que ce n’est pas impossible, mais ce n’est pas non plus facile.

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