Mauvais augure
L’annonce de la démission du premier ministre israélien
Ehud Olmert s’avère un coup
dur porté à l’Autorité palestinienne qui, juste avant de
perdre ce partenaire, estimait qu’il a été « sérieux et
impliqué personnellement » dans les négociations de
paix, bien qu’aucune percée n’ait été réalisée
jusqu’ici.
Officiellement, l’Autorité palestinienne affirme que les
déboires judiciaires de M. Olmert
et son annonce de ne pas briguer la direction du parti
Kadima en septembre sont une
« affaire interne » à Israël. Mais plusieurs
responsables impliqués dans les négociations ont estimé
que l’Autorité palestinienne allait perdre un premier
ministre personnellement très impliqué dans les
négociations et prêt à discuter des dossiers les plus
sensibles, comme Jérusalem ou les frontières.
Après des années d’impasse, les négociations de paix
israélo-palestiniennes ont été relancées en novembre
dernier à Annapolis, près de Washington, quand Israël et
les Palestiniens se sont engagés à rechercher un accord,
qui mènerait à terme à la création d’un Etat
palestinien, d’ici à fin 2008, sous les auspices du
président George W. Bush. Les négociations achoppent
notamment sur la question de Jérusalem, mais aussi sur
la fixation de frontières définitives, les colonies
israéliennes ou encore la question des prisonniers
palestiniens.
Déjà difficiles, les négociations risquent d’être
compromises par un successeur à
Olmert moins enclin à s’investir. La ministre
israélienne des Affaires étrangères,
Tzipi
Livni, qui mène les actuelles négociations de
paix et considérée par les Palestiniens comme
relativement pragmatique, est donnée favorite pour les
élections primaires du Kadima,
talonnée de près par le ministre des Transports,
Shaul
Mofaz. Ancien ministre de la Défense et ancien
chef d’état-major, celui-ci possède au contraire l’image
d’un faucon et s’est avéré un partisan de la manière
forte dans les territoires palestiniens. En cas
d’élections anticipées, c’est le faucon Benyamin
Netanyahu, le chef du Likoud (droite), qui est le favori
des sondages. Avec lui, les chances de parvenir à un
accord de paix avec les Palestiniens sont presque
nulles, d’autant plus que son gouvernement devrait
s’appuyer sur la droite extrémiste, les colons et les
religieux.
Dans tous les cas, avec l’approche des primaires du
Kadima et d’éventuelles
élections anticipées, il sera presque impossible de
parvenir à un accord avant fin 2008, que ce soit avec
les Palestiniens ou avec les Syriens, avec lesquels
Israël négocie de façon indirecte depuis plusieurs mois
.