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Le Moyen-Orient au coeur de la diplomatie Russe

Samar Al-Gamal, Vendredi, 28 août 2015

Moscou accorde un intérêt croissant au Moyen-Orient. Souvent opposée aux positions américaines, la Russie multiplie les relations bilatérales avec les acteurs majeurs de la région.

Le Moyen-Orient au coeur
La Russie veut jouer un rôle au Moyen-Orient face aux menaces djihadistes. (Photos : AP)

Les changements au Moyen-Orient sont autant de menaces pour la Russie, mais semblent offrir à ce géant de nouvelles possibilités de retour après un retrait lié à sa défaite en Afghanistan à la fin des années 1980. Dans sa nouvelle politique proche-orientale, Moscou dit se baser sur « une réputation plutôt bonne et une histoire qui n’est pas marquée par la colonisation ou l’intervention dans les affaires intérieures des pays de la région, contrairement à l’Occident », estime Nadim Zuaui, président du Bureau régional de l’agence de presse russe Rossiya Segodnya.

Moscou, qui maintient des liens étroits avec son ancien allié syrien, voit cependant la Turquie comme un partenaire-clé dans la région. La Russie s’engage aussi dans une coopération avec l’Iran, rétablit des liens avec l’Egypte et favorise les échanges avec les pays du Golfe.

L’énergie est un point central de cette politique russe. La chute du prix du pétrole a poussé la Russie à resserrer ses liens avec certains pays dominants du cartel comme l’Arabie saoudite, alors qu’ils divergent largement sur la question syrienne. Un accord de partenariat sans précédent entre le Fonds russe direct pour l’investissement et le Fonds d’investissement public saoudien est entré en vigueur : les Saoudiens entendent investir 10 milliards de dollars dans des projets en Russie. « La Russie et le Royaume saoudien sont les deux plus importants exportateurs de pétrole. Ainsi, les domaines de coopération sont vastes. Des investisseurs des pays du Golfe comme l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït et les Emirats arabes unis investissent désormais en Russie, et c’est tout à fait nouveau. Il y a un rapprochement notable entre ces pays et la Russie, rapprochement qui n’existait pas il y a 5 ans », explique Zuaui (lire Entretien p. 5).

La Russie veut également faire face aux menaces des groupes terroristes. Les turbulences politiques continues dans le monde arabo-musulman, avec des idées radicales et des militants qui se croisent dans le nord du Caucase, préoccupent les responsables russes qui voient aussi d’un mauvais oeil « le Printemps arabe » qui renverse ses anciens alliés, dont Bachar Al-Assad est le dernier survivant.

C’est dans ce contexte qu’il faudrait peut-être percevoir le rapprochement égypto-russe. « La Russie perçoit l’Egypte comme un partenaire sécuritaire nécessaire au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Le Caire est un élément-clé dans le sens où Moscou a besoin d’un accès à la sécurité maritime à travers le Canal de Suez, mais aussi d’une porte vers d’autres pays africains. Il est aussi important de noter que Moscou, comme Le Caire, soutient le gouvernement libyen de Tobrouk plutôt que les factions islamistes de Tripoli », estime Theodore Karasik, analyste géopolitique basé aux Emirats arabes unis.

Mais l’approche régionale de Moscou trouve aussi son ancrage dans la crainte d’une présence militaire américaine accrue dans la région. Le Moyen-Orient ne cesse, en effet, d’être un dossier central dans les relations russo-américaines.

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