Avec la découverte de 30 trillions de pieds cube en Méditerranée, l’Egypte recueillera des milliards de dollars. Quel sera l’impact géostratégique de cette découverte ? Autrement dit, comment cela changera-t-il les relations avec le Golfe, et en particulier l’Arabie saoudite ? « L’autosuffisance énergétique permettra une liberté dans les décisions du Caire et ses choix dans beaucoup de dossiers, surtout la situation en Syrie, la nature des relations avec la Turquie, et avec l’Iran » estime l’analyste spécialiste des relations internationales Mohamad Mohsen Aboul-Nour. Il ajoute que cela se ressentira 5 années après le début de l’exploitation du gisement gazier, le temps que les revenus se concrétisent.
Les plus grands champs gaziers au monde
Même son de cloche chez Mokhtar Ghobachi, directeur du Centre des études politiques et stratégiques du Golfe. Il explique que lorsqu’une autosuffisance est constatée, que ce soit en gaz, pétrole ou même en blé, le pays est en mesure de conserver son indépendance de décision. Il donne un exemple : « Le projet de force arabe commune est suspendu par les pays qui ont l’argent ».
Cette vision d’un impact politique puissant grâce à la découverte de réserves gazières est toutefois rejetée par une perception plus multilatérale des relations entre l’Egypte et le Golfe. Moustapha Kamel Al-Sayed, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, explique que les informations à propos des réserves de gaz « ne sont pas complètes quant à la dimension de la production prévue et la durée de couverture des besoins de l’Egypte ». Et de poursuivre : « Les réserves satisferont les besoins égyptiens pour les centrales électriques, dans l’offre de gaz aux gouvernorats et aux industries, mais on ne parle pas encore d’exportation ».
En effet, le porte-parole du ministère du pétrole Hamdi Abdel-Aziz a déclaré que la toute nouvelle découverte mènera à une autosuffisance des besoins égyptiens pendant au moins 5 ans. Tandis qu’ENI a précisé que les besoins de l’Egypte seront satisfaits pour des décennies. Mais l’Egypte a toujours besoin du pétrole du Golfe, de ses investissements et aides, selon Al-Sayed. Pour lui, « l’Egypte n’est pas soumise au Golfe, les deux parties ont plutôt des intérêts communs en dépit des différends sur la Syrie et le Yémen ». Les deux perçoivent l’Iran comme une menace, partagent la même position envers l’extrémisme islamiste, notamment Daech, et sont des alliés des Etats-Unis.
Ainsi, même si le gaz devient une carte utilisable lors de négociations politiques concernant les questions régionales, il est peu probable que l’Egypte prenne ses distances avec les pays du Golfe.
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