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Patrimoine: Abou-Mina menacé

Nasma Réda, Lundi, 10 décembre 2012

Le site archéologique d'Abou-Mina à Alexandrie risque d'être rayé de la liste de l'Unesco à cause de son état lamentable.

Abou mina

Inscrit depuis 1979 sur la liste du patrimoinemondial et depuis 2001 sur la liste en péril de l’Unesco, le monastère d’Abou-Mina, qui se trouve à Borg Al-Arab dans le gouvernorat d’Alexandrie, et qui remonte au IIIe siècle, est en danger. Négligé par les autorités égyptiennes depuis des années, l’organisation mondiale a décidé de prendre des mesures concrètes afin de sauver le site. Une délégation de l’Unesco, en coopérationavec l’ICOMOS (Conseil international des monuments et des sites) et le ministère des Affaires des antiquités égyptiennes, s’est rendue

la semaine dernière sur le chantier, afin d’évaluer les travaux de restauration et de conservation. Le contenu du rapport final élaboréconjointement par la délégation et le ministère égyptien n’a pas été révélé, mais la délégation a décidé de maintenir Abou-Mina sur la liste du patrimoine mondial en péril et de continuer à financer les projets de maintenance, de conservation et de gestion. « Cette délégationest venue pour s’assurer de la mise en oeuvre du centre d’accueil archéologique à Abou-Mina qui devra être situé en dehors du complexe religieux », assure Mohamad Ibrahim, ministre des Affaires des antiquités, qui apprécie le rôle joué par l’Unesco pour la conservation du site. Des travaux effectués par les autorités égyptiennes ont conduit à la dégradation du site. Un projet d’irrigation a provoqué l’augmentation du niveau de la nappe phréatique, ce qui a menacé les anciens édifices qui entourent le monastère. En vu de régler ce problème, la délégation de l’Unesco a inspecté les 170 pompes installées dans la zone. Outre les problèmes d’eau, la destruction de nombreuses citernes situées autour du monastère a entraîné l’effondrement de plusieurs structures supérieures.

En plus de la construction d’une route menant à l’intérieur du site archéologique.

Une cité vieille de 1 600 ans
Les vestiges du monastère de Saint-Ménas, situé à environ 50 km au sud-ouest d’Alexandrie,comptent parmi les sites historiques les plus importants en Egypte. Les fouilles archéologiques menées depuis 1900 sur le site ont révélé qu’Abou-Mina s’est développé rapidementau cours des Ve et VIe siècles. Elles ont permis aussi de remettre au jour toute la ville avec ses maisons et ses cimetières. Les fouilles ont également permis la découverte d’ateliers de poterie qui fabriquaient les flacons utilisés dans les cérémonies religieuses, dont différentsexemplaires ont été retrouvés. En effet, Abou-Mina, ville sainte paléochrétienne, est construite sur la tombe du martyr Ménas. Mort en 296, saint Ménas a été victime de la politiquede persécution de l’Empire romain au IVe siècle. Il fut torturé et décapité pour hérésie.

abou

La nouvelle religion se répandait partout en Orient. Par la suite, ce site est devenu l’un des plus grands centres de pèlerinage durant les premiers siècles du christianisme. La ville a conservé son église, ses basiliques, ses édifices

publics, ses monastères et ses ateliers qui datent des premiers temps du christianisme.

En 297 fut construite la chapelle du tombeau,

puis en 365, l’église au-dessus de la crypte. Mais elle est devenue trop petite pour accueillir le nombre croissant de pèlerins, d’où la décision de l’empereur Arcadius d’en faire édifier une nouvelle, ce qui fut entrepris de 395 à 408. Cette Grande Basilique fut la plus grande église fondée jusque-là en Egypte : construite à la fin du IVe siècle pour accueillir le nombre croissant de pèlerins, la basilique a été utilisée pour stocker les eaux curables alimentant

les bains chauds qui entouraient la basilique. Les pèlerins remplissaient de petits flacons avec l’eau de la basilique, ceux-ci portaientun décor moulé figurant le martyr en position debout entre deux chameaux à genoux. Bâtie en forme de lettre T d’une longueur de 50 mètres et une largeur de 20 mètres et munie de 50 colonnes de marbre, la basilique est composée de 3 nefs et d’un grand transept, réparti lui aussi en 3 nefs en forme de croix de Tau.

Quant à la chapelle de Saint-Ménas, elle était située à l’ouest de la basilique au-dessus de la crypte qui renfermait les reliques du saint. A l’ouest encore se trouvait un baptistère, de forme octogonale, et dont les quatre côtés principauxcomportaient une entrée. Il y avait à l’intérieur un bassin profond de 1,35 mètre, d’où on descendait à l’aide de 5 marches. D’autres bains, sûrement à l’usage des pèlerins,ont été mis au jour un peu plus au nord. De nos jours, un nouveau monastère a été édifiéà quelques centaines de mètres du site archéologique d’Abou-Mina. C’est en 1959 que le pape Kyrollos VI en a jeté les bases. A l’heure actuelle, le site est fermé au public dans l’espoir d’y voir un jour un musée et un parc archéologique .

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