Al-Ahram Hebdo, Idées | Toucher aux icônes

  Président
Abdel-Fattah El Gibali
 
Rédacteur en chef
Hicham Mourad

Nos Archives

 Semaine du 14 au 20 mars 2012, numéro 913

 

Contactez-nous Version imprimable

  Une

  Evénement

  Enquête

  Nulle part ailleurs

  Egypte

  Economie

  Monde Arabe

  Afrique

  Monde

  Opinion

  Société

  Arts

  Idées

  Francophonie

  Littérature

  Visages

  Environnement

  Voyages

  Sports

  Vie mondaine

  Echangez, écrivez



  AGENDA


Publicité
Abonnement
 
Idées

Polémique . Un critique objectif peut-il reconnaître le poids d’une œuvre sans nécessairement être fasciné par elle ? La question est au cœur du débat déclenché voilà trois semaines sur les pages culturelles des journaux.

Toucher aux icônes

Cela a commencé lorsque la poétesse et critique palestinienne Salma Al-Khadraa Al-Jayyoussi a donné un entretien exclusif au journal Oman et a dit : « Je ne considère pas Mahfouz comme un écrivain qui me donne du plaisir. Il n’est pas un grand romancier, bien qu’il ait fondé les bases du roman arabe ». Al-Khadraa a affirmé qu’elle préférait à Mahfouz le Libano-français Amin Maalouf.

Le fait d’oser toucher au Nobel égyptien, à l’icône de la littérature arabe, même s’il est question de l’avis personnel d’une critique renommée, a soulevé écrivains, journalistes et intellectuels de tous bords. Ils reprochent à Jayyoussi d’avoir prétendu que, sans elle, Mahfouz n’aurait pas obtenu le prix Nobel. Or, Jayyoussi dément ces propos. Dans une lettre adressée à Gamil Matar, conseiller de rédaction du quotidien Al-Shorouk, Salma Al-Khadraa explique en détail la vérité de l’histoire et répond aux citations, selon elle, tronquées qui lui ont été attribuées et aux exagérations qui ont suivi son fameux entretien. Elle soutient que ses propos ont été sortis de leur contexte. Elle qualifie d’allégorique la phrase qui a été rapportée en son nom et qui concerne son rôle dans l’attribution du Nobel à Mahfouz . « Si Naguib Mahfouz était vivant, il aurait ri avec moi sur ce qu’on dit maintenant », rétorque la critique palestinienne.

Dans sa lettre, elle raconte qu’elle avait répondu en 1985 à un appel du porte-parole du prix Nobel d’écrire un rapport sur la poésie arabe contemporaine. Voulant donner une idée sur la prose arabe, elle a déposé une étude sur quatre poètes et le romancier Naguib Mahfouz. « Une fois le Nobel annoncé, j’ai été invitée à la cérémonie, et mon amie l’épouse de l’ambassadeur d’Allemagne en Suède, m’a dit qu’Andreas Rydberg, porte-parole du Nobel, a dit aux deux filles de Mahfouz et à l’écrivain et dramaturge Mohamed Salmawy (qui a lu la lettre de Mahfouz à la cérémonie), que 60 % du succès de Mahfouz me revenait », se rappelle Salma Al-Khadraa. Et d’ajouter que c’est ce qui explique pourquoi on l’a invitée à la cérémonie à laquelle on n’invite traditionnellement que la famille du lauréat.

La mystification de Mahfouz dans la presse culturelle a fait que bon nombre d’écrivains ont mal reçu les propos de Jayyoussi à tel point d’omettre le bien-fondé de son discours. Ainsi on a rapporté que la critique palestinienne a souligné l’absence d’un membre du jury connu pour être contre le Nobel égyptien, alors hospitalisé. Ceci afin de prouver qu’Al-Jayyoussi trouvait que seul le hasard était derrière l’attribution du prix à Mahfouz. Alors que la vérité qu’elle a mentionnée dans sa lettre est qu’un proche du comité de Nobel lui avait montré du doigt un membre du jury du Nobel, sur une chaise roulante, et l’a désigné comme étant une des figures anti-Arabes, et que sa présence aurait influencé négativement le cours de la nomination. « Cela ne veut pas dire, affirme Al-Jayyoussi, que Mahfouz a reçu le prix par hasard comme certains l’ont interprété, mais plutôt que nous sommes, culture et société, dans une bataille acharnée contre ceux qui veulent nous affaiblir, nous isoler et dénier nos capacités ». Les principes de la critique artistique et littéraire donnent l’opportunité, de tout temps, de remettre en cause l’œuvre. Et ceci en plus de la possibilité d’exprimer le goût personnel qui peut être en contradiction avec l’objectivité de la critique.

Dina Kabil

Retour au sommaire

 




Equipe du journal électronique:
Equipe éditoriale: Howaïda Salah -Héba Nasreddine
Assistant technique: Karim Farouk
Webmaster: Samah Ziad

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Usage strictement personnel.
L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence

de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.