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Palestine: Ambiance d’achèvement

Abir Taleb avec agences, Mardi, 11 décembre 2012

Le Hamas a célébré cette semaine à Gaza son 25e anniversaire avec la présence inédite de son chef en exil, Khaled Mechaal, qui a prôné la réconciliation des Palestiniens et une résistance « honorable et légitime ».

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Mechaal défilant triomphalement dans les rues de Gaza. (Photo: Reuters)

Dimanche 2 décembre, arrivée triomphale du président palestinien, Mahmoud Abbas, à Ramallah en Cisjordanie, où il est acclamé par une foule venue célébrer sa « victoire » à l’Onu. Vendredi 7 décembre, une autre arrivée triomphale, cette fois à Gaza, l’« autre » territoire palestinien : celle du chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, venu souffler la 25e bougie de son mouvement. C’est pour la première fois de sa vie que M. Mechaal foule le sol de l’enclave palestinienne. Sa visite intervient deux semaines après le cessez-le-feu qui a mis fin à l’opération « Pilier de défense » menée pendant huit jours par Israël contre la bande de Gaza, officiellement pour mettre fin aux tirs de roquettes sur le territoire israélien. Un cessez-le-feu qui a été présenté comme une « victoire » par le Hamas.

Près de 100 000 Palestiniens étaient ainsi rassemblés samedi sur la place de la Katiba, dans la ville de Gaza, pour assister aux célébrations en présence de Khaled Mechaal et de la délégation du bureau politique en exil du Hamas, dont son adjoint, Moussa Abou Marzouk, ainsi que du chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh.

Entouré de portraits géants du fondateur du Hamas, cheikh Ahmad Yassine, assassiné par l’armée israélienne en 2004, et du chef militaire du Hamas, Ahmad Jaabari, tué par la première frappe de l’opération israélienne du 14 au 21 novembre, Khaled Mechaal a prononcé un discours de combattant, tout en tendant la main à Mahmoud Abbas, président à Ramallah de la moitié cisjordanienne d’une Palestine quasiment coupée en deux. « Il est temps de tourner la page de la division », a-t-il dit. « La division a été imposée au moment où certains ont refusé les élections de 2006, mais c’est du passé », a-t-il dit en allusion au conflit avec le Fatah et au boycottage international qui ont suivi la victoire du Hamas aux législatives. « Nous sommes une seule Autorité et notre référence est l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), dont nous voulons l’unité ».

Mais l’unité doit se faire aux termes du Hamas, qui se pose désormais en leader de la cause palestinienne. « De Gaza, à mes frères du Fatah en Cisjordanie, au frère Abou Mazen, nous disons : Venez à la réconciliation et à l’unité nationale, construire notre patrie et reconsidérer la résistance, qui est honorable et un choix stratégique », a-t-il exhorté. Se voulant conciliant, le chef du Hamas a affirmé que « la division n’est pas le fait des Palestiniens », mais qu’elle a été « imposée ». « La division politique est naturelle, mais ce qui ne l’est pas, c’est la division du régime politique en deux entités géographiques séparées ».

« Discours positif »

En réponse, le responsable du dossier de la réconciliation au sein du Fatah, Azzam Al-Ahmad, a déclaré que son parti avait accueilli très favorablement «discours de Khaled Mechaal, qui a été très positif sur la question des divisions interpalestiniennes ». « L’importance du discours est qu’il a été prononcé à Gaza en présence de la direction en exil du Hamas. Nous espérons qu’il reflètera la position de l’ensemble du Hamas », a-t-il cependant ajouté, faisant référence au fait que Khaled Mechaal est en butte depuis plus d’un an aux critiques d’une partie des dirigeants du Hamas à Gaza, qui lui reprochent des positions jugées trop favorables au Fatah sur le dossier de réconciliation.

De son côté, lors d’une réunion arabe à Doha, Mahmoud Abbas a réaffirmé que l’unité nationale passait par les élections prévues dans l’accord de réconciliation conclu en 2011 entre les deux mouvements, resté pour l’essentiel lettre morte. « Sans ces élections, il n’y aura pas de réconciliation », a-t-il prévenu. Ce qui équivaut à dire que le plus dur reste à faire.

Car M. Mechaal a aussi déclaré qu’il « n’accepterait aucun programme commun qui comporterait la reconnaissance d’Israël ». Selon lui, la réconciliation doit servir « le projet national », c’est-à-dire « la Palestine, de la mer (Méditerranée) au fleuve (Jourdain), du nord au sud, est notre terre et notre nation, dont on ne peut céder ni un pouce ni une partie ». Et d’ajouter : « Jérusalem est notre histoire et notre futur, nous la libérerons mètre par mètre, pierre par pierre ».

La fête finie, Khaled Mechaal est rentré au Qatar, où il vit par sécurité. De sa brève visite, l’on retiendra surtout qu’il a voulu s’imposer comme véritable chef de file de tous les Palestiniens face à un Mahmoud Abbas requinqué par la « reconnaissance » de l’Etat palestinien. De quoi jeter des doutes sur la possible réconciliation, malgré les déclarations de bonne volonté. Tout cela alors qu’Israël mène tranquilement ses projets de colonisation .

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