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IMA.
L’Institut du Monde Arabe (IMA) fête cette année son 25e
anniversaire par l’inauguration de la refonte de son musée
original. L’objectif est de mettre l’accent sur la diversité
des traditions des pays arabes.
Une
jeunesse recommence
Une
petite révolution destinée à attirer un nouveau public.
Jusque-là consacré à la présentation de l’art islamique, le
musée de l’Institut du Monde Arabe (IMA) donne désormais la
parole à toutes les cultures des 22 pays arabes cofondateurs
de l’IMA et son histoire dans le temps.
Le musée
de l’IMA n’avait pas été rénové depuis 1987. En effet,
l’Institut du monde arabe s’était beaucoup engagé sur une
politique d’expositions temporaires et avait eu tendance à
négliger le musée. La refonte du musée a été initiée en
2008.
Il
fallait donc quatre ans pour que la belle IMA endormie se
réveille. La scénographie et le contenu du musée ont été
entièrement revus. Le musée présente quelque 380 pièces
provenant des collections de l’IMA et de dépôts de
provenances diverses. « 2 400 m2, répartis sur quatre étages,
le musée met en scène la diversité des cultures, des langues,
des croyances, des modes de vie qui ont cohabité, au fil du
temps, dans les pays arabes. En fait, l’élaboration de
l’identité arabe est, historiquement, antérieure à l’islam
», indique Mona Khazindar, directrice générale de l’Institut
du monde arabe depuis mars 2011. « Comme le Louvre va ouvrir
cette année un grand département des arts de l’islam où plus
de 2 500 œuvres allant de l’Espagne à l’Inde du VIIe au XIXe
siècles seront exposées, il n’était pas nécessaire de faire
la même chose face à ce rival qu’il ne peut concurrencer.
Nous avons donc choisi de nous recentrer sur l’aire des 22
pays cofondateurs de l’IMA avec la France, qui sont les
membres de la Ligue arabe », reprend Mona Khazindar, qui est
la première femme à occuper la direction de l’IMA. Khazindar,
qui a été élue le 4 février, « Femme de l’année 2012 » par
le Forum de la femme arabe, est également de nationalité
saoudienne, et c’est aussi la première fois qu’un
ressortissant de l’une des monarchies du Golfe accède à ce
poste.
L’Arabie
saoudite qui, avec un apport d’un demi-million d’euros, aux
côtés du Koweït (2 millions d’euros) et de la Fondation
Jean-Luc Lagardère (1 million d’euros), est l’un des trois
mécènes ayant financé la rénovation des 2 400 m2 du musée,
sur un coût total de 5 millions d’euros.
Il
s’agit maintenant pour le musée de l’IMA d’afficher sa
spécificité et de se racheter une bonne dose d’attractivité.
Les dernières années, le musée n’attirait que 100 000
visiteurs par an alors que l’IMA en attire un million chaque
année.
Le
parcours de la visite du musée n’est pas en chronologie mais
est organisé par thème. « En fait, la chronologie est
parfois ennuyeuse. Mais celle-ci n’est pas tout à fait
absente, parce que finalement, elle vient au fil de la
visite. Le musée est devenu en fait plus dynamique grâce à
Roberto Ostinelli, l’architecte italien et le scénographe du
nouveau musée de l’IMA », souligne Marie Foissy,
conservatrice en chef du patrimoine et chef du projet de la
refonte du musée. En effet, les thématiques permettent
d’aborder comme premier thème « Les Arabies, berceau d’un
patrimoine commun », l’origine des Arabes du 1er millénaire
av. J.-C. dans la péninsule arabique. Le deuxième thème est
« Le sacré » qui permet justement d’englober dans une même
vision synthétique toutes les croyances qui ont peigné le
monde arabe depuis l’Antiquité, à travers les fouilles
archéologiques. Le troisième thème est « Les villes », avec
une très belle métaphore que l’architecte a rendue sous
forme de quartier où l’on découvre les diverses activités,
les différentes communautés religieuses, le mariage et la
vie quotidienne. Le quatrième thème est consacré à «
L’expression de la beauté », et le cinquième « Un temps de
vivre » … Les objets sont présentés dans d’immenses vitrines
comme des coffres, les œuvres sont suspendues, superposées
et mélangées.
Le
public va donc découvrir des œuvres de beaucoup d’horizons.
22 pays arabes sont présentés dans le musée. « Le visiteur
sera dans un voyage qui va lui faire découvrir des choses
très différentes, mais qui composent une harmonie. C’est
Dominique Baudis, alors président de l’IMA, qui avait décidé
en 2008 de rénover le musée. Il avait le sentiment que le
musée était un peu abandonné au profit des expositions
temporaires. Il était devenu la Belle au bois dormant »,
indique Marie Foissy. Les travaux de rénovation ont coûté 5
millions d’euros dont une grande part apportée par la
Fondation Jean-Luc Lagardère, le Koweït et l’Arabie saoudite.
Pour ses
25 ans, outre la réouverture du musée, trois expositions
temporaires sont prévues : en mars, « Le corps découvert » ;
en octobre, « 25 ans de création » ; et en novembre, « Mille
et une nuits ». Et dans une période extrêmement agitée dans
plusieurs pays du monde arabe, l’IMA tente parallèlement de
mettre en lumière des pays comme la Tunisie, l’Egypte, la
Syrie ou la Libye.
Amira
Samir
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Une fondation à trois objectifs
L’Institut du Monde Arabe (IMA) est une fondation de droit
français à visée culturelle, réunissant la France et les 22
Etats de la Ligue arabe. L’idée de créer à Paris un institut
du monde arabe remonte aux années 1970. L’objectif était de
faire connaître le monde arabe contemporain et la
civilisation arabo-musulmane.
Inauguré
le 30 novembre 1987 à Paris par l’ex-président François
Mitterrand, l’IMA est devenu aujourd’hui un véritable « pont
culturel » entre la France et le monde arabe.
Fondation conçue pour faire connaître et rayonner la culture
arabe, l’IMA est financée par la France et 22 pays arabes (Algérie,
Arabie saoudite, Bahreïn, Djibouti, Egypte, Emirats arabes
unis, Iraq, Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Maroc,
Mauritanie, Oman, Palestine, Qatar, Somalie, Soudan, Syrie,
Tunisie, Comores et Yémen).
L’IMA
s’est fixé trois objectifs. Le premier est de développer et
approfondir en France l’étude, la connaissance et la
compréhension du monde arabe, de sa langue, de sa
civilisation et de son effort de développement. Le deuxième
est de favoriser les échanges culturels, la communication et
la coopération entre la France et le monde arabe, surtout
dans les domaines des sciences et des techniques. Et le
troisième est de participer ainsi à l’essor des rapports
entre la France et le monde arabe, en contribuant au
resserrement des relations entre celui-ci et l’Europe.
Créé par
un collectif d’architectes (Jean Nouvel, Gilbert Lezenes,
Pierre Soria et Architecture Studio) sur les quais,
regardant le chevet de Notre-Dame, l’Institut du monde arabe
est un lieu unique par la modernité de son architecture. Le
bâtiment constitue une synthèse allégorique entre
conceptions architecturales d’Orient et d’Occident. Toute
une série d’éléments architecturaux issus de la tradition
orientale constitue le bâtiment de l’IMA : moucharabiehs de
la façade, cour intérieure, ziggourat de la tour des livres
... La façade sud est composée de 240 moucharabiehs dont le
mécanisme est actionné électroniquement. L’ouverture des
diaphragmes est réajustée toutes les heures pour s’adapter à
la luminosité extérieure et créer un jeu de lumière à
l’intérieur du bâtiment.
La
terrasse, située au 9e et dernier étage de l’IMA, offre un
point de vue imprenable sur le chevet de Notre-Dame. Cet
espace à ciel ouvert de 300 m2 peut être aménagé selon la
météo pour un cocktail ou un dîner assis. Il est possible de
la privatiser en complément de la salle du Haut conseil,
située au même étage.
Amira
Samir
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