Le bourbier syrien
Le bras de fer continue en Syrie entre les forces du
régime et les rebelles. Cette semaine encore, plusieurs
centaines de personnes ont été tuées lors d’une
offensive de l’armée syrienne régulière à
Daraya, une localité de
200 000 habitants, située dans les environs de Damas.
Les militants hostiles au régime syrien ont diffusé des
vidéos où des dizaines de corps ensanglantés
apparaissent gisant au sol, dans un complexe proche
d’une mosquée. L’Observatoire Syrien des Droits de
l’Homme (OSDH) dénonce, lui, un « nouveau massacre ».
Parallèlement, les combats se poursuivent à Alep,
deuxième ville du pays. « C’est une longue guerre.
Chaque partie veut régler ses comptes, mais c’est une
guerre d’usure qui va durer », disait le chef de
l’OSDH, Rami Abdel-Rahmane.
Une guerre d’usure mais jusqu’à quand ? Le conflit
syrien s’enlise et bascule dans la guerre civile. Depuis
mars 2011, il a fait 24 000 morts. Tandis que les
révoltes dans d’autres pays arabes comme la Tunisie,
l’Egypte ou le Yémen ont mis fin à des régimes
autocratiques corrompus, le régime syrien semble tenir
encore. Mais pourquoi ? Une série de considérations
entre en ligne de compte. Parmi celles-ci, l’extrême
brutalité du régime syrien. Celui-ci a montré dès le
départ qu’il était prêt à utiliser tous les moyens
possibles pour mater la révolte, y compris la torture et
l’assassinat de civils non armés. Cette brutalité n’est
pas sans dissuader le plus dur des opposants. Le régime
syrien, on l’a vu à plusieurs reprises, n’hésite pas à
faire usage des armes lourdes dans les zones urbaines.
Cette brutalité est due au fait que
Bachar Al-Assad ne
défend pas seulement son pouvoir mais l’ensemble des
Alaouites, une faction du chiisme dont il est issu.
Cependant, ce sont eux qui contrôlent le pays. Ils sont
très présents au sein de l’armée et des services de
sécurité. Si le régime d’Al-Assad
venait à tomber et que les Frères musulmans prenaient le
pouvoir, les Alaouites, perçus comme des hérétiques par
les Frères, seraient probablement persécutés. D’où cette
brutalité du régime syrien. Mais il ne s’agit pas du
seul facteur. Contrairement au régime libyen par
exemple, le régime syrien dispose d’une puissante armée
que les rebelles de l’Armée syrienne libre ne semblent
pas en mesure de bousculer, malgré l’aide fournie par
certaines puissances régionales. Ces derniers sont
sous-équipés et dépendent des volontaires civils. Le
dernier facteur contribuant à la résistance du régime
syrien est qu’il dispose du soutien de certaines
puissances internationales, notamment la Russie et la
Chine. Ces deux pays ont opposé leur veto à des
résolutions du Conseil de sécurité condamnant le régime
syrien. Sans compter l’appui fourni par le régime
iranien. Tous ces facteurs ont fait que le régime syrien
ne s’inclinerait pas facilement. Et il faudra sans doute
attendre encore des mois avant de le voir fléchir.