Al-Ahram Hebdo, Evénement | Une force vouée à l’inertie

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 Semaine du 7 au 13 juillet 2010, numéro 826

 

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Jeunesse. Elle constitue 22 % de la population égyptienne, selon un rapport de l’Onu auquel s’est associé le gouvernement. Mais elle souffre de chômage et de répression politique. Ce qui empêche le développement de tourner à plein régime.

Une force vouée à l’inertie

« Ils en ont parlé à la télévision mais je ne sais pas de quoi il s’agit », déclare Imane. Cette jeune fille fait référence au récent rapport de l’Onu sur le développement humain en Egypte, avec « les jeunes » comme thème pour cette année 2010. Un texte qui dépasse les 300 pages détaille les problèmes et les défis auxquels font face les Egyptiens de 18 à 29 ans, soit 22 % de la population. Une jeunesse « réprimée par les autorités qui l’empêchent de participer à la vie politique », accusent les Nations-Unies dans ce rapport publié la semaine dernière, plaidant pour « une plus grande marge de liberté et moins de censure ». C’est la principale remarque, qui donne comme exemple les arrestations des jeunes blogueurs et l’absence de « canaux par lesquels les jeunes pourraient exprimer leurs opinions divergentes ou solutions aux problèmes sociaux ». Le contexte de l’Egypte d’aujourd’hui se résume par « une culture de la peur ».

Celui-ci n’a cependant pas eu d’échos défavorables de la part du gouvernement, qui a même mis en relief, dans certains médias, les aspects considérés comme étant en sa faveur. A titre d’exemple cette absence des jeunes de la scène, il l’explique par le fait qu’ils ne font pas d’efforts, ne prennent pas d’initiatives sur le plan de l’emploi et attendent que le gouvernement les prenne en charge. Une façon d’en atténuer le vrai sens. D’autant plus que le rapport intervient à un moment critique, fait de tensions entre les services de sécurité et justement les jeunes militants toutes tendances politiques confondues, à la suite du décès d’un jeune Alexandrin qui, selon les témoins, aurait été battu à mort par la police. Il coïncide aussi avec des protestations croissantes appelant à un changement politique à la veille d’un scrutin présidentiel crucial l’année prochaine. D’où une sorte d’attitude peu claire sur laquelle on ne peut guère trancher. Il y a une progression de la protestation juvénile comptant notamment sur l’Internet et autres moyens modernes de communications ainsi qu’un esprit semblant être fait de résignation ou de pragmatisme. Ce qui compte c’est de trouver du travail, pouvoir vivre, comme le démontrent les nombreux exemples contradictoires présentés dans ce dossier.

Etre à l’écart du politique pourrait d’ailleurs ne pas être un signe de désintérêt. Sur la base de discussions de plus de 400 diplômés, le rapport affirme que les jeunes Egyptiens ne font pas confiance au système électoral et évitent la politique en raison de l’intolérance des services de sécurité. « Les jeunes semblent confirmer l’importance de la démocratie, mais ne la perçoivent pas comme une plus grande priorité que gagner sa vie à l’avenir ». Ils voient les activités politiques comme inutiles et incapables de représenter une différence pour leurs problèmes immédiats ou de répondre à leurs préoccupations réelles, estime encore le rapport des Nations-Unies.

« Le potentiel pour la création d’un environnement favorable semble également être compromis par la place  de la démocratie dans le pays et par un appareil de sécurité qui ne tolère aucune forme de représentation publique », dit encore le texte, qui ne fait d’ailleurs pas le compte du système politique en Egypte offrant une très fine marge d’action à l’opposition.

Culture uniforme

Le premier ministre, Ahmad Nazif, participant au lancement officiel du rapport, a déclaré que le rapport a, avec « précision et objectivité », catalogué bon nombre de difficultés rencontrées par la jeunesse égyptienne. Même si ce texte note que les étudiants font souvent face aux « harcèlements secrets » dans l’exercice d’activités non conformes à la politique du Parti National Démocrate (PND, au pouvoir). Nazif a pourtant affirmé que son gouvernement s’emploie à surmonter ces défis en offrant des possibilités de travail appropriées pour les jeunes. Mais il relève aussi un interventionnisme, la promotion d’une culture uniforme qui soit conforme,  le marché libre, le souci d’assurer un environnement d’affaires favorable en offrant des programmes de formation professionnelle dans ce contexte.

Mais peut-on oublier que les jeunes « sont confrontés au taux de chômage élevé et qu’il ont été découragés par les niveaux perçus de corruption ? ». Les chiffres officiels tablent les chômeurs autour de 10 %. Le chômage est un grave moyen d’exclusion des jeunes, estime le texte. Or, c’est la question. « Les jeunes de l’Egypte peuvent être une formidable force au service du développement si les conditions sont mises en place pour une société tous les jeunes Egyptiens se sentent valorisés et se voient offrir des possibilités », dit le rapport de l’Onu. Il appelle le gouvernement à fournir une meilleure éducation, les possibilités de logement, d’emploi et de participation politique pour mieux associer les 20 millions d’habitants du pays, les jeunes.

L’Onu juge aussi que l’Egypte doit améliorer le système éducatif et le rendre plus accessible, en particulier pour les jeunes dont les familles ont les plus bas revenus. Entre 80 et 82 % des filles de familles pauvres n’ont aucun accès à l’éducation, ajoute le rapport. Celui-ci se heurte avec une tendance grandissante à la création de deux catégories. L’une qui appartiendrait à l’élite, financière cela s’entend, pouvant avoir accès à un niveau d’enseignement élevé, et l’autre, la majorité, qui serait poussée à un enseignement de seconde zone. Les jeunes sont une force importante, et si le rapport de l’Onu met en avant les carences gouvernementales à leur égard, les autorités ne semblent guère avoir une vision nouvelle à leur sujet. La carotte et le bâton c’est leur politique. Nazif a tenté de calmer le jeu : « Nous sommes conscients que les jeunes affrontent des difficultés, mais nous avançons sur la bonne voie ». Comment ? est la question.

Samar Al-Gamal
Ahmed Loutfi

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