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Iran: Téhéran manoeuvre dans le détroit d'Ormuz

Maha Al-Cherbini, Lundi, 31 décembre 2012

Les grandes manoeuvres maritimes iraniennes dans le détroit d’Ormuz viennent de prendre fin, alors que le pays souffre de plus en plus de son isolement économique. Des négociations sont prévues le 16 janvier avec l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA).

Iran
Les manoeuvres iraniennes inquiètent les Occidentaux qui craignent une fermeture du détroit d'Ormuz.

Faut-il voir un lien entre les récentes manoeuvres militaires iraniennes et les négociations sur le nucléaire ? Dans une nouvelle démonstration de force, Téhéran a, en effet, procédé à de nouveaux exercices pour démontrer ses capacités navales. Alors que les Gardiens de la révolution viennent d’achever leurs exercices navals dans le Golfe persique, la marine iranienne a entamé d’autres manoeuvres beaucoup plus importantes vendredi 28 décembre pour une période de 6 jours. Ces exercices, qui viennent de prendre fin, se sont déroulés dans le détroit d’Ormuz, par où transite le tiers du trafic pétrolier.
Baptisées « Velayat 91 », ces manoeuvres se déroulent dans les eaux territoriales iraniennes entre Asalouyeh, près du port de Bouchehr (sud), et South Pars, un champ gazier géant partagé avec le Qatar. Cet exercice s’est déroulé sur une superficie d’un million de kilomètres carrés couvrant le détroit d’Ormuz, le golfe d’Oman et les parties nord de l’océan Indien.
Des sous-marins et des bâtiments de guerre ont notamment pris part à ces manoeuvres, qui sont l’occasion pour la marine de « tester des systèmes de missiles et de défense, ainsi que des méthodes de patrouille et de reconnaissance », a expliqué le commandant des forces navales, l’amiral Habibollah Sayari. « Nous respecterons les frontières maritimes de nos voisins et conduirons les manoeuvres selon les lois internationales », a-t-il ajouté.

Pas de menaces immédiates

L’Iran organise régulièrement des exercices militaires pour mettre en valeur ses capacités militaires. La marine iranienne, forte de 17 000 hommes, est responsable des opérations en mer d’Oman, à l’est du détroit d’Ormuz et jusque dans le golfe d’Aden. Ses forces de haute mer sont limitées à une demi-douzaine de petites frégates et de destroyers pour la plupart anciens, et à trois sous-marins russes de classe « Kilo » de 3 000 tonnes.
Malgré la faiblesse de la marine iranienne, ces récentes manoeuvres ont inquiété l’Occident car l’Iran a menacé à plusieurs reprises de bloquer le détroit d’Ormuz qui concentre 40 % du trafic maritime pétrolier mondial.
S’il était attaqué ou si ses intérêts vitaux étaient en jeu, l’Iran affirme qu’il couperait ce détroit à la circulation maritime. Téhéran a tant menacé de s’en prendre à des cibles israéliennes et américaines dans la région si le pays était attaqué.
Mais l’Iran a tenu à contenir l’inquiétude de la communauté internationale, en démentant, dimanche, que sa marine s’entraînait à bloquer le détroit d’Ormuz. « La marine n’a émis aucun avertissement de fermeture du détroit », a nié l’amiral Sayari.
En décembre 2011, la République islamique a effectué dans le détroit dix jours de manoeuvres et a envoyé un sous-marin et un destroyer il y a quatre mois dans le Golfe, au moment où la flotte américaine et ses alliés y conduisaient des exercices.
Parallèlement aura lieu une nouvelle rencontre entre l’AIEA et les autorités iraniennes à Téhéran le 16 janvier dans l’objectif de trouver une issue à la crise du nucléaire. La semaine dernière, l’Agence a affirmé, au lendemain de sa dernière rencontre avec les dirigeants iraniens mi-décembre, qu’elle comptait conclure en janvier un accord important avec l’Iran devant permettre de résoudre les questions en suspens sur le programme nucléaire de Téhéran, selon les termes du chef des inspecteurs de l’Agence, Herman Nackaerts. « Le 16 janvier c’est la date à laquelle nous comptons finaliser l’approche structurée et commencer à l’appliquer peu de temps après », a déclaré M. Nackaerts.
Après environ dix ans d’enquête sur l’Iran, l’Agence n’est toujours pas en mesure de déterminer avec certitude les visées de son programme nucléaire, par manque, selon elle, de coopération du pays.

L’économie asphyxiée

Selon les analystes économiques, Téhéran va payer cher le prix de son entêtement. Ses pertes vont s’amplifier sous le poids des sanctions internationales et son économie sera fortement menacée. Les revenus pétroliers de l’Iran sont en baisse de 50 % &` cause des sanctions internationales, a admis le ministre de l’Economie, Shamseddin Hosseini.
Depuis des mois, les dirigeants iraniens affirment que le pays est dans une situation de « guerre économique », en raison de l’embargo bancaire et pétrolier mis en place depuis deux ans par les Etats-Unis et l’Union européenne pour obliger l’Iran à donner des garanties sur son programme nucléaire. Selon l’AIEA, les exportations de brut iranien étaient estimées à 1,3 million de barils/jour en novembre, soit un million de moins que l’année dernière à la même période.
Plusieurs députés ou membres de gouvernement iraniens ont déjà estimé que cette baisse de recettes aurait un impact sur le prochain budget de l’Etat (qui débute le 21 mars 2013). Début septembre, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, avait lui-même admis que l’Iran avait « des problèmes » pour vendre son pétrole à cause des sanctions.
Tenant à souffler le chaud et le froid pour ne pas aggraver de plus en plus ses problèmes économiques, Téhéran a affirmé samedi qu’il avait ralenti l’enrichissement de son uranium, ce qui peut se traduire comme volonté d’éviter une confrontation directe avec l’Occident.
Baissant de plus en plus le ton, des responsables iraniens ont affirmé cette semaine que leur pays pourrait autoriser les inspecteurs de l’AIEA à se rendre sur le site militaire de Parchin, près de Téhéran, à condition que se dissipent les menaces pesant sur leur pays. Une manière de garder l’ambiguïté sur sa position et de laisser toutes les portes entrouvertes.

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