Vendredi, 29 mars 2024
Dossier > Dossier >

Une flotte politico-humanitaire

Hana Afifi, Mardi, 30 juin 2015

Une flotte internationale tente pour la troisième fois d'atteindre Gaza pour briser le blocus qui lui est imposé depuis 2006.

Une flotte
Des Gazaouis à l'accueil de la « Flotte de la liberté », devant le port de Gaza.

Un groupe d’activistes agit pour une troi­sième fois contre le blocus de Gaza. La « Flotte de la Liberté III » avance dans son parcours vers cette bande isolée du Territoire palesti­nien. « Notre voyage est une action naturelle, fraternelle, notre objectif est humanitaire, on se base sur la loi internationale, et notre méthode est la non-violence », explique « Bateau Gaza – Suède », le site web qui suit le trajet de « Marianne de Göteborg », le bateau suédois de la flotte qui se dirige vers Gaza.

Cette initiative suédoise fait partie du mou­vement international de solidarité « Coalition de la Flotte de la Liberté » formée en 2010. Ce mouvement essaye de soutenir les habitants de Gaza qui souffrent d’un blocus depuis 2006, mais surtout d’envoyer un message politique.

Malgré la dureté du parcours, les activistes croient au succès de leur mission. Le 26 juin, « Marianne » et quatre autres bateaux ont quitté les eaux européennes avec à bord une cinquantaine de personnes provenant de 17 pays, dont des parlementaires espagnols, algé­riens, grecs et jordaniens. Seul Marianne, bat­tant pavillon suédois, a révélé sa nationalité, selon Staffan Granér, coordinnateur de médias de « Bateau Gaza — Suède ».

Marianne a quitté la Sicile vendredi, avec à bord l’ex-président tunisien Moncef Marzouki, le député arabe de la Knesset Bassel Ghattas, ainsi que des journalistes d’Al-Jazeera. « L’objectif principal de la flotte est de défier le blocus en envoyant un message politique », dit Granér joint au téléphone par Al-Ahram Hebdo. Il explique qu’offrir l’aide humanitaire est sûrement un objectif, tout en reconnaissant que « ce ne sont pas nos dons qui changeront la situation ».

Le bateau Marianne sera offert comme cadeau aux habitants de Gaza, qui l’utiliseront comme bateau de pêche. Granér estime que la flotte arrivera à destination avant la fin du mois, mais il s’abstient d’annoncer la date, surtout pour des raisons sécuritaires. Le 31 mai 2010, des commandos israéliens avaient tué neuf activistes turcs à bord du bateau turc Mavi Marmara qui faisant partie de la « Flotte de la Liberté I ». La flotte était formée de bateaux turcs, suédois, grecs entre autres et financée par le Koweït et l’Algérie. Elle transportait environ 750 activistes, hommes politiques et journalistes et plusieurs tonnes d’aide humani­taire. En 2011, la « Flotte de la Liberté II » a été détournée par les forces navales grecques. Et en 2012, ce sont les Israéliens qui ont détourné le bateau suédois « Estelle », chargé d’aides humanitaires. Des incidents encore gravés dans la mémoire. L’initiative n’est donc pas sans risque.

Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Emmanuel Nachshon, a qualifié la flotte de « provocation gratuite ». Aussi, dans une lettre au secrétaire général de l’Onu, Bank Ki-Moon, publiée dans le journal israélien Israel Hayom, le directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères, Dore Gold, affirme-t-il qu’Israël « n’a pas intérêt à une confrontation, mais il va appliquer le blocus qui vise à empêcher la contrebande d’armes vers la bande de Gaza ». Or, le Jerusalem Post a rapporté une source de l’armée défense israé­lienne, selon laquelle la flotte « recevrait le même traitement que les flottes précédentes qui ont essayé de pénétrer les eaux territoriales sans autorisation ».

La réaction d’Israël n’est pas prévisible, mais les activistes à bord de la flotte sont préparés. Selon Mohamad Gomaa, spécialiste des affaires palestiniennes au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram : « Israël sera plus prudent, il ne peut pas commettre la même erreur dans les circonstances actuelles ». Il estime que le gouvernement israélien de droite ne chercherait pas à agir d’une façon politique­ment coûteuse. Cela dit, Granér n’exclut pas que les forces militaires israéliennes attaquent la flotte. « Nous sommes préparés. Et s’ils nous arrêtent, ça ne voudrait pas dire que notre mis­sion a échoué car nous aurions attiré l’attention du monde entier sur le blocus de Gaza ».

Mots clés:
Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique