Jeudi, 25 avril 2024
Al-Ahram Hebdo > Egypte >

Barrage d’Al-Nahda : Des consultants européens détermineront sa validité

Dalia Abdel-Salam, Jeudi, 16 avril 2015

L'Egypte, l'Ethiopie et le Soudan se sont accordés cette semaine sur les deux bureaux de conseil qui effectueront les études sur la validité du barrage éthiopien de la Renaissance du point de vue hydrique et écologique.

Après deux jours de réunion dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, le comité d’experts formé par l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie a choisi deux bureaux européens de consultation, un hollandais et l’autre français, pour effectuer des études sur la validité du barrage éthiopien de la Renaissance (Al-Nahda) du point de vue hydrique, écologique et socioéconomique. Dr Alaa Yassine, conseiller du ministre des Ressources hydriques et de l’Irrigation et membre du comité, refuse cependant de citer les noms des deux bureaux affirmant qu’ils seront annoncés ultérieurement.

Le choix des deux bureaux n’a pas été facile. L’Ethiopie avait en effet une préférence pour le bureau français, tandis que l’Egypte avait une préférence pour le bureau hollandais. Le comité a décidé enfin de contacter les deux bureaux : le français aura la qualité de contractant tandis que le hollandais, celle de sous-contractant.

Les études sur le barrage devraient être achevées dans un délai de 5 à 12 mois. L’une portera sur l’hydrologie du barrage et l’autre sur son impact environnemental, économique et social sur les pays en aval. Les études hydriques se rapportent au taux d’évaporation de l’eau dans le lac de stockage, le taux d’infiltration de l’eau stockée à travers les fissures dans le sol, le taux de salinité de l’eau et l’impact du barrage sur les barrages du Soudan et le Haut-Barrage égyptien. Quant aux études sur l’impact écologique et socioéconomique, elles porteront sur l’impact du barrage sur l’écosystème, et par conséquent sur la vie des habitants.

La question qui se pose à présent est de savoir si les études élaborées par les deux consultants seront contraignantes pour l’Ethiopie. Pour Dr Alaa Yassine, l’accord de principe signé le 23 mars à Khartoum oblige les trois pays à respecter les résultats des études élaborées par les deux bureaux de conseil. Mais Dr Abbas Charaqi, professeur de géologie et d’hydrologie à l’Université du Caire, ne partage pas cet avis. Pour lui, rien ne garantit que l’Ethiopie se conformera aux résultats de ces études : « Un accord avait été signé en 1993 entre les présidents Hosni Moubarak et Meles Zenawi stipulant qu’aucune des parties ne prend des mesures susceptibles d’affecter les intérêts de l’autre dans les eaux du Nil. Cet accord était beaucoup plus important que l’accord de principe signé entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie, et n’a pas été respecté par Addis-Abeba. Qu’est-ce qui garantit alors que l’accord de principe sera respecté ? », se demande Dr Charaqi.

L’Egypte et le Soudan craignent que la construction par l’Ethiopie d’un barrage sur le Nil Bleu, le barrage de la Renaissance, n’affecte leurs parts dans les eaux du Nil. Au terme de plusieurs mois de négociations, les trois pays ont signé un accord de principe garantissant leurs intérêts et interdisant aux trois pays de porter atteinte aux intérêts des autres pays.

La construction du barrage a commencé il y a plusieurs mois déjà. Deux turbines devraient commencer à fonctionner pour générer l’électricité en juin ou juillet prochains. Or, l’Egypte ne sait toujours pas quelle sera la quantité d’eau qui sera stockée dans le lac afin de permettre le fonctionnement des deux turbines. « A dire vrai, il y a un manque de transparence. L’Ethiopie doit expliquer à l’Egypte comment le barrage sera géré. Sinon, les constructions seront terminées et les études accomplies n’auront aucune valeur », commente Abbas Al-Charaqi. Quant à Alaa Yassine, il se veut optimiste. « Je crois qu’il faut rester optimiste. Chaque barrage a des aspects négatifs. Nous voulons simplement les réduire au maximum. Nous devons profiter de la coopération et de la bonne volonté que les leaders égyptiens et éthiopiens ont exprimées lors de leur dernière rencontre à Khartoum », conclut-il.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique