« Mes meilleurs voeux pour tes soixante-dix ans », écrit Paolo Coelho à Mohamed Salmawy. «
Mais je te conseille de bien te rappeler que les 70 ans ne sont que 35 multipliés par 2, c’est-à-dire c’est une confirmation des 35 ans. Vis donc pleinement comme si tu étais à tes 35 ans et fais en sorte que la richesse de ta vie soit le double de ce qu’elle était quand tu avais 35 ans ! ».
En fait, Mohamed Salmawy n’a jamais rien fait d’autre que suivre le conseil de l’écrivain brésilien. Jamais n’a-t-il manqué de se lancer dans les multiples voies de la créativité : l’essai journalistique, le théâtre, la nouvelle et le roman, ni hésité de se donner complètement au travail public.
Fondateur d’Al-Ahram Hebdo en 1996, il est président de l’Union des écrivains entre 2005 et 2014, avant de se consacrer complètement à l’écriture littéraire.
Mais l’histoire commence au début des années 1980, à une époque où le théâtre égyptien agonisait sous le système de « l’ouverture économique » de Sadate qui s’est soldé en une « commercialisation » de la culture. C’est alors que Salmawy s’est aventuré dans l’univers du théâtre, inspiré par Tewfiq Al-Hakim, mais aussi par les dramaturges des années 1960 tels Noemane Achour, Rachad Rouchdi et Youssef Idriss. Passionné du théâtre de l’absurde, il était également marqué par les écrits de Samuel Beckett, Eugène Unesco, Jean Genet et Arabal. « Il a pu néanmoins sortir de ce moule de l’absurde en faveur d’un théâtre égyptien et contemporain, moins individuel et moins abstrait et plutôt engagé », souligne le critique Naïm Attiya.
Ses pièces traitent du rapport de l’individu avec l’Etat et le droit, et décortiquent en passant les vices de la société, comme dans Fout Aleina Bokra (revenez nous voir demain) en 1983, Al-Qatel Khareg Al-Ségn (l’assassin en dehors de la prison) en 1985, Salomé en 1986, Etnein Taht Al-Ard (deux personnes sous le sol), Raqset Salomé Al-Akhira (la dernière danse de Salomé) en 1991, Al-Ganzir (la chaîne) en 1992.
Salmawy a été décoré par l’Organisme égyptien du livre (GEBO) lors d’une cérémonie la semaine dernière au Centre international du livre, organisée à la double occasion du 70e anniversaire de l’écrivain et de l’édition de son oeuvre théâtrale complète en deux tomes. Le premier tome comprend 7 pièces écrites et représentées dans les années 1980 et 90, et le second consacré à la critique de son oeuvre par les grands noms de la critique littéraire, tels Louis Awad, Gaber Asfour, Sami Khachaba ou Nehad Séleiha ...
Jeune comme la révolution
Lors de la révolution du 25 janvier 2011, Salmawy, en tant que président de l’Union des écrivains, a publié un communiqué de soutien des jeunes de la place Tahrir. Un soulèvement qu’il a prédit dans l’un de ses romans publié quelques semaines plus tôt. Dans Agnéhat Al-Faracha (les ailes du papillon), l’intrigue conduit à une révolution tumultueuse déclenchée par les jeunes à travers les réseaux sociaux, et qui se propage depuis la place Tahrir aux autres villes égyptiennes.
Armé par l’esprit jeune des révolutionnaires et son goût de l’expérimentation, Salmawy signe en 2013 son premier recueil de poèmes, intitulé Aqmar wa Aqdar (lunes et destinées), un terrain qu’il n’avait jusqu’ici exploré que timidement. Il y rassemble les poèmes qu’il a écrits au cours des 20 dernières années. 2015, il sort un recueil de nouvelles, Ma Waraa Al-Qamar (au-delà de la lune), aux éditions Al-Masriya Al-Lobnaniya, où il s’aventure entre fiction et autobiographie.
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