Palestine .
La liquidation par Israël du chef du Comité de Résistance
Populaire (CRP) à Gaza a donné lieu à un affrontement entre
les groupes de résistance palestiniens et l’armée
israélienne. Bilan : une dizaine de morts et des centaines
de blessés.
Subite escalade de violence
Une
dizaine de morts et des centaines de blessés. C’est le bilan
des raids israéliens menés cette semaine sur la bande de
Gaza, les plus meurtriers depuis plus de trois ans. Tout a
commencé par l’élimination ciblée, vendredi dernier, par
Israël, de Zouheir Al-Qaossi, chef du CRP, mouvement basé à
Gaza qui prône la lutte armée contre Israël. Une avalanche
de roquettes a alors été tirée en guise de représailles à
partir de Gaza sur le territoire israélien entraînant une
riposte de l’armée israélienne, qui a déclaré cette semaine
avoir visé des sites « utilisés par les organisations
terroristes pour lancer des roquettes à longue portée,
supérieure à 40 kilomètres, contre Israël ». Insistant sur
sa position, le premier ministre Benyamin Netanyahu a assuré,
lors d’une visite dans le sud d’Israël, que les « opérations
à Gaza allaient continuer tant que cela sera nécessaire ».
Pour
attirer la sympathie de la communauté internationale, Israël
a demandé dimanche au Conseil de sécurité de prendre des
mesures pour empêcher ces attaques, lui demandant de
condamner sans équivoque les tirs incessants de roquettes.
Dans une lettre au Conseil, le vice-ambassadeur d’Israël à
l’Onu, Haim Waxman, a prévenu qu’Israël « prendrait toutes
les mesures nécessaires pour protéger ses citoyens et
continuera à exercer de manière appropriée son droit à la
défense légitimée ». Jusqu’à présent, les dirigeants
israéliens ont écarté une opération militaire terrestre
d’envergure dans la bande de Gaza.
Défendant son pays occupé, le représentant palestinien à
l’Onu, Riyad Mansour, a demandé, pour sa part, au Conseil de
sécurité d’agir d’urgence pour répondre à la crise, accusant
Israël d’être la cause de cette escalade de la violence
meurtrière et de la terreur. Même son de cloche pour les
ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, réunis
au Caire, qui dénoncent une « escalade dangereuse » et
demandent à la communauté internationale de prendre une
position ferme pour dissuader Israël de poursuivre ses
massacres et ses violations des droits du peuple palestinien.
Déjà l’Onu a condamné les violences, et l’Union européenne a
exhorté toutes les parties à éviter l’escalade et à rétablir
le calme.
En
réaction à cette nouvelle flambée de violence, des contacts
ont été pris samedi 11 mars entre le Hamas, au pouvoir à
Gaza, et l’Egypte, afin de réinstaurer une trêve tacite avec
Israël. « Tous les groupes (armés) palestiniens ont une
attitude positive, mais ils affirment tous que l’agression
israélienne doit cesser avant toute discussion sur une trêve
», a dit Taher Al-Nounou, un porte-parole du Hamas à Gaza. «
Le premier ministre (du Hamas) Ismaïl Haniyeh a engagé des
contacts intensifs pour stopper l’agression contre Gaza. La
priorité du gouvernement est de protéger notre peuple et de
mettre fin à cette agression », a ajouté le porte-parole.
Le Jihad
islamique, groupe radical responsable d’une grande partie
des tirs de roquettes, a affirmé dans un communiqué que sa
branche militaire allait poursuivre ses opérations quel que
soit le prix. « A l’escalade, nous répondrons par l’escalade
», souligne le texte. Le Jihad islamique, qui a perdu 10 de
ses militants lors des raids israéliens, n’est pas impliqué
dans les contacts visant à instaurer une trêve, a indiqué
l’un de ses porte-parole.« Il n’y a pas de contact. Si
l’agression israélienne continue et s’il y a davantage de
victimes, il n’y aura aucune possibilité de discuter d’un
retour au calme », a affirmé Daoud Shihab.
Avant
cette flambée de violence, le Hamas respectait une trêve de
fait avec Israël. Le président de l’Autorité palestinienne,
Mahmoud Abbas, a également discuté de la possibilité de
renouveler cette trêve en vue « d’arrêter l’agression contre
notre peuple ». Abbas a également lancé des appels à
l’Egypte, à l’Union européenne et au Quartette pour le
Proche-Orient (Onu, Etats-Unis, UE et Russie) pour qu’ils
interviennent, afin de mettre fin à l’agression israélienne
dans la bande de Gaza.
A cet
égard, les membres du Quartette, qui tentent de débloquer le
processus de paix israélo-palestinien, ont tenu une réunion
à New York. Cette dernière intervient alors que le processus
de paix israélo-palestinien est au point mort depuis
septembre 2010. En 2011, le Quartette avait lancé un appel
pour un accord israélo-palestinien d’ici la fin 2012,
demandant en particulier aux parties prenantes de se garder
d’actes provocateurs pour que les négociations soient
efficaces. Depuis lors, Israéliens et Palestiniens ont tenu
des réunions exploratoires, mais sans parvenir à relancer
des négociations directes entre les deux camps. Pour
reprendre les pourparlers, le président Abbas exige comme
condition à cette reprise qu’Israël accepte la création d’un
Etat palestinien sur tous les territoires occupés lors de la
guerre de 1967. Les Palestiniens réclament notamment un gel
complet de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est,
auquel se refuse le premier ministre israélien. De son côté,
Israël exige des Palestiniens qu’ils commencent des
négociations directes sans conditions préalables.
Maha
Salem