La
colère des juges
Makram M. Ahmad
Editorialiste
Les
catastrophes engendrent parfois des bénéfices, car sans la
décision de lever l’interdiction de quitter le pays pour les
activistes américains impliqués dans l’affaire du
financement étranger, il n’y
aurait pas eu le choc qui a suscité la colère des juges.
Ils ont alors décidé de mettre
définitivement fin à toutes les tentatives d’ingérence dans
la justice et d’empêcher toutes formes d’attaque contre le
pouvoir judiciaire, alors que l’honneur de la justice et de
la nation a été humilié comme jamais vu avant. Je pense que
seuls les juges, sans l’intervention de n’importe quelle
autre autorité, ont la capacité d’affronter la situation
et de corriger la défaillance qui
a résulté des fissures existantes dans la loi du pouvoir
judiciaire et qui ont mené à la crise actuelle.
Il
est sûr que les juges vont réussir à tenir leur assemblée
générale avec une majorité écrasante leur permettant
d’obliger toutes les parties impliquées dans l’affaire à
dévoiler les mystères qui l’entourent. C’est le rôle des
juges de savoir s’il est uniquement question d’une mauvaise
gestion et compréhension de la part de la Cour du conseiller
Abdel-Moez Ibrahim, qui a réclamé aux juges chargés de
l’affaire de se retirer pour des causes qui se sont ensuite
révélées erronées. Et dès qu’il
s’est accaparé de l’affaire, il s’est précipité de changer
sa classification pour en faire un délit justifiant ainsi la
décision de lever l’interdiction de départ.
Ce choc
énorme a tout à fait basculé pour apporter une défaite
écrasante à la volonté politique égyptienne. Et la défaite
est devenue de plus en plus amère avec les déclarations
provoquantes des Américains annonçant leur intention d’aider
l’Egypte auprès des institutions internationales de
financement et chez l’Arabie saoudite et les pays du Golfe
pour régler sa crise financière de l’Egypte.
Et ce, comme récompense d’avoir
souillé l’honneur de la justice égyptienne.
Malheureusement, les accusations sont distribuées au hasard
pour atteindre le Conseil suprême des forces armées, le chef
du gouvernement, le ministre de la Justice, la Cour de
Abdel-Moez Ibrahim sans attendre les résultats des enquêtes
qui dévoileront certainement les circonstances de l’affaire.
Et qui peuvent également aboutir
à l’annulation du mandat décrété au profit du conseiller
Abdel-Moez Ibrahim par l’assemblée générale des conseillers
de la Cour pénale. C’est ainsi qu’il
peut être interdit de s’installer sur l’estrade de la
justice jusqu’à l’âge de la retraite. Le plus
important est que les juges
égyptiens insistent à aller jusqu’au bout de l’histoire pour
corriger l’image en entier et promulguer une nouvelle loi
plus ferme pour le pouvoir judiciaire. Une loi qui renforce
les sanctions contre tous ceux qui interviennent dans les
affaires de la justice et qui a pour objectif de rendre la
responsabilité de la surveillance judiciaire à l’autorité du
Conseil suprême de la justice au lieu du ministère de la
Justice. Et ce, pour empêcher les
ingérences du ministre de la Justice dans les affaires de
transfert et de délégation des juges et aussi de
détermination des circonscriptions. La nouvelle loi vise
également à empêcher les conseillers d’occuper tout poste à
plus de trois ans de la retraite et à sauvegarder la
dépendance et l’honneur de la justice
égyptienne .