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L'Iran, un acteur parmi tant d'autres

Dimanche, 16 août 2015

Depuis la signature de l’accord international relatif au programme nucléaire iranien, de nombreux observateurs ont avancé que le climat régional était désormais propice à de grands règlements dans la région avec en tête le règlement de la crise syrienne puis de la crise yéménite. Ce qui permettra de s’attaquer par la suite à la lutte contre le terrorisme et ses organisations. Selon ces observateurs, l’Iran aurait acquis une grande confiance en lui-même lui permettant de devenir un élément positif dans les affaires de la région. Ils se basent sur le fait que l’Iran a avancé une initiative basée sur quatre clauses : imposer le cessez-le-feu, former un gouvernement d’unité nationale, rédiger la Constitution de sorte à protéger les minorités et organiser des élections sous une supervision internationale. Parmi les optimistes figurent des observateurs libanais qui estiment que les éventuelles évolutions dans le dossier syrien mèneront spontanément à une certaine entente libanaise, notamment en ce qui concerne le dossier présidentiel institutionnellement gelé. En effet, on craint fort que ce gel présidentiel et ses répercussions sur le parlement suspendu et le gouvernement disloqué ne placent l’Etat libanais au bord de l’effondrement effectif.

Le discours sur de grands règlements politiques dans la région ne s’est pas interrompu au cours des cinq dernières années. Mais une question s’impose : Les volontés de l’Iran et ses tentatives d’intervenir dans le dossier syrien, puis dans d’autres dossiers, sont-elles suffisantes ? L’importance de cette question émane du fait que sa réponse dévoile que les crises de la région constituent des dossiers compliqués et enchevêtrés où agissent plus d’un acteur régional ou international. Par conséquent, les changements de positions ou de politiques de l’un de ces acteurs ne peut mener au changement de la nature de la crise vers un éclaircissement important.

Par ailleurs, la situation syrienne précisément connaît des changements quasi quotidiens entre défaite et victoire, entre recul et avancée. Ceci n’est pas valable seulement pour l’armée syrienne officielle, mais aussi pour les autres belligérants sur la scène syrienne, qu’il s’agisse des parties qui soutiennent le régime comme le Hezbollah ou celles qui s’y opposent comme le Front Al-Nosra et ses alliés. Sans oublier Daech qui combat les deux parties à la fois et qui joue pour son compte contre tous. Si nous supposons que toutes les parties syriennes acceptent de s’embarquer sur la voie d’une solution pacifique acceptable pour toutes les forces régionales en relation avec la situation syrienne, comment sera-t-il possible de faire avec le refus de Daech ?

La conception d’un règlement pacifique de la crise syrienne ne s’est pas encore cristallisée. Le problème d’Assad existe toujours. On ne sait pas encore s’il reste au pouvoir pour toujours ou pour un certain temps, et sous quelles conditions, s’il quitte le pays et vers où. Et s’il sera possible de procéder à la reconstruction du régime syrien avec Assad comme président, sachant que celui-ci est soutenu par des services de renseignements connus pour leur cruauté et leurs violations des droits de l’homme.

La conjoncture en Syrie nécessite encore plus de temps, de consultations, de nouvelles coalitions, et avant tout, de grands changements dans le comportement de l’Iran afin de gagner la confiance des principaux pays arabes comme l’Egypte, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, la Jordanie et autres. Sans oublier la Turquie, un pays noyé dans ses illusions. Jusqu’à ce que tout ceci se réalise, le Liban n’a qu’à compter sur lui-même pour entamer des règlements qui protègent l’Etat et ses institutions. Quant à la Syrie, elle continuera à souffrir et à perdre davantage de martyrs ... en attentant .

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