
Plusieurs crises ont été discutées lors du 25e sommet de l'UA, mais sans l'aboutissement à des solutions définitives.
(Photos : Reuters)
Actualité oblige, le Burundi et la crise provoquée par la décision du président Pierre Nkurunziza de se présenter à un troisième mandat ont déjà fait l’objet de nombreuses réunions, lors du 25e sommet de l’Union Africaine (UA), qui s’est tenu dimanche et lundi derniers à Johannesburg, en Afrique du Sud. La crise burundaise a ainsi été au centre des discussions lors d’une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’UA samedi soir et a été également abordée par les chefs d’Etat. Tout comme la crise politique au Soudan du Sud en proie à une guerre civile depuis deux ans et dont le processus de paix est en panne. De même, étaient au menu la Libye, le terrorisme et la prolifération de groupes armés, un sujet qui déstabilise des régions entières et préoccupe particulièrement les chefs d’Etat.
Bref, des crises qui n’en finissent pas de freiner le développement du continent, selon la présidente de la commission de l’UA. Or, comme de coutume lors de ces sommets réguliers de l’UA, les crises africaines sont discutées, sans plus. Comme l’ont prévu les analystes, aucune décision importante n’a été prise. Car l’instance continentale s’efforce souvent d’éviter les sujets épineux et les questions qui fâchent.
Loin des crises, le sommet de l’UA s’est aussi penché sur des sujets comme la migration, la xénophobie et la gouvernance. D’autant plus que le pays hôte, l’Afrique du Sud, a connu une vague d’attaques xénophobes ces derniers mois, et que le Nord de l’Afrique a connu une vague d’émigration clandestine. En effet, bien que le continent affiche une croissance économique enviable, il reste abonné à une actualité de crise brûlante : la question des migrants, qui risquent leur vie par milliers pour gagner l’Europe. Or, les questions politiques et économiques restent fortement enchevêtrées. En effet, les multiples crises auxquelles fait face le continent, en plus de la menace des mouvements islamistes armés poussent de plus en plus à l’émigration.
Question délicate
Côté politique, l’actualité burundaise semble avoir embarrassé les dirigeants africains, car elle remet sur le tapis la délicate question de la démocratie et du pouvoir. « Je pense que les deux années à venir vont être cruciales (pour l’Afrique), notamment à la lumière d’une menace nouvelle que l’on voit émerger : la question des amendements constitutionnels pour permettre aux chefs d’Etat en place de briguer un troisième, voire un quatrième mandat », commente ainsi Tjiurimo Hengari, chercheur à l’Institut sud-africain des affaires internationales, cité par le site Internet Diaspora News.
Pour Gilbert Khadiagala, chef du département des relations internationales à l’Université Witwatersrand de Johannesburg, également cité par Diaspora News, il ne fallait pourtant pas s’attendre à ce que le sommet de Johannesburg débouche sur des décisions spectaculaires.
« On met beaucoup de sujets à l’ordre du jour pour pouvoir faire des communiqués, pour dire que l’Afrique s’inquiète de la crise des migrations, par exemple », estime-t-il, mais « les discussions de fond entre leaders sont rares, ils préfèrent contourner les sujets qui fâchent pour éviter les frictions ». Et de rappeler que le président en exercice de l’UA, le Zimbabwéen Robert Mugabe, est au pouvoir depuis 1980 sans discontinuer. Au Congo-Kinshasa et au Congo-Brazzaville, les présidents Joseph Kabila et Denis Sassou Nguesso sont soupçonnés par leurs opposants de vouloir se maintenir au pouvoir au-delà du terme de leur mandat en 2016, malgré les Constitutions de leurs pays.
Lien court: