Politique.
Deux mois après la prise de fonction du nouveau
président Morsi, une de nos
lectrices s’interroge sur le sort des objectifs de la
révolution.
L’Egypte va de mal en pis
Comme beaucoup d’Egyptiens en ce moment,
je ne suis pas très optimiste pour l’avenir du pays.
Rien n’encourage à des développements positifs. Trop de
problèmes, et pas de solutions. Que faire ?
Plus de deux mois sont passés depuis l’arrivée du
nouveau président Morsi, et
les choses ne s’arrangent nullement. Eh oui, la
situation va de mal en pis dans notre
chère pays, l’Egypte.
Les poubelles s’entassent, il y a une pénurie
d’eau ... et pour combler le tout une coupure
d’électricité nous menace sans cesse. Ce n’est pas
tout : le nouveau président Morsi
a pris la décision de mettre le maréchal
Tantawi et d’autres
militaires à la retraite.
Il est plus que certain que les décisions de
Morsi ont renforcé encore
plus le pouvoir des Frères musulmans qui détiennent
maintenant, seuls, le destin du pays.
Quelle différence y a-t-il donc entre PND et Frères
musulmans ? Aucune. Bien au contraire, il y a trop de
ressemblances entre les deux. Et Mohamad
Morsi apparaît comme l’homme
qui détient tous les pouvoirs. Allons-nous faire face à
un nouveau dictateur ?
Et les révolutionnaires du 25 janvier, où sont-ils
passés ? Avons-nous fait la révolution du 25 janvier
pour juste remplacer les hommes du PND par ceux de la
confrérie des Frères musulmans ?
Pourquoi nous avons fait la révolution du 25 janvier ?
Pourquoi nous laissons les Frères musulmans voler le
pouvoir de cette façon ? Pourquoi les jeunes
révolutionnaires égyptiens perdent ainsi espoir et
laissent tout entre les mains des Frères musulmans ?
Je suis particulièrement triste, car je n’ai pas
l’impression que quelque chose a
changé en Egypte depuis un an et demi.
Je dirais même que les choses empirent, car sous
Moubarak, la sécurité du Sinaï était assurée. Alors que
se passe-t-il ? Pourquoi tant d’insécurité ? Pourquoi
tant de problèmes qui ne se résolvent pas ? Les
Egyptiens et surtout les jeunes révolutionnaires doivent
corriger le sort de la révolution, et apporter le
soutien nécessaire pour une véritable révolte pouvant
apporter la vraie justice.
Nadia Ahmad,
Le Caire.
L'attitude
alternative
Avec les coupures de courant devenues quotidiennes dans
les foyers égyptiens, et puisque nous nous distinguons
par l’humour qui nous aide à passer les moments
difficiles de la vie, je viens de partager avec vous un
petit texte qui m’a été envoyé sur
Facebook : « La coupure du courant peut
rendre les relations familiales plus fortes, puisque
toute la famille sera obligée de se réunir dans une
seule chambre autour d’une bougie, ce qui augmentera
l’affinité et l’amour. La coupure du courant est très
efficace pour ceux qui souffrent des maladies du cœur et
du diabète, ils ne vont plus lire les journaux, ni voir
les programmes de télévision qui sont la cause de leurs
maladies ». Avouez que c’est une façon différente de
percevoir les difficultés de la vie et j’espère que ces
quelques idées vous aideront à mieux les traverser.
Khaled Mostafa,
Guiza.
Du
nouveau chez les acteurs
Comme
chaque année, les Egyptiens ont attendu les fêtes pour
se promener dans les jardins, prendre une felouque sur
le Nil ou aller au cinéma. Cette année, il y a eu 5
nouveaux films. Le célèbre acteur Ahmad Al-Saqqa
dans Baba (papa) a finalement renoncé au rôle de
policier qu’il a beaucoup joué dans plusieurs films,
comme Taïmour et
Chafiqa et Al-
Maslaha (l’intérêt),
et dernièrement au mois du Ramadan, il a joué le même
rôle dans le feuilleton Khotout
hamra (lignes rouges).
Dans son nouveau film, il raconte l’histoire d’un jeune
médecin marié et père d’un enfant. Ce film est réalisé
par Ali Idris. Le comédien Mohamad
Héneidi nous présente lui aussi un nouveau film,
Téta Rahiba, avec la
grande actrice Samiha
Ayoub, réalisé par
Sameh
Abdel-Aziz. Il joue un personnage différent avec
le new-look d’un jeune homme qui vit avec sa grand-mère,
qui elle-même ne lui donne aucune occasion de décider de
sa vie, et il essaye de se révolter. A mon avis, ces
deux films méritent que les familles égyptiennes aillent
les voir car, pour une fois, ils ne sont pas grossiers
et ne sont pas susceptibles de choquer nos enfants.
Racha Mohamed,
Guiza.
Attention
aux dérives religieuses
Après la révolution du 25 janvier, beaucoup de choses
ont changé en Egypte. Permettez-moi de signaler quelques
points : la moralité des Egyptiens a changé d’une
manière évidente. Vous trouvez maintenant que
l’insécurité augmente de jour en jour. Jusqu’à quand ces
phénomènes dureront-ils ? Une décision récente est
cependant rassurante : le ministre de l’Intérieur a
donné un délai de 3 jours aux marchands ambulants pour
abandonner les trottoirs et mettre fin à l’anarchie dans
les rues des différents quartiers du Caire. C’est une
bonne décision, mais avant de la prendre, il aurait
fallu créer des kiosques ou boutiques pour que ces
marchands puissent travailler.
Autre chose : un phénomène est apparu depuis quelque
temps concernant les hôtels islamiques, c’est-à-dire
sans alcool, ni danse, ni musique. Il y a 3 ans, une de
mes cousines s’est mariée à un barbu qui a organisé la
fête de son mariage dans l’un de ces hôtels. C’était
pour toute la famille une chose bizarre, avec les femmes
séparées des hommes, et même les chansons étaient
islamiques. Mais quel est le plaisir des couples de se
féliciter chacun à part ? Allons-nous être, dans un an,
dans la même situation que l’Arabie saoudite ? J’espère
que l’Egypte conservera sa modération sur les questions
religieuses.
Salma Mounir,
Le Caire.
Notre
patrimoine part en poussière
Permettez-moi de discuter avec vous, chers lecteurs d’Al-Ahram
Hebdo, d’un grave problème parmi tant d’autres :
celui de la destruction des villas dans les quartiers
chics du Caire.
Je constate avec beaucoup de regret que la destruction
des villas en Egypte est devenue un phénomène très
inquiétant. Pourquoi laissons-nous le patrimoine
architectural de l’Egypte disparaître de cette façon ?
Pourquoi toutes ces destructions dans les beaux
quartiers de Mohandessine et
de Doqqi ? Le Caire commence
maintenant à ressembler à une forêt de ciment, en plus
de la pollution et de l’étouffement quotidien provoqués
par la circulation.
Beaucoup de ces villas, qui étaient habitées par des
célébrités et de grands noms, aujourd’hui, elles sont
devenues des immeubles ou des tours d’un goût très
douteux.
Pourquoi n’avons-nous pas élaboré des lois pour
respecter ces œuvres architecturales et leur histoire
dans notre pays ? Quand est-ce que nous connaîtrons un
jour la valeur réelle de notre patrimoine ? Ce sont des
questions sans réponses, et qui risquent de modifier à
jamais, et en mal, notre beau pays.
Ahmad Hassan,
Le Caire.
Eviter
les préjugés
Permettez-moi d’exprimer mon opinion à propos de
l’article publié dans le numéro 936 en date du 23/8/2012
sur cette page concernant les décisions du président.
Tout d’abord, je pense que la plupart des Egyptiens qui
ont refusé de voter pour le
candidats des Frères musulmans sont encore contre
le président même après ce qu’il a présenté pendant
cette courte période qui ne dépasse pas les 70 jours. Je
ne suis pas pro-Frères musulmans, mais je suis
avant tout Egyptien qui observe de près tout ce qui se
passe et souhaite le bien pour ce grand pays. Ma chère
compatriote qui a donné son avis a souligné au début de
son article que la révolution avait revendiqué le pain,
la liberté et la justice sociale. Je voudrais lui
rappeler que les décisions du président, lors de cette
courte période, avaient pour objectif les mêmes
revendications. Par exemple : la poursuite des assassins
dans le Sinaï, la grâce présidentielle pour les
détenus jugés par un tribunal militaire et des primes
exceptionnelles pour les retraités.
Mohamed Ahmed,
Professeur du FLE.
Une
catastrophe alexandrine
Il y a quelques semaines, nous nous sommes réveillés sur
la tragédie de notre quartier de
Manchiya, à Alexandrie, quand 3 bâtiments se sont
écroulés. C’est une catastrophe. Tous les habitants ont
crié, pleuré et ne savaient pas quoi faire. Ils ont été
obligés de quitter leur domicile et dormir dans les
ruelles. Ce qui est positif c’est que les habitants se
sont unis et entraidés. Certains ont invité les femmes
et les enfants à passer la nuit chez eux. D’autres ont
passé la nuit à surveiller les hommes âgés. Les
habitants craignent que les responsables, surtout le
nouveau gouverneur, ne s’intéressent pas à leur sort et
ne trouvent pas de solutions convenables pour les
protéger des dangers et des risques de la rue. En
réalité, l’ancien régime est tombé, mais rien n’a
changé. C’est la même corruption. On espère que la
situation changera.
Marwa
Kamal,
Alexandrie.