Bonbonnes de gaz .
Un
nouveau système de distribution sera mis en place dans trois
gouvernorats en janvier prochain, ce qui pourrait provoquer
un marché noir de ce produit fortement subventionné.
Nouveau système à risque
La
deuxième bonbonne de butane achetée en un mois coûtera 20
L.E., soit presque la moitié de son prix réel. La troisième
sera vendue à 48 L.E. Elle se vend actuellement dans les
dépôts gouvernementaux à 4 L.E. Le nouveau système proposé
permet à chaque famille de recevoir une bonbonne
subventionnée par mois, grâce à une carte de subvention. Ce
plan sera, dans sa première phase, mis en œuvre dans trois
gouvernorats : Ménoufiya, Louqsor et Al-Wadi Al-Guédid. Si
l’expérience ne rencontre pas de succès, « elle sera
immédiatement annulée », annonce à l’Hebdo Darwich Moustapha,
conseiller du ministre de la Solidarité sociale pour les
affaires d’approvisionnement. Il justifie le choix de ces
gouvernorats : « Ils sont privés de réseaux de gaz naturel
et donc caractérisés par un haut degré de consommation de
bonbonnes ». Sans toutefois donner plus de détails sur la
consommation de ces gouvernorats.
Selon le
nouveau système, les familles de trois membres obtiendront
une seule bonbonne subventionnée par mois au prix de 5 L.E.,
et deux pour les familles de plus de trois personnes, tandis
que les plus nombreuses paieront plus cher (voir tableau).
Quant aux restaurants, Darwich explique que « à ce jour, le
Conseil des ministres n’a pas approuvé notre configuration à
l’égard de cette catégorie si importante. Ainsi nous n’avons
pas encore recensé leur consommation en bonbonnes ».
Mais
deux prix pour un même bien subventionné, cela entraîne
l’apparition du marché noir. C’est déjà le cas du pain
subventionné, avec les boulangeries qui reçoivent la farine
à bas prix pour la revendre au noir. « L’application de ce
système encouragera la création d’un marché noir. Et cela
car le nombre déterminé de bonbonnes ne répond pas aux
besoins de la population, en particulier en hiver quand une
famille consomme au moins deux bonbonnes par mois », craint
Sayed Nasser, employé dans le quartier populaire de Boulaq,
au Caire. Il ajoute que les distributeurs et les dépôts de
butanes exploiteront les besoins des citoyens pour augmenter
les prix.
De son
côté, le ministre de la Solidarité sociale, Ali Mosselhi,
nie ces craintes en assurant avoir mis en place un système
de distribution très stricte visant à mettre fin au marché
noir. « Il s’agit notamment de conduire les dépôts de
bonbonnes à les acheter à leur prix courant (soit 48 L.E.).
Quant aux bonbonnes subventionnées, elles seront distribuées
en échange de coupons distribués par le ministère de
l’Approvisionnement », explique-t-il. Ainsi chaque famille
de trois membres recevra six coupons tous les six mois. «
Elles remettront ces coupons aux dépôts pour recevoir une
bonbonne subventionnée à 5 L.E. ».
Libérer
le prix
L’application de ce système annonce la suppression graduelle
des subventions à l’énergie. La subvention du butane coûte à
elle seule le tiers des subventions allouées à l’énergie. «
Notre objectif est de garantir que les subventions
parviennent aux catégories sociales qui les méritent, sans
penser à minimiser la valeur des subventions », souligne
Darwich Moustapha. Pour ce faire, le gouvernement a autorisé,
à la mi-2008, tous les Egyptiens à se procurer des cartes
d’approvisionnement, ce qui a fait passer le nombre de
bénéficiaires de 50 à 63 millions. Or, les propos d’une
source au ministère du Pétrole au quotidien indépendant Al-Shorouk
prouvent l’intention du gouvernement de libérer le prix des
bonbonnes de gaz. Elle a dévoilé que « le ministre du
Pétrole, Sameh Fahmi, va proposer au Conseil des ministres
de libérer graduellement le prix des bonbonnes de gaz sur
une durée de 5 ans, allant de 15 L.E. dans la première année
vers son prix réel à la fin de cette période ». De sa part,
une source au ministère des Finances qui a requis l’anonymat
explique que le ministère n’a pas exactement calculé la
somme qui sera économisée grâce au nouveau système. « Nous
attendons la décision du Conseil des ministres sur
l’application de ce système pour connaître le montant réel
qui sera économisé », souligne la source. Ainsi, les jours à
venir dévoileront les conséquences de cette modification qui
touche en particulier les couches défavorisées, alors que
celles-ci ignorent l’existence même des subventions. Selon
un sondage demandé par le Conseil des ministres, presque la
moitié d’un échantillon de 1 000 familles ne savaient pas il
y a 5 ans que ces subventions sur les bonbonnes de gaz
existaient. « Alors que les couches supérieures (57 %)
profitent plus des subventions sur les bonbonnes de gaz que
les couches inférieures (55 %) », précise le sondage.
Gilane Magdi