Jeunesse.
Elle constitue 22 % de la
population égyptienne,
selon un
rapport de l’Onu
auquel
s’est associé le
gouvernement.
Mais elle
souffre de
chômage et de
répression
politique.
Ce qui
empêche le
développement de tourner
à plein
régime.
Une
force vouée
à l’inertie
«
Ils en ont
parlé à
la télévision
mais je
ne sais
pas de quoi il
s’agit »,
déclare Imane.
Cette jeune
fille fait
référence au récent
rapport de l’Onu
sur le
développement humain en
Egypte, avec « les
jeunes »
comme thème
pour cette
année 2010. Un
texte qui
dépasse les 300 pages détaille
les problèmes et les
défis
auxquels font face les Egyptiens
de 18 à 29
ans, soit 22 % de la
population. Une
jeunesse «
réprimée par les autorités
qui l’empêchent de
participer
à la vie politique »,
accusent les Nations-Unies
dans
ce rapport
publié la
semaine dernière,
plaidant pour «
une plus
grande marge de
liberté et
moins de censure ». C’est
la principale
remarque, qui
donne
comme
exemple les arrestations
des jeunes
blogueurs et l’absence de
« canaux par
lesquels les
jeunes
pourraient exprimer
leurs opinions
divergentes
ou solutions aux problèmes
sociaux ». Le
contexte de
l’Egypte
d’aujourd’hui se résume
par « une culture de la
peur ».
Celui-ci
n’a
cependant pas eu
d’échos
défavorables de la part du
gouvernement, qui a
même mis
en relief, dans
certains
médias, les aspects considérés
comme étant
en sa
faveur. A
titre d’exemple
cette absence des
jeunes de la scène,
il
l’explique par le fait
qu’ils ne
font pas d’efforts,
ne prennent
pas d’initiatives
sur le plan de
l’emploi et
attendent que le
gouvernement les
prenne en charge.
Une façon
d’en
atténuer le vrai
sens.
D’autant plus que le
rapport intervient
à un moment critique, fait de
tensions entre les services de
sécurité et
justement les jeunes
militants toutes
tendances
politiques confondues,
à la suite
du décès d’un
jeune
Alexandrin qui, selon les
témoins,
aurait été
battu à
mort par la police. Il
coïncide
aussi avec des protestations
croissantes appelant
à un
changement politique
à la veille
d’un scrutin
présidentiel crucial
l’année
prochaine. D’où
une sorte
d’attitude
peu claire
sur
laquelle on ne
peut guère
trancher. Il
y a une progression de la
protestation juvénile
comptant
notamment sur
l’Internet et
autres
moyens modernes de
communications ainsi
qu’un esprit
semblant
être fait de résignation
ou de
pragmatisme. Ce qui
compte
c’est de trouver
du travail,
pouvoir vivre, comme le
démontrent les
nombreux
exemples contradictoires
présentés
dans ce
dossier.
Etre
à l’écart
du
politique pourrait
d’ailleurs
ne pas être
un signe
de désintérêt.
Sur la base de discussions de
plus de 400 diplômés, le rapport
affirme que
les jeunes
Egyptiens ne font pas
confiance au
système
électoral et évitent la
politique en raison de
l’intolérance des services de
sécurité. « Les
jeunes
semblent confirmer l’importance
de la démocratie,
mais ne
la perçoivent pas
comme une
plus grande
priorité que
gagner
sa vie
à l’avenir
». Ils
voient les
activités politiques
comme
inutiles et incapables de
représenter une
différence pour
leurs
problèmes immédiats
ou de
répondre à
leurs
préoccupations réelles,
estime encore le rapport des
Nations-Unies.
« Le
potentiel pour la
création d’un
environnement favorable
semble
également être
compromis par la place de
la démocratie
dans le pays et par un
appareil de
sécurité qui ne
tolère
aucune forme de
représentation
publique »,
dit encore le texte, qui
ne fait
d’ailleurs pas le compte
du système
politique en
Egypte
offrant une
très fine
marge d’action
à
l’opposition.
Culture
uniforme
Le
premier ministre, Ahmad
Nazif, participant au
lancement
officiel du rapport, a
déclaré que
le rapport a, avec « précision
et objectivité »,
catalogué bon
nombre de
difficultés rencontrées
par la jeunesse
égyptienne.
Même si
ce
texte note
que les étudiants font
souvent face aux «
harcèlements secrets »
dans
l’exercice d’activités
non conformes
à la
politique du
Parti National
Démocrate (PND, au
pouvoir).
Nazif a pourtant
affirmé que
son gouvernement
s’emploie à
surmonter
ces défis en
offrant des
possibilités de travail
appropriées pour les jeunes.
Mais il
relève
aussi un interventionnisme,
la promotion d’une culture
uniforme qui
soit
conforme, le
marché
libre, le souci
d’assurer un
environnement
d’affaires favorable en
offrant des
programmes de formation
professionnelle dans
ce contexte.
Mais
peut-on
oublier que les
jeunes «
sont confrontés au
taux de
chômage élevé et
qu’il ont
été
découragés par les niveaux
perçus de
corruption ? ». Les
chiffres
officiels tablent les
chômeurs
autour de 10 %. Le
chômage est
un grave moyen
d’exclusion des
jeunes,
estime le texte. Or,
c’est là
la question. « Les jeunes de
l’Egypte
peuvent être
une formidable force au service
du
développement si les
conditions sont
mises en place pour
une société
où tous
les jeunes
Egyptiens se sentent
valorisés et se
voient
offrir des possibilités
», dit le rapport de
l’Onu. Il
appelle le gouvernement
à fournir
une
meilleure éducation, les
possibilités de
logement,
d’emploi et de participation
politique pour mieux
associer les 20 millions
d’habitants
du pays, les jeunes.
L’Onu
juge aussi
que
l’Egypte doit
améliorer le
système
éducatif et le
rendre plus accessible, en
particulier pour les
jeunes dont
les familles
ont les plus bas
revenus.
Entre 80 et 82 % des
filles de
familles pauvres
n’ont aucun
accès à
l’éducation,
ajoute le rapport.
Celui-ci
se heurte avec
une
tendance grandissante
à la
création de deux
catégories.
L’une qui
appartiendrait à
l’élite,
financière cela
s’entend,
pouvant avoir
accès à
un niveau
d’enseignement
élevé, et
l’autre, la majorité, qui
serait
poussée à un
enseignement de
seconde zone. Les
jeunes sont
une force
importante, et
si le rapport de
l’Onu met en
avant les
carences gouvernementales
à leur
égard, les
autorités ne
semblent
guère avoir
une vision nouvelle
à leur
sujet. La
carotte et le
bâton c’est
leur
politique. Nazif a
tenté de calmer le
jeu
: « Nous
sommes
conscients que les
jeunes
affrontent des difficultés,
mais nous
avançons
sur la bonne
voie ».
Comment ? Là
est
la question.
Samar
Al-Gamal
Ahmed Loutfi