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Abdine, nouvelle icône de la boxe

Doaa Badr, Lundi, 26 octobre 2015

En décrochant la médaille de bronze aux Mondiaux de boxe et un ticket pour les prochaines olympiades de 2016, Hossam Abdine devient la star de la boxe égyptienne. Portrait.

Hossam Abdine
Hossam Abdine, star de la boxe égyptienne. (Photo : Facebook de l'athlète)

La ville de Port-Saïd est inondée d’affiches portant la photo du champion Hossam Bakr Abdine. Il vient de remporter une médaille de bronze en 75 kg aux Championnats du monde de boxe, qui se sont ache­vés il y a une semaine au Qatar. Il vient aussi de se qualifier pour les Jeux olympiques de Rio de Janeiro 2016 en terminant à la 3e place. C’est ainsi la 4e médaille réalisée aux Mondiaux dans l’histoire de la boxe égyptienne, après celles de Moustapha Al-Qeleili qui a remporté deux médailles dans les années 1980 et une médaille de bronze, obtenue par Mohamad Heikal aux Mondiaux de 2005. « Je suis très heureux, je n’arrive même pas à décrire mes sentiments. En revenant en Egypte, c’était la jubilation : à ma sortie de l’avion, le président de la Fédération égyptienne, Abdel-Aziz Ghoneim, est venu m’accueillir. Puis à la sortie de l’aéroport, une foule immense est venue célébrer ma prouesse en musique. Ma femme et mes enfants étaient à mon accueil aussi. Je suis arrivé à Port-Saïd dans un défilé de plusieurs bus », déclare Hossam Abdine, en ajoutant : « En rentrant chez moi, mon immeuble était bien différente : la façade était couverte d’une photo immense de moi. J’étais très ému ».

Abdine a ajouté à la médaille un ticket olympique après avoir rem­porté le match de classement pour la 3e place contre l’Irlandais Michael Oreilly. « La qualification olym­pique à travers les Mondiaux est très difficile. Seuls les meilleurs boxeurs au monde sont capables de la réali­ser. La performance de Abdine aux Mondiaux est un exploit incroyable, et en remportant une médaille aux Mondiaux, il devient l’un des candi­dats pour une médaille olympique », souligne Abdel-Aziz Ghoneim, pré­sident de la Fédération égyptienne.

Le champion d’Afrique en titre, Hossam Bakr Abdine, a réalisé cet exploit grâce à deux aspects. D’abord dès l’arrivée de Abdel- Aziz Ghoneim à la tête de la Fédération égyptienne, Abdine a commencé une bonne préparation avec de nombreux stages à l’étran­ger et des participations à des tour­nois internationaux, sous la houlette du directeur technique égyptien Saïd Hassan et l’entraîneur cubain Ulze. Ensuite, l’année dernière, Abdine a été choisi par la Fédération internationale de boxe pour disputer la Ligue professionnelle de boxe (APB), puisqu’il avait un bon clas­sement mondial. Ainsi, il a disputé plusieurs matchs dans le cadre de la Ligue professionnelle de boxe (APB), fondée par la Fédération internationale de boxe amateur (AIBA) en 2010. Elle permet aux boxeurs de disputer des matchs pro­fessionnels en contrepartie d’argent, tout en leur offrant la possibilité de disputer les compétitions de l’AIBA comme les Mondiaux et les JO. Ainsi, le meilleur boxeur égyptien a réalisé d’excellents résultats. Grâce aussi à son talent extraordinaire, sa vitesse, sa force et sa grande expé­rience, le boxeur olympique, Hossam Abdine, a pu occuper la 7e place au classement de l’APB. « Il y a un an, la Fédération internatio­nale de boxe a signé avec moi un contrat pour participer à la Ligue professionnelle. Selon ce contrat, je dois disputer un match tous les deux mois. Et grâce à ce grand nombre de matchs mon niveau s’est nette­ment amélioré sur le plan tech­nique, physique et j’ai acquis une expérience. En plus, je me suis habitué à jouer au milieu d’un grand public. Pour moi, le public est indispensable. Il me stimule davantage même s’il ne me soutient pas complètement », confie Abdine.

Un peu par hasard

Ce champion d’Afrique est venu à cette discipline un peu par hasard. « En 1995, ma mère, qui était fonc­tionnaire au ministère de la Jeunesse et du Sport à Port-Saïd, a appris que le centre des athlètes talentueux était à la recherche de garçons nés en 1985 ou 1986. Donc, je me suis pré­senté à ce centre. Après avoir effec­tué des tests, le centre m’a retenu, mais moi je ne savais pas que je m’orienterais alors vers la boxe », raconte le jeune homme. Il ajoute avoir pratiqué le football auparavant.

En pratiquant la boxe, il se distin­gue vite dès ses débuts en rempor­tant toutes les compétitions de son âge. En 2000, il intègre le club de Port-Saïd. Un an plus tard, il rejoint la sélection junior et dispute les Mondiaux juniors en 2002. Puis en 2004, il termine 5e des Mondiaux juniors et en 2006, remporte la cein­ture d’or. En 2008, dans sa meilleure forme, il termine 5e aux JO de Beijing. Après cet exploit, le conseil d’administration de la Fédération égyptienne change. Et une mauvaise passe commence pour lui. « Le pré­sident de la fédération de l’époque, Waguih Farag, n’était pas convain­cu de mes capacités. Ainsi, il m’a négligé », se souvient-il.

En 2011, il décide de partir aux Etats-Unis pour s’entraîner et entraî­ner en même temps. Mais grâce à l’intervention de Abdel-Aziz Ghoneim, responsable de la sélec­tion nationale à l’époque, Abdine revient en Egypte. Et une déconve­nue arrive : en mars 2012, alors qu’il est avec la sélection nationale en camp de préparation en Ukraine, il attrape une hépatite A. En Egypte, il se retrouve hospitalisé et doit subir 8 mois de convalescence. « Je me sou­viens que le président de la fédéra­tion à l’époque m’a laissé tout seul ; en sortant de l’hôpital, j’ai dû prendre le bus avec ma femme. Personne de la fédération n’était là pour me soutenir », se souvient-il, en ajoutant : « Mais j’ai quand même décidé de reprendre le jeu. Au début, j’étais en sélection B, mais avec le temps, j’ai retrouvé mon niveau et ma place au sein de la sélection nationale. Les choses ont commencé à s’améliorer pour moi ».

Aujourd’hui, Abdine est le héros de la boxe égyptienne. Et les fans de cette discipline rêvent de revivre les anciens exploits de cette discipline lorsque les Pharaons avaient décro­ché 3 médailles olympiques aux JO d’Athènes 2004. Ainsi, Abdine com­mence sa préparation pour les JO avec la ferme intention de monter sur le podium olympique, malgré l’instabilité de sa situation finan­cière. « Je suis un boxeur profession­nel. Je me donne à 100 % à l’entraî­nement, donc je n’ai pas d’autre activité. J’aimerais que les respon­sables égyptiens prennent cela en compte », conclut-il.

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