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Sadeq Al-Mahdi : J’appelle le Conseil de sécurité à garantir une sortie digne à Omar Al-Béchir

Osman Fekri, Lundi, 25 mai 2015

L'opposant soudanais et président du parti Al-Oumma, Sadeq Al-Mahdi, estime que le salut du Soudan passe d’abord par le départ du président Al-Béchir.

Sadeq Al-Mahdi
Sadeq Al-Mahdi

Al-Ahram Hebdo : Tout d’abord, que pensez-vous des récentes élections législatives et présidentielles, et comment éva­luez-vous la situation politique actuelle au Soudan ?

Sadeq Al-Mahdi : Nous ne recon­naissons pas ces élections et c’est pour cela qu’avant même leur tenue, nous avons opté pour le boycott. Et ce, en raison des pratiques du parti au pouvoir au Soudan et du président Omar Al-Béchir qui bloquent toute chance de sauver le pays. D’ailleurs, ces élections n’ont rien apporté de nouveau, elles ne font qu’agraver la crise. L’impasse politique est tou­jours la même à cause de l’intransi­geance du régime qui insiste à igno­rer les différents acteurs politiques, qu’il s’agisse des partis, de la société civile ou des groupes armés. L’impasse est également due à l’échec du dialogue national lancé par M. Béchir, lui-même, en janvier 2014. De plus, la légitimité de M. Béchir devrait être remise en cause vu le large boycott du peuple souda­nais. Et il suffit de voir ce que l’on a tiré de 26 ans de pouvoir de M. Béchir : la division du Soudan en deux Etats, le déclenchement de conflits armés au Darfour, au Sud-Kordofan et au Nil Bleu.

— En tant que le plus important parti d’opposition, êtes-vous prêts, vous et les autres forces politiques, à poursuivre le dialogue national avec le régime de M. Béchir ?

— Nous sommes prêts à pour­suivre le dialogue afin de mettre fin à la tyrannie et à la répression du régime. Et le Conseil de la paix et de la sécurité de l’Union Africaine (UA) s’est dit disposé à parrainer ce dialo­gue. Les forces politiques veulent des garanties, mais le problème est que le régime de M. Béchir ferme toutes les portes à même de sauver le pays, en raison des sanctions dont le Soudan est proie du mandat d’arrêt lancé contre lui par la Cour Pénale Internationale (CPI).

— Justement à ce sujet, êtes-vous disposé à oeuvrer à lever ces sanctions ?

— Oui, bien sûr, si cela peut sauver le pays de la situation de polarisation, de domination du parti au pouvoir, et si cela peut mettre fin aux conflits armés qui déchirent le pays. C’est pour cela que j’appelle le Conseil de sécurité à garantir une sortie digne à M. Béchir et à relancer le dialogue national sous le parrainage du Conseil de la paix et de la sécurité de l’UA. Je pense qu’une sortie sûre, une levée des poursuites judiciaires contre lui et une levée des sanctions économiques imposées au Soudan peuvent largement contribuer à trou­ver une issue à la crise soudanaise.

— Oui mais, pour le moment, il semble que le statu quo se poursui­vra tant que M. Béchir est au pou­voir. Que comptez-vous donc faire et envisagez-vous de rentrer au Soudan malgré votre arrestation l’année dernière ?

— Avec la donne actuelle, et le boycott général du peuple soudanais, lors des dernières élections (soit à cause du boycott des partis poli­tiques, soit à cause du désintérêt et du désespoir des Soudanais), plusieurs scénarios sont possibles. Et certains d’entre eux représentent un vrai dan­ger notamment à cause du méconten­tement qui règne au sein de l’armée soudanaise. En effet, bien que le pou­voir ait mis à l’écart quelque 70 grands officiers de l’armée, il y a près de trois mois, les risques d’une implosion de l’intérieur sont réels.

Pour ce qui est de mon retour, je suis tout à fait prêt à rentrer au pays malgré mon arrestation l’année der­nière.

— Comment voyez-vous donc la solution à la crise soudanaise ?

— Plusieurs choses doivent être mises en application pour mettre fin à la crise soudanaise : l’instauration d’une paix juste et globale, une vraie démocratisation, la levée des sanc­tions internationales et l’exonération de la dette extérieure. Je souhaite que la CPI abandonne des poursuites contre M. Béchir, en contrepartie d’un changement total du processus politique soudanais sous les auspices des Nations-Unies.

— Sur le plan régional, en tant que penseur arabe et musulman, quels sont, selon vous, les moyens de lutter contre le spectre du chaos et du terrorisme qui menace la région ?

— Lutter contre le terrorisme ne peut se faire sans une union des pays arabes et sans la création d’une force commune. On ne peut plus compter sur l’Occident. Car il ne faut pas oublier que les Etats-Unis sont ceux qui ont, d’abord, créé Al-Qaëda, en Afghanistan, et Daech. C’est pour cela que nous devons sensibiliser les peuples pour lutter contre l’extré­misme. La question du terrorisme est très compliquée et nécessite un effort énorme de la part des pays arabes.

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