Cinéma.
Après
Tir enta
envole-toi) en 2009,
Ahmad Al-Guindy
renoue avec la
parodie
dans La taragoe
wa la
estesslam (sans
recul, ni
résignation),
actuellement en
salles.
Un
genre qui se cherche
une place
Avec
Austin Powers pour les James Bond ou
Scary Movie pour des films d’horreur
comme Scream, les parodies
hollywoodiennes
sont un
genre développé et
apprécié.
Dans le cinéma
égyptien,
il
n’en est
qu’à ses
débuts avec quelques
balbutiements
passés.
Dans les années
cinquante,
Ismaïl Yassine
yoqabel
Rayya wa
Sekina (Ismaïl
Yassine
rencontre Rayya et
Sekina), avec
Ismaïl
Yassine et Soraya
Helmi, est
une parodie
de l’œuvre
mythique de Salah
Abou-Seif,
traçant le parcours des
deux
criminelles Rayya et
Sekina. Et
dans les
années 1990, Gharam
wa enteqam
bel satour
(amour et vengeance par le couperet)
de Mohamad
Chebl a singé
plusieurs films
dont le célèbre film
indien
Sangam et le hollywoodien
Rocky. « Ce genre
à part
entière a toujours
été présent
sur le grand
écran en Occident
sous forme
de critique, de dérision,
ou d’humour
et avec en principe le but de
faire rire sans pour
autant
chercher à
nuire à
l’auteur »,
explique le réalisateur
Ahmad Al-Guindi.
Diplômé
de l’Institut de
cinéma en 2000, ex-assistant de
plusieurs
réalisateurs de renom
tels Tareq
Al-Eriane et
Amr Arafa,
Al-Guindi a
toujours voulu se
pencher sur
un genre différent.
« C’est
surtout la
comédie qui m’intéresse.
Mais
mon
objectif principal est de
faire une
comédie inhabituelle. La
parodie me
paraît donc
un moyen
favorable, à condition
qu’elle
soit inhérente
à la ligne
dramatique,
sinon elle
risque d’être
insignifiante et
lourde ».
Ainsi, après deux films
comiques,
il a entamé son
parcours de films
parodiques
l’année dernière avec
Tir
enta
qui a fait un tabac,
puis La
taragoe wa la
estesslam (sans
recul ni
résignation),
actuellement en
salles.
Plutôt fantastique, le
réalisateur a fait
dans Tir
enta la
parodie des films indiens
ainsi que
des feuilletons saïdis (de
Haute-Egypte),
alors que
La taragoe
wa la
estesslam est
du genre
comédie-action. « Dans le
nouveau film, on fait la parodie
du film
égyptien d’espionnage
Eadam mayet
(condamnation d’un mort) de Ali
Abdel-Khaleq. Des
clins d’œil
à quelques
clichés que
l’on retrouve
dans les films
égyptiens
comme la fin heureuse,
les chansons naïves des enfants
… ». Ce
genre crée sans
doute une
ambiance singulière.
Et le rire
est suscité
grâce au
jeu sur la
mémoire collective.
Ce genre
implique-t-il une
technique
particulière ? «
Tout commence au stade de
l’écriture qui
doit avoir
un degré
de représentation critique.
Ensuite,
la nature des scènes
dicte au
réalisateur sa
manière de les
traiter,
comme c’est le
cas pour les
autres genres ».
Tenir
l’équilibre
Les
thèmes des
deux films réapparaissent
de manière
récurrente au cinéma.
Ecrit par Ahmad Al-Guindi
lui-même avec
comme héros
Ahmad Mekki
et l’écrivain Omar
Taher, Tir
enta a
traité d’un jeune
homme,
terre à
terre,
cherchant à changer de
caractère pour
attirer
l’attention de sa
dulcinée.
Dans La taragoe
wa la
estesslam,
écrit aussi par Ahmad Al-Guindi
avec Ahmad Mekki et
Chérif
Naguib, le scénario
aborde
l’histoire du
sous-chef d’un gang, sans
manquer de
péripéties policières.
L’idée est
toujours simple,
mais la question
reste la
suivante
: comment réussir
à tenir
l’équilibre
entre la comédie, la
satire sociale et la
réflexion
sur le comportement des
héros ? «
Dans le
cinéma, comme
dans la
littérature, les thèmes
sont
répétitifs.
Mais
le défi est
de savoir les présenter
sous une
forme nouvelle et
selon un
rythme loin de la monotonie
». L’initiative
est
à saluer.
Mais elle
suscite
quand `même
l’étonnement
: pourquoi
envisager
ce genre maintenant,
alors que
le cinéma
égyptien souffre au
niveau de
ses productions ? « L’année
dernière, la production d’un
film de ce
genre était un
risque. La
société de production s’y
est
lancée avec beaucoup de
prudence. Mais
cette année,
la situation est
différente avec le
succès de
l’année dernière.
Je
me demande
pourquoi, avec le progrès
technique du
septième art, on
accepte d’être
prisonnier de la
tragédie ou
de la comédie. Les genres
sont
nombreux et flexibles,
alors il
est
impératif de renouveler
» .
Lamiaa
Al-Sadaty