Le nouveau parlement attend ses députés pour la séance inaugurale le 10 janvier.
Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a annoncé cette semaine les noms des 28 députés nommés au parlement, mettant ainsi fin aux spéculations.
En vertu de la Constitution, le président de la République nomme 5 % des députés du parlement qui compte 596 députés. Alors que l’on attendait Adly Mansour, ancien président intérimaire et président de la Cour suprême constitutionnelle, Amr Moussa, ancien candidat à la présidence, et Ahmad Al-Zend, ministre de la Justice, le président de la République a opté essentiellement pour des technocrates. Les 28 députés ont été choisis parmi 1 600 noms proposés par les syndicats professionnels et les conseils nationaux spécialisés.
« Ces noms ont été minutieusement étudiés, et le choix s’est porté sur de jeunes figures qualifiées pour le travail politique et qui possèdent l’expérience nécessaire dans les domaines économique, culturel, religieux et social », a indiqué la présidence. 14 femmes figurent sur cette liste, et ce, conformément à la Constitution qui exige que la femme représente 50 % des députés nommés par le chef de l’Etat et les coptes 10 %. Parmi les députés nommés, on compte des juristes comme le conseiller Serry Séyam, président de la Cour de cassation et ancien président du Haut Conseil de la justice, le conseiller Hassan Bassiouni, président du comité des législations économiques au Haut Comité de la réforme législative.
Un avocat non-voyant de 43 ans a été aussi nommé comme représentant des handicapés au sein du nouveau parlement. Outre les juristes, la liste comprend 9 académiciens dont Hussein Eissa, président de l’Université de Aïn-Chams, Hala Sultan, professeure à la faculté d’économie et de sciences politiques à l’Université du Caire, et Mohga Ghaleb, professeure de charia à l’Université d’Al-Azhar. Il y a aussi deux écrivains, Youssef Al-Qaïd et Lamis Gaber. Seuls deux représentants des partis politiques ont été nommés.
Il s’agit de Sayed Abdel-Al, président du parti du Rassemblement (gauche), qui n’a obtenu qu’un seul siège aux élections, et Bahaa Abou-Chéqqa, secrétaire général du parti libéral du Néo-Wafd. Enfin, la liste comprend des noms telles Rania Elwani, ancienne championne de natation, et Caroline Maher, 29 ans, championne du monde de taekwondo en 2008, plus jeune députée nommée.
Un choix « équilibré »
La nomination, par le président de la République, d’un certain nombre de députés, vise à réaliser un rééquilibrage au sein du parlement de manière à ce que certaines catégories y soient représentées. Rami Mohsen, directeur du Centre national des consultations parlementaires, considère comme « équilibrée » la liste des députés nommés par le président Sissi. « Comparée aux nominations à l’époque de Moubarak, cette liste me paraît positive.
Le choix des députés est loin de toute complaisance politique et il n’y a aucune figure parmi ces députés qui ait appartenu à l’ancien régime ou même au pouvoir actuel. Il n’y a aucune personnalité proche du président, et l’affiliation politique n’a pas été un critère pour le choix des députés », indique Mohsen. Et d’ajouter : « La nomination de 4 juristes révèle la priorité accordée au dossier législatif et la présence d’un député spécialisé dans les affaires africaines augure de la création d’un comité au sein du parlement s’occupant de ce dossier.
La présence aussi de deux experts en économie et des experts en législations économiques va contribuer à une meilleure gestion des dépenses du parlement, et aussi à l’étude approfondie des législations économiques ». Il critique cependant le nombre peu élevé de jeunes. « Les jeunes qui n’ont pas pu disputer les élections faute de moyens auraient dû être une priorité. Mais sur les 28 députés, 15 ont 60 ans et plus », explique Mohsen.
Absence de l’opposition
Georges Ishaq, membre du Conseil national des droits de l’homme et fondateur du mouvement Kéfaya, qui a lancé la contestation contre le régime de Moubarak, fustige l’absence de l’opposition au sein de cette liste de députés. Il dénonce aussi la nomination de personnes hostiles à la révolution du 25 janvier. « Il aurait fallu nommer des cadres politiques plutôt que des technocrates, car les élections législatives ont vu la victoire de beaucoup de personnes sans étiquette politique.
Pourquoi les partisans de la révolution du 25 janvier ne figurent-ils pas sur cette liste, surtout qu’ils ne trouvent pas le moyen de concrétiser leurs revendications. Ne suffit-il pas que, en raison de la loi électorale, les élections aient été dominées par l’argent politique, et cela a ouvert la porte au retour des figures du régime de Moubarak et des réseaux d’intérêts des hommes d’affaires ? Le choix de nommer des technocrates sans couleurs politiques est à mon avis négatif », regrette Ishaq. Selon lui, les partis de gauche et les partisans de la révolution du 25 janvier, faiblement représentés au parlement, auraient dû figurer en tête de cette liste de députés. Le chef de l’Etat a appelé le nouveau Conseil des députés à se réunir le 10 janvier 2016.
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