Jeunesse.
Avec
Internet, « rien
ne peut
plus être
caché ».
Fadi
Iskandar, jeune militant
nassérien,
opte désormais pour
ce
nouveau moyen de protestation.
Le
Web,
rassembleur de sympathisants
Appel
à manifestation
devant le
Conseil des ministres le
2 mai à
11h, vidéo-discours de
Hamdine
Sabahi à
Alexandrie en
réaction au
décès de Khaled
Saïd, vidéo
documentaire
sur les
atrocités commises par
Israël et un
poème « Al-Ahzane
Al-Adiya » (chagrins
quotidiens)
du célèbre poète Al-Abnoudi.
Tout cela
peut être
consulté
sur la page de Fadi
Iskandar du
Facebook.
Fadi
est un
activiste
politique de 26 ans. Il est
nassérien aux orientations
plutôt
socialistes. Il
croit
qu’Internet représente
une source de communication
très
efficace pour promouvoir
des idées,
rassembler des gens
ou
planifier des événements.
C’est
pourquoi il
anime plusieurs
groupes sur
Facebook et
une chaîne
sur YouTube
dans le cadre de la
campagne de candidature pour les
prochaines
présidentielles de Hamdine
Sabahi,
fondateur du
parti
nassérien Al-Karama,
dont il
est
adhérent.
Fils
de Amin
Iskandar, le fameux
activiste
politique,
il est
élevé dans
un milieu politisé. Son
père lui
expliquait les
événements
courants et les
détails de la vie
politique
depuis son enfance. Au
départ,
il
protestait, refusait
d’être impliqué et
optait pour
une vie normale,
ne
s’intéressant pas aux activités
de son père.
A 17
ans, un
événement a
changé la situation. Fadi
a eu son
bac et
s’est
inscrit en fac. Il
voulait
être policier, pour des
raisons de prestige et de sécurité.
Mais une
discussion entre le
père et
le fils a
modifié la vision du
dernier. Fadi a
dès lors
commencé à
assister à des
conférences
politiques et
à y prendre
part de manière positive. «
Autrefois,
je croyais
que les
jeunes activistes
avaient une
vie stricte,
rigide,
inintéressante.
Peu
à peu,
j’ai
découvert qu’ils
vivent
normalement comme les
autres »,
raconte-t-il. Il a
commencé à
participer aux manifestations
du Salon du
livre en 2001. Le 19 mars 2003,
l’Iraq
est
occupé, et le 20 mars, la place
Tahrir est
inondée de monde.
50 000 manifestants
contre
l’invasion de l’Iraq.
Fadi
était parmi
eux.
« Ce jour-là,
j’ai
réalisé la force des gens,
notre force »,
dit-il.
En 2004, Kéfaya,
le mouvement de protestation,
surgit.
Fadi y
participe, puis en 2005,
il
est devenu
responsable
du comité
Jeunes pour le
changement, qui
regroupe les
jeunes de
tous courants
sous
l’égide de Kéfaya.
Ses
responsabilités
étaient
l’organisation des manifestations,
grèves et
conférences. Il
réalise
alors l’impact Internet
dans ses
activités.
« Les
mains menottées, le
couloir noir
est long, sans fin, les crimes
sont écrits
devant
chaque cellule : drogues,
assassinat,
vol … L’incarcération
est une
autre
expérience », dit
Fadi d’un ton
amer. Il
a été
incarcéré en 2006 pour soutien
au mouvement
d’indépendance des
juges. «
Cette expérience
m’a donné
plus de force ». Dès
sa
libération après 17
jours de prison,
il a voulu
être plus
actif et atteindre plus
de personnes.
Alors,
il a
ouvert sa page
sur
Facebook.
Fadi
compare les 50 000 personnes qui
ont
participé à la
manifestation de l’Iraq en 2003
et les
milliers qui sont
sortis partout en
Egypte en 2010 pour
soutenir la cause de
Khaled Saïd.
D’après lui,
Facebook a
eu un
rôle majeur
dans la motivation des
gens.
80 % des
utilisateurs Internet
sont des
jeunes, d’après le
rapport du
développement humain 2010
en Egypte.
Cela ne
signifie pas
que l’effet
Internet est
limité aux
jeunes. « Moi,
comme jeune,
je peux
transmettre
à mes parents
ce
que
j’apprends par ce
moyen »,
explique Fadi,
persuadé
que ce nouveau
moyen a
développé la prise de
conscience des gens.
« Les
médias
officiels nous
refusent, tout
comme les
médias indépendants,
alors Internet
était notre
seul refuge »
explique-t-il,
avant de
donner des exemples : «
On a diffusé 10 000
vidéos, les positions de
Hamdine
Sabahi ne
sont pas
couvertes par les médias,
à cause de
notre orientation socialiste
». Fadi et
ses collègues
ont diffusé
des vidéos
sur une
chaîne
spéciale de YouTube et
ont créé
un groupe
sur Facebook pour
collecter des signatures pour
modifier les 3 articles contestés
(76, 77 et 88) de la Constitution, ont
lancé des
appels à des
réunions pour
soutenir
leur candidat.
Fadi assure
que ce
processus a
abouti à faire
venir de nouveaux
membres et a
facilité la communication avec
les adversaires.
Autre
avantage
majeur : «
Si la manifestation a lieu le
matin, le
soir, toutes les
vidéos et photos
sont en
ligne, rien
ne peut
plus être
caché ».
Mavie
Maher