Al-Ahram Hebdo, Egypte |

  Président
Abdel-Fattah El Gibali
 
Rédacteur en chef
Hicham Mourad

Nos Archives

 Semaine du 14 au 20 mars 2012, numéro 913

 

Contactez-nous Version imprimable

  Une

  Evénement

  Enquête

  Nulle part ailleurs

  Egypte

  Economie

  Monde Arabe

  Afrique

  Monde

  Opinion

  Société

  Arts

  Idées

  Francophonie

  Littérature

  Visages

  Environnement

  Voyages

  Sports

  Vie mondaine

  Echangez, écrivez



  AGENDA


Publicité
Abonnement
 
Egypte

Justice . Le médecin accusé d’avoir pratiqué des « tests de virginité » forcés sur des manifestantes l’an dernier a été relaxé dimanche par un tribunal militaire.

L’indignation des activistes

Prévu, le verdict a néanmoins été qualifié de choquant. L’acquittement dimanche du médecin militaire, accusé d’avoir fait subir des « tests de virginité » à des manifestantes l’an dernier, n’a pas manqué de susciter l’indignation générale. Poursuivi pour « atteinte à la pudeur et non-respect des ordres » à la suite de la plainte d’une manifestante, Samira Ibrahim, le médecin soldat Ahmad Adel a été relaxé par le tribunal, celui-ci ayant jugé les témoignages « contradictoires ». La décision repose sur « ce qui a été prouvé dans les documents et a été prise en mon âme et conscience », a déclaré le juge, assurant qu’il n’avait pas subi de « pressions ».

Samira Ibrahim, 25 ans, originaire de Sohag en Haute-Egypte, a été l’une des 17 femmes arrêtées le 9 mars 2011 par la police militaire lorsqu’un sit-in observé sur la place Tahrir a été dispersé dans la violence.

Dans des vidéos postées sur le site YouTube, elle a raconté qu’elle-même et d’autres femmes avaient été électrocutées par des militaires et battues toute une nuit, avant d’être transférées dans une prison militaire. « Un officier a dit qu’on allait voir si nous étions des prostituées ou non », avait-elle raconté. Selon la plaignante, elle et 6 autres femmes ont subi des tests de virginité dans une prison militaire. En avril 2011, des avocats et des activistes d’organisations humanitaires ont intenté un procès contre le soldat en question qui avait été identifié par les victimes. Initialement accusé pour agression sexuelle, le soldat a vu son chef d’accusation réduit par le procureur militaire. Huit mois plus tard, le procès a été examiné par le tribunal militaire, mais ce n’était plus qu’une affaire « d’indécence publique ». « Le fait que l’affaire a été jugée par un tribunal militaire est un désastre » et la relaxe prononcée « est une farce », a déclaré Samira Ibrahim après le jugement. « Ce n’est pas mon honneur qui a été violé, c’est celui de l’Egypte », a-t-elle posté sur son compte Twitter.

« Ce jugement montre combien la justice militaire est politique et manque d’indépendance », a affirmé Heba Morayef, représentante en Egypte de l’organisation Human Rights Watch (HRW). Ce procès « a des implications importantes et va faire reculer les espoirs de voir l’armée tenue de rendre des comptes », a-t-elle ajouté.

« Ce jugement est une preuve que les cas d’abus aux droits de l’homme doivent être examinés par des tribunaux civils », a également réagi dans un communiqué Amnesty International.

Choqué par ce verdict

Gamal Eid, directeur exécutif du Réseau arabe d’information sur les droits de l’homme, se dit choqué par ce verdict qu’il juge « inséparable de l’acquittement des tueurs des manifestants » tués dans des heurts avec les forces de l’ordre depuis la révolution. « Ce n’est pas un conseil révolutionnaire, c’est le conseil du président Moubarak », ajoute Eid en référence au Conseil suprême des forces armées qui gère le pays depuis la chute du président Hosni Moubarak.

L’avocat de la plaignante, Adel Ramadane, un avocat de l’Initiative égyptienne pour les droits de l’individu, estime que sa cliente n’avait aucune chance. « Nous avions besoin d’une justice indépendante et non d’une branche de l’institution militaire », dit-il en référence au tribunal qui a prononcé le verdict. Alors que l’avocate du médecin acquitté, Howayda Salem, affirme que le dossier à charge n’était « pas solide dès le départ et était porté par la pression médiatique ».

Se donnant le droit de s’exprimer après avoir terminé son service militaire et retrouvé son statut civil, le médecin en question pense, de son côté, avoir servi de bouc émissaire. « Les accusations portées contre moi ne sont que des allégations illogiques qui visent à se venger de l’armée en ma personne », dit-il.

Dans une déclaration commentant la décision du tribunal, le numéro un de la justice militaire, Mahmoud Morsi, a affirmé que ce verdict prouve que « la justice militaire, tout comme la justice civile, ne se laisse pas influencer par les pressions ».

Si pour les militaires, l’affaire est classée, les défenseurs des droits de l’homme ne veulent pas baisser les bras. Déjà, des organisations féministes appellent à profiter de la Journée des femmes, fêtée le 16 mars en Egypte, pour organiser des protestations de masse dénonçant ce verdict. Sur le volet judiciaire, les choix sont aussi limités. Etant donné que le pourvoi en appel doit être approuvé par le procureur militaire, les avocats de Samira Ibrahim évoquent le recours à la justice internationale, notamment la Commission africaine des droits de l’homme.

Chérif Albert

Retour au sommaire

 




Equipe du journal électronique:
Equipe éditoriale: Howaïda Salah -Héba Nasreddine
Assistant technique: Karim Farouk
Webmaster: Samah Ziad

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Usage strictement personnel.
L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence

de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.