Les soldats du Séleka se sont emparés de plusieurs villes stratégiques comme Bria au centre et Bambari au centre sud.
Séleka signifie « Alliance » en sango, langue officielle de la République centrafricaine avec le français. Cette organisation rebelle est composite.
Elle s’est formée à partir de factions diverses en 2006, notamment l’Union des Forces Démocratiques pour le Rassemblement (UFDR) dirigée par Michel Am Nondokro Djotodia, la Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP) et le Front Démocratique du Peuple Centrafricain (FDPC) d’Abdoulaye Miskine. Ce mouvement, qui bénéficie d’un armement conséquent, est dirigé par plusieurs personnes sans que l’on sache véritablement qui est présent ou non en ce moment sur le terrain. Certains noms circulent, comme celui de Michel Djotodia. Ce chef, qui semble compter au sein de Séleka, est un ancien diplomate et fondateur de l’UFDR. Les noms du porte-parole du mouvement, Djouma Narkoyo, ou de Eric Massi, le fils de Charles Massi, ministre du président Bozizé ayant fait défection et qui a été tué, circulent aussi. Mais aucun n’est vraiment connu sur la scène politique centrafricaine. Ce sont des personnalités restées à l’écart du pouvoir central, qu’on imagine mal s’installer dans la capitale dont ils ne connaissent pas les élites.
Renverser le régime
Les objectifs de Séleka sont multiples. Le premier but semble le renversement du gouvernement de l’actuel président, qui reste divisé. Le porte-parole du Séleka en France, Jean- Paul Bagaza, affirme que la coalition souhaite « simplement que le président Bozizé respecte les accords signés à Libreville en 2007. Il y avait deux points essentiels : le désarmement et l’insertion dans l’armée centrafricaine de tous les anciens belligérants ». Pour Roland Marchal, spécialiste de l’Afrique subsaharienne au Centre des Etudes et de Recherche Internationales (CERI) de Sciences- Po Paris, « ce mouvement n’en profite en tous cas ni pour piller les civils, ni pour faire des exactions comme nous avons l’habitude de le voir ». Du point de vue militaire, le mouvement est très efficace et gagnepresque toujours ses batailles, les Forces centrafricaines (Faca) se repliant sans combattre, notamment parce qu’elles sont sous-équipées et mal organisées.
Victoires militaires à Bria et Bambari
En deux semaines, le mouvement est parvenu à s’emparer de villes stratégiques, comme Bria, ville diamantaire du centre, ou encore Bambari, ville aurifère du centre-sud, et il est actuellement très proche de Bangui, la capitale. Par effet d’entraînement, le mouvement a été rallié par des groupes marginaux et une partie de la garde présidentielle composée de Tchadiens postés dans la zone frontalière et ayant longtemps vécu en Centrafrique. Ceux-ci avaient participé à la prise du pouvoir par Bozizé pour être ensuite renvoyés fin 2011, à cause de problèmes de défection. Malgré les victoires du Séleka, Marchal estime que l’alliance ne tiendra pas longtemps, les intérêts des groupes la constituant étant incompatibles sur des sujets essentiels comme la gestion économique du pays, l’accès aux fonctions politiques et l’exploitation des ressources
naturelles. C’est probablement l’une des raisons pour lesquelles le Séleka n’est pas pressé de participer aux négociations, lors desquelles son
unité pourrait vite voler en éclats.
Lien court: