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La CEN-SAD défie le terrorisme

Fouad Mansour, Mardi, 29 mars 2016

Les ministres de la Défense ou représentants de 27 pays de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CENSAD) ont convenu cette semaine de renforcer la coopération en matière de lutte antiterroriste, lors d'une réunion dans la péninsule égyptienne du Sinaï.

La CEN-SAD défie le terrorisme
(Photos : Mohamad Abdou)

Charm Al-Cheikh,

Les membres de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD) se sont mis d’accord cette semaine pour « un renforcement de la coopération dans la lutte antiterroriste », selon un projet de résolution lu par le ministre égyptien de la Défense, Sedqi Sobhi, à l’issue d’une réunion de deux jours à Charm Al-Cheikh, dans le sud du Sinaï. La résolution, qui sera présentée aux présidents des Etats membres, met l’accent sur un partage des renseignements et l’établissement de patrouilles conjointes aux frontières. Les ministres ont aussi convenu de mettre en place « un centre antiterroriste basé au Caire », a ajouté M. Sobhi. La Déclaration de Charm Al-Cheikh met aussi l’accent sur la nécessité de travailler sur l’assèchement des sources de financement des organisations terroristes à travers la mise en place de mécanismes de coopération et de coordination pour lutter contre la criminalité transfrontalière, en particulier le trafic de drogue, d’armes et d’êtres humains et le blanchiment d’argent. Plusieurs membres de la CEN-SAD sont confrontés aux violences des djihadistes qui ont tué des milliers de personnes dans des attaques dans la région et pris même le contrôle de secteurs dans certains de ces pays, comme en Libye.

Boko Haram est responsable de la mort de plus 10 000 personnes, y compris des femmes et des enfants et le déplacement de centaines de milliers dans des attaques terroristes, notamment au Nigeria, mais aussi au Cameroun, au Tchad et au Niger. En Egypte, les islamistes extrémistes ont tué des centaines de policiers et de soldats dans des attaques au Nord-Sinaï. Idem en Tunisie, ou le groupe Etat Islamique (EI) a fait des centaines de morts. « Le terrorisme ignore les frontières (...) Aucun Etat ne peut s’en prémunir seul, il faut des réponses coordonnées et concertées », avait indiqué jeudi le secrétaire général de la CEN-SAD, le Nigérian Ibrahim Sani Abani, citant notamment Al-Qaëda au Maghreb islamique, les Shebab somaliens, le groupe islamiste extrémiste nigérian Boko Haram et l’EI. La CEN-SAD est une organisation régionale regroupant 28 Etats africains, créée en 1998 à l’initiative du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, tué en 2011 pendant une révolte populaire. Elle a été créée à Tripoli (Libye) à l’issue du sommet réunissant les chefs d’Etat de la Libye, du Mali, du Niger, du Soudan et du Tchad. Le président du Burkina Faso était représenté. L’objectif initial du groupement était d'établir une union économique et assurer la libre circulation des personnes, des capitaux et des intérêts des ressortissants des Etats membres.

Donner un élan

La CEN-SAD défie le terrorisme
(Photos : Mohamad Abdou)

La conférence de Charm a réussi finalement à donner un élan à la CEN-SAD qui souffrait depuis quelques années, surtout après l’instabilité qui règne en Libye, son pays fondateur depuis 2011. Dans leurs réunions bilatérales en marge de la conférence de Charm Al-Cheikh, les participants ont discuté de quatre éléments de base : la prévention de la pensée extrémiste (révision des programmes d’enseignement, la révision des discours religieux, le lancement de programmes de sensibilisation dans les médias) ; la protection de la société (défense des peuples contre les groupes terroristes) ; surveillance (collecte de renseignements et traitement ; coopération entre les agences de renseignement en vue de démanteler les réseaux terroristes) ; et de réadaptation (création de programmes visant à changer les idées des terroristes emprisonnés et la réhabilitation de ceux qui se sont engagés à changer).

Un centre de lutte antiterroriste au Caire

« Cette réunion très réussie a remis finalement le groupement en orbite. Elle a élaboré un plan de travail sécuritaire commun détaillé pour les gouvernements de la région pour combattre notamment le terrorisme et le trafic des armes et de la drogue. Et c’est finalement un plan local des pays africains, et non des grandes puissances qui peuvent parfois avoir des agendas spéciaux, selon leurs propres intérêts, qui a vu le jour », a déclaré à Al-Ahram Hebdo l’ambassadeur Ahmad Abou-Bakr, représentant de l’Egypte à la CEN-SAD. L’adoption de la proposition égyptienne de créer un centre de lutte anti-terroriste au Caire est la décision la plus importante de la conférence, selon Abou-Bakr, car elle permettrait de « mettre en diapason tous les efforts déployés par les pays de cette région, qui souffrent souvent de manque d’informations, de moyens, et surtout de coordination ». Pour encourager ces nouvelles orientations, le président égyptien Abdel-Fattah Al-Sissi a annoncé durant la conférence, l’octroi de 1 000 bourses à des militaires africains pour qu’ils soient formés dans des écoles et des instituts militaires égyptiens. La décision de l’Egypte de former les militaires africains est une démarche pratique sur le terrain, a dit l’assistant du chef d’état-major des forces armées maliennes. Cette décision contribue avec force à unifier la stratégie qui sera adoptée par les armées africaines pour faire face aux dangers, non seulement en ce qui concerne le terrorisme, mais aussi la contrebande d’armes et le trafic de drogue, a-t-il signalé.

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