Siwa .
Une de nos lectrices décrit le terrible incendie qui a
frappé l’oasis il y a quelques jours ainsi que la négligence
des responsables à tirer profit des trésors naturels du
pays.
Il
est temps d’exploiter nos richesses
Bien que
l’Egypte possède des ressources naturelles riches, la
négligence frappant la plupart des institutions étatiques
contribue au gaspillage d’une grande partie de ces trésors
divins. C’est ce qui vient d’être dévoilé la semaine
dernière suite à l’incendie de l’oasis de Siwa, avec la
découverte par hasard de la présence d’une mine de soufre.
Cette découverte permettra sans doute au pays de profiter de
ses revenus au lieu de chercher à s’endetter de l’étranger.
Mais ce qui est touchant dans cette histoire, c’est la
nonchalance et le laxisme de l’Etat qui se laisse découvrir
des ressources par le pur hasard au lieu d’avoir des plans
stratégiques et scientifiques à cet égard permettant
d’exploiter ses richesses naturelles. Ces trésors pourront
relancer l’économie de l’Egypte et régler ses crises
financières. Ce qui nous manque donc ce ne sont pas les
ressources, mais la volonté de creuser pour le bien du pays.
L’histoire a commencé par un énorme incendie dans les
cultures de Machandet, au village Al-Maraki, dépendant de
l’oasis de Siwa, ravageant plus de 70 feddans d’oliviers, de
2 500 palmiers et arbres. Concernant la cause de l’incendie,
le général Mohamad Hani Zaher, expert en recherches
militaires, a dit que l’incendie de l’oasis de Siwa n’est
pas un accident naturel, mais est provoqué par les bandes
internationales organisées qui font passer de la drogue et
des armes en Egypte sur les frontières égypto-libyennes, et
il a dit que 6 700 millions de L.E. étaient le montant des
armes arrivées en Egypte. Toutefois, et malgré l’ampleur de
cette catastrophe, on découvre lors du recensement de ces
dégâts une mine de soufre dans Siwa.
Les
experts ont mis en garde contre la possibilité d’autres
incendies à cause de la nature combustible du soufre. L’un
des propriétaires des terrains incendiés a assuré
l’existence d’une mine de soufre dont les habitants de
l’oasis connaissaient l’existence depuis longtemps. Il
paraît que si les habitants se sont donné le droit
d’exploiter à leur profit cette mine, c’est en premier lieu
la faute d’un Etat qui néglige ses trésors et les gaspille.
Ne
vaut-il pas mieux pour l’Egypte d’œuvrer pour découvrir ses
ressources naturelles et en profiter au lieu de s’endetter à
l’étranger ? Des dettes qui non seulement handicapent
l’économie, mais aussi soumettent l’Egypte à la dépendance
d’autres pays. Il est paradoxal que ces pays soient plus
conscients de la richesse de l’Egypte et aspirent à les
usurper alors que les Egyptiens ignorent son importance et
s’abstiennent de faire le moindre effort pour les découvrir.
Allez l’Egypte, il est temps de s’engager dans un travail
sérieux pour avancer. Tout ce qui manque à l’Egypte c’est le
dévouement au travail et la loyauté au pays, voici la
feuille de route pour une Egypte riche et indépendante.
Noha
Abou Al-Foutouh,
faculté d’économie et de sciences politiques,
Le Caire.
La
non-vie des pauvres
La
semaine passée, Am Mohamad Abou-Chaabane est décédé. Je sais
que cela ne concerne pas la plupart des lecteurs, mais son
décès m’a profondément touchée. Am Abou-Chaabane était le
concierge de mon immeuble. Un pauvre homme de 70 ans qui est
arrivé de Haute-Egypte avec de grands espoirs de mener une
vie décente et de garantir à ses enfants un meilleur avenir.
Au long des années, Am Abou-Chaabane était honnête. Il se
réveillait tôt pour aller à la prière, ensuite, il
commençait sa journée par laver les voitures de la rue. Il
n’a jamais causé de problèmes, et malgré son analphabétisme,
il était éveillé, conscient de ses devoirs et de ses droits.
Bref, Am Abou-Chaabane, comme il aimait qu’on l’appelle,
était un exemple des Egyptiens marginalisés, qui arrivent et
meurent en silence sans que personne ne s’en aperçoive.
Comme les pauvres Egyptiens qui meurent chaque jour de
négligence dans les hôpitaux. Le décès de Am Abou-Chaabane
est dû à sa pauvreté. Après avoir subi un accident de route,
Am Abou-Chaabane, n’ayant pas les moyens, a été obligé
d’entrer dans un hôpital gouvernemental gratuit. Et parce
que l’hôpital est gratuit, personne ne s’intéressait à ces
pauvres malades. Finalement, une simple jambe cassée a mené
à ce que Am Abou-Chaabane perde la vie. Les espoirs d’un
changement et d’une amélioration des conditions du pays qui
ont accompagné la révolution se sont transformés en de
graves déceptions. Rien n’a changé, le prix de l’Egyptien se
détermine toujours d’après ce qu’il possède. Et les pauvres
dans mon pays n’ont pas encore le droit pour vivre. Je suis
sûre que Am Abou-Chaabane est maintenant dans une meilleure
place, il est en repos. Adieu Am Mohamad, un Egyptien qui
est mort au milieu de ce chaos, avant de pouvoir vraiment
vivre.
Nadine Alfred,
Le Caire.
Les
Hommes qui ne meurent pas !
La cause
palestinienne et toutes les justes causes à travers le monde
ont perdu un grand ami. Oui, notre ami Jean Baumgarten,
succombant à une grave maladie. Il nous a quittés
corporellement certes, mais il restera dans les pensées et
les cœurs de tous ceux qui l’ont approché, apprécié sa
combativité, voire aimé. Nous lui assurons que nous
continuons son combat, notre combat, celui de défendre la
justice et dénoncer les barbares de ce monde injuste qu’il a
combattu lui-même durant toute sa vie.
Il fait
partie des hommes qui ne meurent pas, ceux dont la mort pèse
le poids d’une montagne, car leurs actes et leurs œuvres
témoignent de leur grandeur, leurs souvenirs restent vivants
dans chacun des esprits nobles. Et Jean Baumgarten était de
ces hommes-là.
Né à
Paris il y a 80 ans de parents juifs polonais ayant souffert
de la persécution xénophobe, comme la majorité des juifs
d’Europe de l’époque, il est venu avec ses parents
s’installer en France pour éviter le pire à leur progéniture
; mais le petit Jean et ses semblables n’ont pas fait
l’exception, ils ont été frappés eux aussi de plein fouet
par cette ignominie de la xénophobie sous l’occupation nazie.
Il a
vécu en tant qu’enfant caché, à Grenoble, jusqu’à la fin de
la guerre. Jean est survivant, mais la majorité de sa
famille a été exterminée par les Nazis.
Et la
révolte contre l’injustice ne s’arrête pas là pour l’enfant
Jean, devenu jeune garçon. Etant adolescent, il a été enrôlé
dans les « Eclaireurs israélites de France » où il a été
endoctriné par l’idéologie sioniste à tel point de lui
demander (en 1948), comme pour beaucoup d’autres jeunes
juifs, d’aller en Palestine pour combattre aux côtés de «
ses frères ». Mais Jean a vite compris que cette idéologie
colonisatrice était un danger pour les juifs eux-mêmes. Très
jeune, Jean avait déjà choisi son chemin : la lutte contre
le racisme, l’injustice et les idéologies de la haine, et
clame haut et fort son anti-sionisme.
La
création de l’Etat d’Israël en terre de Palestine, au
détriment du peuple palestinien, lui a donné une prise de
conscience supplémentaire du danger de l’impérialiste
sioniste. Il s’est rendu compte que le sionisme avait
exploité les victimes juives du nazisme comme un fonds de
commerce pour arriver à réaliser son projet déjà conçu
depuis la création de l’organisation sioniste en 1898 :
l’occupation de la Palestine. C’est alors que le jeune Jean
Baumgarten décide de lutter avec toutes ses forces contre le
trio des « ismes » : le nazisme, le fascisme et le sionisme.
Militant
engagé, notre ami Jean Baumgarten épouse la cause
palestinienne et mène une lutte sans complaisance contre
l’idéologie sioniste et la politique coloniale de l’Etat
d’Israël. Il est aussi un écrivain polyvalent de talent. Il
a écrit plusieurs pièces sur la Palestine ainsi qu’un livre
intitulé En finir avec le sionisme. Son dernier livre fut
L’économie mondiale à bout de souffle : l’ultime crise du
capitalisme, édité en 2011 par L’Harmattan.
Chérif Boudelal,
France.