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Yémen : A la recherche de la formule magique

Maha Salem avec agences, Mardi, 28 avril 2015

L'Onu a nommé un nouvel émissaire chargé du dossier yéménite au moment où les différentes parties étudient un plan de sortie de crise proposé par Oman.

Yemen
Malgré les efforts de l'Onu de trouver une solution pacifique, les combats se poursuivent. (Photo : AP)

Malgré la fin officielle de la « Tempête déci­sive », de violents combats, faisant des dizaines de morts, opposaient tou­jours cette semaine les partisans du chef de l’Etat yéménite aux rebelles chiites, notamment à l’est de la capitale Sanaa et dans le sud. Des tribus sunnites ont convoyé des renforts dans cette région pour faire barrage aux miliciens chiites, qui tentent d’avancer dans la pro­vince de Mareb, riche en pétrole et en gaz naturel, et où la situation reste très tendue.

Parallèlement aux combats sur le terrain, les efforts diplomatiques se poursuivent. L’Onu a nommé un nouvel émissaire. La mission du diplomate mauritanien Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, qui succède à Jamal Benomar, est de relancer le dialogue en vue d’un règlement politique. Mais sa mission s’an­nonce d’ores et déjà difficile, avec la poursuite sur le terrain des com­bats et des raids aériens.

Les rebelles chiites exigent un arrêt total de l’opération militaire de la coalition avant de revenir à la table des négociations, interrom­pues avec le lancement le 26 mars des raids aériens de Tempête déci­sive. « Le dialogue ne peut reprendre qu’après un arrêt de l’agression extérieure et la levée du blocus (aérien et maritime). Et le dialogue devrait reprendre au point où il s’était arrêté, sous les auspices de Benomar », a déclaré Mohammed Abdelsalam, porte-parole des rebelles houthis.

Ces paroles ont été lancées en réaction aux déclarations de l’Ara­bie saoudite. Cette dernière avait annoncé la fin de la campagne aérienne intensive qu’elle menait depuis le 26 mars à la tête d’une coalition de neuf pays arabes, déci­dée à stopper les avancées des Houthis et de leurs alliés à travers le Yémen. Riyad a déclaré l’ouver­ture d’une nouvelle phase politique et humanitaire, tout en annonçant de nouvelles frappes si des mouve­ments rebelles se faisaient mena­çants. Ce fut le cas depuis le lende­main de la déclaration : des avions de la coalition ont bombardé à plu­sieurs reprises des positions rebelles.

Pour satisfaire les deux camps, l’Onu a précisé que le nouveau médiateur travaillerait en étroite relation avec les membres du Conseil de sécurité de l’Onu, les pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), les gouvernements de la région et les autres acteurs du conflit.

Plusieurs initiatives tombées à l’eau

Depuis le début de l’offensive, quatre plans de règlement ont été proposés. Aucun n’a abouti, sim­plement en raison de leur origine. Tout d’abord, l’initiative iranienne a été acceptée par les Houthis, mais refusée par le gouvernement yéménite et les pays du Golfe, car elle provient de Téhéran et équi­vaudrait à donner ouvertement à Téhéran un rôle dans la crise.

Ensuite, c’est l’ex-président Ali Abdallah Saleh qui a présenté, à son tour, un plan qui a été rejeté par le gouvernement ayant accusé l’ancien président de chercher à déstabiliser le pays. « Ces appels sont inacceptables après toutes les destructions causées par Ali Abdallah Saleh. Il ne peut pas y avoir de place pour Saleh dans tout dialogue politique futur », a ainsi déclaré le ministre yéménite des Affaires étrangères, Ryad Yassine.

« Saleh a voulu montrer qu’il jouissait toujours d’une influence et d’un pouvoir non négligeables, notamment auprès des tribus et des Houthis. Il veut faire passer le message qu’il est toujours présent sur la scène politique malgré son renversement. Il maintient un cer­tain équilibre sur la scène poli­tique en gardant de bonnes rela­tions avec toutes les parties, même les Frères musulmans. Et il cherche à maintenir son influence dans le futur gouvernement pour préserver ses intérêts et sauver ses affaires. Mais l’Onu et l’Arabie saoudite refusent l’existence de Saleh et son influence sur la scène politique », explique Eman Ragab, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire. C’est pourquoi il n’a abouti à rien.

Vient ensuite le troisième plan présenté par l’Arabie saoudite, mais cette fois-ci refusé par les Houthis, car il les prive de tous les gains réalisés depuis des mois. De même, il ne leur offre que de modestes rôles dans la scène poli­tique en leur accordant de petits postes dans le gouvernement.

L’échec de ces différentes initia­tives prouve qu’aucune tentative de règlement ne pourra être viable à moins de parvenir d’une partie plus ou moins neutre. Tous les espoirs se tournent désormais vers le plan présenté par le Sultanat d’Oman. Cette initiative appelle à un arrêt immédiat des combats, à la démission du président actuel Abd-Rabbo, de son gouvernement et du parlement, et à la reprise des pour­parlers de paix avec la participa­tion des Houthis pour former un gouvernement d’union nationale regroupant tous les partis en conflit. Ce gouvernement dirigera le pays jusqu’à la tenue d’élections présidentielle et législatives dans une date fixée au cours des négo­ciations.

« Ce plan n’était pas refusé, toutes les parties sont actuellement en train de l’étudier. Mais, pour le moment, l’Arabie saoudite, les pays du Golfe et le gouvernement yéménite refusent la présence des Houthis dans des postes-clés de tout futur gouvernement. A leur tour, les Houthis veulent occuper des ministères importants pour préserver un certain nombre de privilèges », explique encore Eman Ragab. Tout se joue donc sur le rôle futur des Houthis et, comme dans toute négociation, sur les compromis que les uns et les autres sont prêts à faire.

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