Iran .
Alors que les menaces de guerre s’éclipsent temporairement,
un nouveau cycle de négociations nucléaires entre Téhéran et
les Occidentaux se profile à l’horizon. Pourtant, les
espoirs en une percée restent limités.
Nouvel élan pour la diplomatie
La
diplomatie ou la guerre ? Deux revers d’une même médaille,
mais qui aura le dernier mot dans le dossier nucléaire
iranien ? Jusqu’à présent, l’image semble floue et indécise
et tous les scénarios sont sur la table.
Poings
liés face à un ennemi redoutable et têtu, le Conseil des
gouverneurs de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique
(AIEA) a clôturé, cette semaine, ses 5 jours de travail sur
le nucléaire iranien, sans réaliser aucune avancée. Après
des semaines où l’on n’entendait parler que de frappe
militaire, les grandes puissances ont tenté, cette semaine,
de privilégier la voie de la diplomatie, demandant à Téhéran
« de s’engager, sans conditions préalables, dans un
processus de dialogue sérieux » afin qu’une date puisse être
fixée pour reprendre les discussions sur le programme
nucléaire. Le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie,
Grande-Bretagne, France et Allemagne) exige notamment que
les inspecteurs onusiens puissent enfin se rendre dans la
base militaire de Parchin, où l’AIEA pense savoir que des
tests d’explosion nucléaire ont eu lieu. Au cours de deux
récentes missions, les experts de l’agence n’ont pas été
autorisés à s’y rendre.
Soufflant le chaud et le froid, le régime iranien s’est dit
prêt, cette semaine, à ouvrir le site militaire de Parchin à
l’AIEA, une fois qu’un accord sera obtenu sur les modalités
de la visite. « Il faut se souvenir que Parchin a été visité
à deux reprises par l’agence en 2005. Etant donné qu’il
s’agit d’un site militaire, en accorder l’accès est un
processus qui prend du temps », a indiqué la représentation
iranienne auprès de l’AIEA. Passant à l’offensive, le
président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a défié dimanche les
Occidentaux en claironnant que son pays ne redoutait aucune
action militaire. « La nation iranienne ne craint ni vos
bombes, ni vos navires de guerre ni vos avions. Cet arsenal
ne vaut rien ! », a lancé le président.
En dépit
de cette ambiguïté iranienne, d’aucuns évoquent la date du
début avril comme début de négociations entre les grandes
puissances et Téhéran. Des négociations vouées à l’échec,
selon les experts, car les deux parties maintiennent des
positions inconciliables sur le nucléaire.
Position
américaine claire
Aux
antipodes des semaines écoulées, les menaces de la guerre
s’étaient tuées temporairement cette semaine. Déjà, la
position de l’administration américaine sur une frappe
militaire est claire. Washington s’est déployé, à maintes
reprises, à convaincre Tel-Aviv de ne pas sombrer
immédiatement dans une guerre sans foi ni loi. Même s’il y a
accord entre Washington et Tel-Aviv pour empêcher le régime
iranien d’accéder à la bombe nucléaire, Obama et Netanyahu
divergent sur la stratégie à suivre et sur le timing. Le
premier opte pour un durcissement des sanctions, alors que
le second privilégie la violence.
Lors de
sa réunion la semaine dernière avec le premier ministre
israélien, le président américain a proposé à Netanyahu des
bombes anti-bunker sophistiquées et des avions de
ravitaillement à longue portée s’il s’engageait à ne pas
lancer de frappe contre l’Iran cette année, rapporte le
quotidien israélien Maariv.
Partisan
d’une politique de retenue, le président israélien, Shimon
Pérès, a estimé qu’il fallait « d’abord essayer les
sanctions » contre l’Iran. « Si nous devons choisir,
commençons par l’option non violente », a-t-il ajouté.
Pour la
première fois, le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a
apprécié dimanche la position d’Obama, appelant à éviter
toute frappe contre l’Iran. « Ce sont de bonnes déclarations
qui montrent que les Américains sortent d’une illusion », a
déclaré Khamenei. Le numéro un iranien a toutefois
immédiatement nuancé cette rare appréciation positive à
l’égard du président américain, regrettant que M. Obama ait
réaffirmé sa volonté de renforcer les sanctions contre le
nucléaire iranien.
Selon
les experts, le président américain est entre le marteau et
l’enclume. D’une part, il doit empêcher l’Iran de se doter
de l’arme nucléaire et d’autre part, il tente d’éviter
qu’Israël ne frappe les installations nucléaires iraniennes
pour ne pas sombrer dans une nouvelle guerre sans merci,
après son échec cuisant en Afghanistan. Tels sont les deux
poids qui tiraillent le numéro un américain. Un tiraillement
qui s’avère de plus en plus épineux, à l’approche des
présidentielles américaines en novembre prochain.
Maha
Al-Cherbini