Al-Ahram Hebdo, Livres | Le maestro du Wild West
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 Semaine du 6 au 12 août 2008, numéro 726

 

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Autobiographie. « L’Age de turbulence », qui vient de sortir en arabe, raconte l’histoire d’un faucon républicain qui a contribué de près à la rédaction de l’Histoire américaine contemporaine, et s’est retiré sans réviser ses convictions.  

Le maestro du Wild West 

Rien ne semble plus ennuyeux qu’un livre rédigé par un économiste. Cependant, L’Age de turbulence, par Alan Greenspan, n’est qu’une exception. Ce n’est pas une simple autobiographie du gouverneur de la plus grande Banque Centrale, la Réserve fédérale des Etats-Unis. Mais aussi, c’est l’essence de toute une vie au-delà d’une carrière. Une essence qu’il a tirée d’après ses mémoires et ses réflexions qu’il écrivait lors de ses baignades quotidiennes depuis un accident où il s’est blessé le dos en 1971.

Le plus intriguant, c’est que Greenspan reste loyal au capitalisme en défiant toutes les convictions en cours sur l’injustice sociale et la compétition brute. « A l’âge de vingt ans, j’appréciais cette image de la société capitaliste, à savoir rude et peu respectueuse de l’ordre et des lois. Et ce, sans me rendre compte dans le temps de cette contradiction constitutionnelle flagrante concernant l’esclavage ». A l’âge de 84 ans, il reste toujours un fidèle du capitalisme du laisser-faire. Il suffit de lire ses propres mots louant le capitalisme du XIXe siècle, où régnait la compétition dans sa forme la plus « pure ». « Les Américains savourent la joie des contes héroïques des cow-boys, avec leurs troupeaux de bétail tout le long du chemin du Texax au Kansas », cite-t-il. Il regrette ne pas vivre ces jours, mais trouve une certaine compensation du fait qu’il ait vécu la transition des économies ex-socialistes vers ce qu’on appelle « la thérapie de choc ». Ce terme est né en Pologne, quand le gouvernement avait décidé de remplacer — du jour au lendemain — le système où l’Etat fixait les prix de tous les biens et services par les mécanismes du marché. La hausse vertigineuse des prix qui en a suivi s’est graduellement repliée, ce qui a apaisé les convictions de Greenspan concernant l’efficacité des forces du marché. Les gens qui se sont appauvris d’un jour au lendemain ne l’ont pas incité à revenir sur ses pas.

Pour lui, sur le long terme, tout le monde profitera, grâce a une croissance économique soutenue, même s’il y aura de temps en temps des gens qui perdront leur travail, ou des entrepreneurs qui déclareront faillite. Ce n’est en fait que la splendide « destruction créative ». Ou comme il l’appelle dans d’autres emplacements de son œuvre « le dynamisme du capitalisme ».

Le télégraphe est l’exemple typique qu’il a donné pour illustrer son point de vue. Pendant les années 1930, l’industrie du télégraphe avait le vent en poupe, avec plus d’un demi-million de messages envoyés quotidiennement, liant les marchés américains à leurs homologues outre-Atlantique. Apprendre le code Morse était en vogue. Toutefois, c’est aussitôt que les appareils de télex ont remplacé le télégramme. C’est plus économique, plus pratique, et moins coûteux. Pour Greenspan, cela est plus important que le fait que de grands nombres d’ouvriers aient perdu leur travail, au moment où d’autres ont été embauchés pour taper les correspondances des entreprises dans les langues maternelles. Le taux de chômage n’est-il pas resté le même ? Greenspan a vécu plusieurs fois ce processus de progrès et de disparition, lors de son travail au bureau Townsend-Greenspan, comme consultant. Pour lui, cette mise à l’écart des technologies obsolètes pour les remplacer par d’autres plus modernes est le seul moyen d’accroître la productivité, et pour hausser le niveau de vie. Le mécanisme du marché — à travers les siècles — a réussi à écarter ceux qui manquent d’efficacité et par contre, à rémunérer ceux qui prévoient la demande du consommateur et lui obéissent avec l’exploitation efficace du capital et de la main-d’œuvre. Le plus cynique, c’est que Greenspan a passé la plus grande partie de sa carrière jouant le rôle du sauveur de l’économie américaine de ses maux, que ce soit la récession, l’inflation ou le chômage. Si le père de l’économie Adam Smith a inventé le terme de « la main invisible » qui signifie l’auto-puissance éternelle des marchés à régler leurs problèmes, sans intervention de la part des gouvernements, Greenspan n’était en fait que cette main invisible. Il a excellé dans ce rôle sans que les différents agents du marché ne sentent qu’il met son nez là où il ne faut pas. C’est ainsi qu’il est devenu le héros de Wall Street pendant plus de 14 ans. Il a même avoué au fil des pages qu’il a dû faire des compromis, pour lier intérêt économique (comme il le perçoit) et intérêt politique (des présidents). Une fois, une vague d’épanouissement économique en 1996-97 l’a poussé à faire le plus grand compromis de sa vie : Se marier. Cependant, il lui a fallu un mois de travail ardent avant de passer la lune de miel à Vienne, à l’issue d’ une conférence monétaire là-bas.

En somme, après avoir lu quelque 600 pages, on finit drôlement par respecter cet homme qui a partagé sa carrière politique avec des faucons de guerre comme Don Rumsfield et Dick Chenney, comme il les appelle.

Salma Hussein

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Assr al-edtérab (l’âge de turbulence),
 

Des aventures dans un nouveau monde

par Alan Greenspan,

traduction en arabe aux éditions Dar Al-Chorouq,

2008.

 

 




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