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L’actrice et la pornographie

Najet Belhatem, Lundi, 12 octobre 2015

Une confirmation d’un verdict de 5 ans de prison pour atteinte à la religion, une actrice dans le collimateur à cause de propos sur la pornographie et des fonctionnaires, qui ont volé un milliard à l’Etat, condamnés à 5 000 L.E. d’amende.

La cour du Vieux-Caire a rejeté le recours du chercheur Islam Béheiri concernant un verdict en première instance qui l’avait condamné à cinq ans de prison ferme pour atteinte à la reli­gion. La cour a émis cette décision après 10 heures de délibérations.

Béheiri animait une émission de télévision sur des questions de religion, notamment sur le rapport à la charia et aux imams des 4 grandes écoles théologiques. Ses avis tranchés sur la nécessité de réformer le discours religieux et de réviser les écrits de ces imams a soulevé un tollé au sein de l’institution d’Al-Azhar qui a, par l’intermédiaire d’un avocat, déposé plainte en mai dernier auprès du Parquet général, accu­sant Béheiri de propager « des idées déviantes qui touchent aux fondements de la religion et de porter atteinte au patrimoine religieux ».

L’avocat de Béheiri a déclaré qu’il allait faire appel de la décision du rejet du recours. Le site d’informations Yanair rapporte la réaction de Béheiri à cette décision qui confirme le premier verdict : « Le juge s’est précipité dans son ver­dict et n’a pas donné à la défense le temps de faire sa plaidoirie ». Yanair ajoute que l’accusé et son avocat étaient absents lors de la séance.

Mais ce n’est pas lui qui a été la vedette de la semaine. L’actrice Intissar, qui anime elle aussi une émission sur la chaîne Al-Qahira Wal Nass, a été la star, malgré elle, des médias et des réseaux sociaux après des propos sur les films pornographiques. Lors d’un débat dans son émission sur la question d’interdire ou non les sites pornographiques, Intissar a affirmé que les jeunes regardent les films porno faute de mieux. La phrase a eu l’effet d’une bombe, et l’actrice a été accusée de promouvoir la porno­graphie.

« Twitter s’est enflammé avec le hashtag bil raha Intissar (tout doux Intissar) avec des cri­tiques contre ses propos que les lecteurs ont considéré comme un encouragement à la débauche morale dans la société égyptienne conservatrice », écrit Al-Youm Al-Sabie. Le deuxième acte de la pièce ne s’est pas fait attendre. Plusieurs plaintes ont été déposées contre elle et l’affaire a été introduite en justice. « Intissar comparaîtra devant la justice le 10 novembre prochain. Les avocats ont basé leur plainte sur l’article 269 du code pénal qui punit celui qui incite à la propagation de la débauche au sein de la société », rapporte la presse.

« Le législateur devrait durcir cette peine qui ne prévoit qu’un mois de prison. Un mois ne suffit pas pour empêcher ce genre de propos qui requiert une vigilance du législateur avec des peines plus dures », lit-on dans Al-Youm Al-Sabie.

La guerre des moeurs est lancée
La célèbre auteure et journaliste Sékina Fouad se lamente, elle aussi, de l’indulgence du législateur, mais sur un tout autre terrain, celui de la corruption. « Comment trois res­ponsables peuvent-ils s’octroyer des primes de l’ordre d’un milliard de L.E. en un an pour 60 réunions », a rapporté le journal Al-Dostour le 8 octobre. Cet argent a été puisé dans la caisse des Retraites, alors que les retraités sont toujours privés de leurs droits. « L’argent de cette caisse et de celle des Assurances a fait l’objet de toutes les violations, mais personne n’a réagi. Le respectable président de l’Union des caisses de Retraites, Badri Farghali, a demandé au ministre de la Justice d’ouvrir des enquêtes sur le sort de 585 milliards de L.E. disparus. Mais la corruption ne cessera pas tant que les lois lui offrent une telle pro­tection. Car les 3 fonctionnaires n’ont écopé que d’une amende de 5 000 L.E. chacun. Le juge s’est dit désolé du verdict, car il ne peut faire autrement : il est forcé par la législation à émettre des peines dérisoires ». Ce n’était toutefois pas le cas du juge qui a condamné Béheiri à 5 ans de prison pour atteinte à la religion …

Et pour finir cette information du quotidien Al-Ahram : « L’Université canadienne d’Al-Ahram a tenu une conférence islamo-chré­tienne pour faire face à l’athéisme avec la participation du docteur Salem Abdel-Guélil, premier vice-ministre des Waqfs (biens reli­gieux), et du Dr Maher Samuel, conférencier à la faculté de théologique anglicane ». Parfois, l’information se passe de commentaire ! l

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