L’imbroglio
Place Tahrir
Ce fut comme un coup de foudre, ces scènes de violence
qui ont éclaté samedi sur la place
Tahrir. Nul ne s’y attendait. La veille, ce fut
un vendredi de protestation qui s’est très bien déroulé.
Enfin, tous les représentants du mouvement
révolutionnaire étaient là ayant une seule exigence, du
moins une revendication fondamentale, s’assurer d’un
transfert du pouvoir aux civils avant la fin du mois
d’avril 2012. Pour le reste, il s’agissait aussi
d’exiger de réaliser des demandes de la population
exprimées depuis des mois et qui ne semblent pas avoir
eu d’échos chez les responsables.
Mais tout le choc est venu lorsque le chaos s’est emparé
de la place Tahrir samedi,
menaçant la stabilité du pays et le processus électoral
devant commencer le 28 novembre. Les accusations vont
bon train entre les manifestants et les forces de
l’ordre. Mais ce qui est évident, c’est l’incapacité des
autorités à gérer la crise. Des rumeurs de toutes sortes
courent : un complot se déroule pour déstabiliser
l’Egypte.
Les protestataires de Tahrir,
ceux qui restaient samedi, appartiendraient à des forces
hostiles. Ce que la télévision d’Etat a répété sans dire
qui sont ces forces qui en veulent à l’Egypte. Certes,
des pays ne sont pas satisfaits du printemps arabe, mais
les événements ne peuvent pas s’expliquer de cette
manière. L’intervention des forces de l’ordre samedi
matin a été jugée très violente, de quoi provoquer la
colère et mobiliser d’autres révolutionnaires qui
avaient déjà quitté la place. Ici, on peut dire que
c’est une approche erronée d’une situation où il fallait
faire preuve de tact et d’intelligence, surtout que la
sécurité centrale n’a pas bonne presse depuis janvier.
L’autre cafouillage vient du gouvernement qui semble
toujours très passif. L’armée aussi suscite des
interrogations faites d’embarras. La gravité du problème
est que cette absence de clarté et la manière si ambiguë
avec laquelle cette crise est abordée viennent mettre en
danger le processus électoral. Le ministère de
l’Intérieur a fait des déclarations où il s’engage
d’assurer la sécurité du vote. Mais comment peut-on s’en
assurer ? En même temps, les législatives représentent
un danger en soi, surtout dans les zones de Haute-Egypte
et les zones rurales où règne l’esprit de clan.
Parallèlement, les caciques de l’ancien PND apportent
une dose d’insécurité. Une prise de conscience s’avère
nécessaire pour les citoyens comme pour les autorités.
Il ne faut guère s’aventurer sur les voies périlleuses
auxquelles poussent les uns et les autres .
Al-Ahram
Hebdo