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Alaa Yassine : Nous travaillons dans une atmosphère de transparence

Dalia Abdel-Salam, Mardi, 01 mars 2016

Alaa Yassine, conseiller du ministre des Ressources hydriques, fait le point sur les négociations avec l'Ethiopie sur le barrage de la Renaissance. Pour lui, l'Egypte se dirige vers une situation de gagnant-gagnant.

Alaa Yassine : Nous travaillons dans une atmosphère de transparence
Alaa Yassine

Al-Ahram Hebdo : Le ministre éthiopien de l’Eau, de l’Irrigation et de l’Electricité a déclaré récemment que le barrage de la Renaissance sera rempli même si l’étude technique menée par les deux cabinets français de consul­tation BRL ingénierie et Artelia, n’est pas achevée. Quel est votre commentaire ?

Alaa Yassine : Il y a une déclara­tion de principe que les présidents égyptien et soudanais et le premier ministre éthiopien ont signée le 23 mars 2015 dans la capitale souda­naise Khartoum. Selon cette décla­ration, et plus précisément la clause numéro 5, l’Ethiopie ne peut pas stocker l’eau dans le barrage qu’après l’achèvement de l’étude hydrique, écologique et socioéco­nomique que les deux cabinets de consultation français doivent accomplir dans un délai de 8 à 11 mois. Plus encore, lors de la réu­nion tenue à Khartoum le 29 décembre dernier et à laquelle les ministres des Affaires étrangères ont participé avec les ministres de l’Irrigation et des Ressources hydriques des 3 pays, l’Egypte a insisté sur le respect de cette clause numéro 5 de la déclaration de prin­cipe. Donc, le remplissage du lac derrière le barrage ne doit pas com­mencer avant l’achèvement de l’étude technique.

— Qu’est-ce que l’Egypte compte faire si les Ethiopiens ne respectent pas la déclaration de principe ?

— Et pourquoi voulez-vous que l’Ethiopie ne respecte pas cette déclaration qu’elle a signée volon­tairement et sans pression ? Nous travaillons dans une atmosphère de confiance mutuelle et de transpa­rence. Il n’est pas question que l’un des trois pays, l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan, nuise aux intérêts des autres. L’Egypte a toujours respecté les droits des pays riverains du Nil au développement, mais sans que cela nuise à sa quote-part historique dans les eaux du fleuve. L’Ethiopie a le droit de faire des projets pour générer de l’électricité et nous ne sommes pas contre cela. Nous vou­lons seulement nous assurer que ce barrage n’a pas d’impact négatif sur nous et ne réduira pas nos res­sources en eau. Nous sommes opti­mistes. Je pense que nous nous dirigeons vers une situation gagnant-gagnant.

— L’étude technique a pris énormément de retard et on a l’impression que les négocia­tions n’avancent pas ...

— C’est vrai, il y a eu un peu de retard dans le choix des deux bureaux de consultation. Mais l’Egypte a choisi depuis le début la voie des négociations. La charte des Nations-Unies exige que tout diffé­rend entre deux pays soit réglé à travers les négociations. Et je crois que jusqu’à présent nous avons réa­lisé nos intérêts communs et atteint un compromis à travers les négocia­tions.

— Mais en construisant ce bar­rage, sans la permission des pays riverains, l’Ethiopie a violé le droit international ....

— Oui bien sûr. La loi internatio­nale exige que les pays riverains d’un même fleuve communiquent entre eux avant d’entamer un projet qui peut avoir un quelconque impact sur l’un de ces pays. Et communi­quer ici ne veut pas dire informer, mais se concerter et discuter avant de prendre une décision finale. Tout cela n’a pas été respecté par l’Ethio­pie qui a commencé les travaux à un moment où l’Egypte était prise par la révolution du 25 janvier 2011.

Alaa Yassine : Nous travaillons dans une atmosphère de transparence
(Photo : Reuters)

— Une réunion sur le barrage de la Renaissance a eu lieu à Khartoum du 7 au 11 février, quel en était l’ordre du jour ?

— Durant cette réunion, les experts des trois pays ont rencontré les représentants des deux bureaux de consultation français BRL et Artelia qui doivent faire l’étude technique sur l’impact du barrage de la Renaissance sur les pays en aval : l’Egypte et le Soudan. Ils ont également examiné l’offre proposée par les deux bureaux et exigé que certains points de l’offre technique soient rendus plus clairs. Ces points ont été discutés avec les représen­tants des bureaux de consultation. En plus, nous avons insisté sur l’im­portance de soutenir l’étude hydrique et socioéconomique afin qu’elle soit menée avec profession­nalisme, et ce, pour répondre aux aspirations des trois pays.

— Avez-vous discuté du contrat que les trois pays doivent signer avec le cabinet d’avocats anglais Corbett & CO ? De quoi ce bureau sera-t-il responsable ?

Corbett & CO est un cabinet très renommé sur le plan mondial dans les grands projets de construc­tion et les contentieux qui y sont liés. Ce bureau représentera les trois pays dans le suivi des mesures financières et administratives. Aucun des trois pays ne payera directement sa part dans les frais des deux bureaux de consultation, c’est donc Corbett & CO qui accomplira cette tâche.

— Quand les contrats avec les deux bureaux de consultation seront-ils signés ?

— En ce moment, nous sommes en train de réviser certains points techniques, et chaque pays révise ses législations et sa Constitution afin de parvenir à une version constitutionnelle du contrat. Chacun des trois pays fera ses remarques et le cabinet Corbett & CO sera res­ponsable de préparer le brouillon du contrat. La date de signature des contrats n’a pas encore été fixée, mais je vous assure que cela aura lieu très prochainement.

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