Au fil des ans, leur présence a
perdu de son ampleur et leur statut a connu une régression. Aujourd’hui, on
continue à les croiser chaque dimanche dans les églises. « Ces rendez-vous sont
sacrés, tout d’abord pour la messe mais aussi pour échanger nos nouvelles »,
dit Loula Lahham, d’origine palestinienne. Outre les messes, continue Lahham,
on tient à se voir au moins une fois par semaine aux clubs des églises ou chez
quelqu’un de la communauté, peu importe le quartier.
Héliopolis, Zamalek et le
centre-ville sont les quartiers préférés par les Chawam actuellement. Une
allure différente, des noms peu connus, un langage qui comprend quelques mots
étrangers, ce sont les indices qui peuvent révéler qu’on est devant un Chami.
Grecs catholiques, Grecs
orthodoxes, Maronites et Syriens catholiques et orthodoxes sont les sectes des
Chawam égyptiens et qui sont les mêmes dans leurs pays. « Les musulmans sont
nombreux aussi, mais on ne peut pas préciser leur nombre car ils se dirigent
vers les mosquées avec tout le monde. Les Chawam chrétiens ont leurs églises.
C’est facile d’en connaître le nombre », explique père Greich avec un accent
purement égyptien mais qui comprend beaucoup de mots français et même anglais.
Ce dernier, comme tous les Chawam,
accorde beaucoup d’importance à l’éducation. « La majorité des Libanais ou des
Syriens sont au moins bilingues », dit Greich, en affirmant que la langue
française est essentielle comme l’arabe chez les Chawam. Le domaine qui
témoigne encore de l’existence des Chawam est celui de l’art qui considère leur
passage par l’Egypte comme un passeport de succès. « L’émigration des Chawam
vers l’Egypte s’est faite normalement grâce à cette relation unique entre les
deux peuples, mais il est normal que leur nombre soit en baisse, puisque les
Egyptiens quittent eux aussi leur pays », dit le sociologue et politicien Ahmad
Yéhia Abdel-Hamid.
Ce dernier explique que les Chawam
qui vivent encore en Egypte sont le prolongement des anciennes générations et
s’insèrent très bien dans la société.
Magdi Habib, professeur, d’origine
libanaise, n’a aucun proche parent en Egypte. Sa femme n’a pas eu d’enfants, il
refuse pourtant de rentrer au Liban comme lui a conseillé sa famille. « La
patrie c’est la terre sur laquelle nous avons vécu, grandi, avons des amis et
des souvenirs. Comment la quitter après toutes ces années ? », s’interroge
Habib .
Hanaa El-Mekkawi