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RCA: Place à la nomination des ministres

Sabah Sabet avec agences, Mardi, 15 janvier 2013

Avec l’accord de sortie de crise signé cette semaine à Libreville, l’opposition centrafricaine a désigné à l’unanimité l’opposant et avocat Nicolas Tiangaye comme premier ministre du prochain gouvernement d’union nationale.

« Nous avons choisi M. Tiangaye à l’unanimité. Nous sommes tous unis derrière lui ». C’est ce qu’a confirmé Martin Ziguélé, un des principaux opposants, lors de la publication du choix du nouveau premier ministre. « J’ai été désigné à l’unanimité par mes pairs. Nous avons envoyé le courrier avec mon nom au président de la République (François Bozizé) samedi … et nous attendons donc ma nomination », a affirmé Tiangaye. Pour sa part, l’actuel premier ministre, Faustin Archange Touadera, a été démis de ses fonctions samedi. Selon Josué Binoua, ministre de l’Administration territoriale du gouvernement, démis aussi samedi, le président a reçu la proposition de l’opposition démocratique « mais il y a deux oppositions. Il y a aussi l’opposition des rebelles (du Séléka). Et le président attend un écrit de leur part pour connaître leur proposition et ensuite soumettre tout cela au comité de suivi, présidé par le chef d’Etat congolais, Denis Sassou Nguesso », a ajouté Binoua.

En outre, de sources proches, l’alliance rebelle Séléka, qui a entamé son offensive le 10 décembre et provoqué le bouleversement politique à venir dans le pays, réclame le poste de la Défense, et certaines composantes du mouvement qui a souvent montré des dissensions internes, remettent même en cause l’accord de paix.

En effet, la future nomination du premier ministre, qui doit être suivie par la formation d’un gouvernement d’union nationale, est la première étape politique prévue par l’accord de sortie de crise signé vendredi à Libreville entre le pouvoir, la rébellion du Séléka et l’opposition démocratique, après 3 jours de difficiles négociations, et un mois d’affrontements armés. Le texte prévoit aussi que François Bozizé reste en place jusqu’à la fin de son mandat en 2016, mais qu’il ne pourra pas révoquer le nouveau premier ministre pendant la période de transition de 12 mois. Toutefois, le président centrafricain, arrivé par les armes au pouvoir en 2003, ne veut pas être accusé d’irrespect des accords de Libreville. L’offensive de la coalition rebelle l’a forcé à accepter les négociations et à approuver toutes ses conditions. Le Séléka a réalisé une victoire qui lui avait permis de s’emparer de la majeure partie du pays, après avoir balayé l’armée régulière.

« Grande cuisine »

En outre, Tiangaye, une fois nommé, aura la difficile tâche de former un gouvernement où devront figurer à la fois des membres de l’opposition et du pouvoir mais aussi de la rébellion Séléka, ainsi que d’ex-rebelles ayant signé des accords de paix auparavant et de la société civile. « La grande cuisine va commencer. Chacun va essayer d’avoir le plus de postes possibles », a commenté un membre de l’opposition sous couvert de l’anonymat.

« Il ne faut pas que ce soit purement politique. Etant donné la tâche à accomplir, il faut un gouvernement qui soit composé de toutes les parties, mais aussi un niveau technique de compétence et de gens intègres », a souligné l’ambassadeur de l’Union européenne, Guy Samzun. Selon un observateur, une lutte d’influence va avoir lieu : « Bozizé va tout faire pour savonner la planche au gouvernement. Actuellement, il est dans un creux mais c’est un battant et il va se reprendre. C’est un roublard et il sait mettre en place des stratégies ».

Par ailleurs, Tiangaye s’est rendu célèbre en défendant l’ex-empereur Bokassa en 1986-1987, en plaidant au Tribunal pénal international pour le Rwanda, mais aussi en se défendant lui-même en 1991 lors du procès intenté contre lui par le régime du président André Kolingba.

Ancien président de la Ligue centrafricaine des droits de l’homme, il a été président du Conseil National de Transition (CNT, Parlement de transition) en 2003 après la prise de pouvoir de Bozizé et a surtout été l’un des principaux rédacteurs de la Constitution adoptée en 2004. Il est porte-parole du Front pour l’annulation et la reprise des élections.

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