Al-Ahram Hebdo,Invité | Boutros Boutros-Ghali, « Un équilibre entre les droits des citoyens et la stabilité de l’Etat doit être trouvé »
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 6 au 12 août 2008, numéro 726

 

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Invité

Boutros Boutros-Ghali, président du Conseil national des droits de l’homme, commente l’état des libertés en Egypte.

« Un équilibre entre les droits des citoyens et la stabilité de l’Etat doit être trouvé »

Al-Ahram Hebdo : Au moment où l’emprisonnement des journalistes reste appliqué et que le gouvernement tente d’imposer des restrictions sur les chaînes satellites par l’intermédiaire d’une loi qui organiserait la diffusion audiovisuelle, quelle est la position du conseil en ce qui concerne la protection de la liberté d’expression ?

Boutros Boutros-Ghali : Nous attendons de lire le texte de ce projet de loi avant de dire notre avis. Dans tous les cas, le conseil a déjà abordé la question de la liberté d’expression de façon générale et surtout en ce qui concerne les blogs et les bloggueurs. Un atelier de travail a été organisé en coopération avec le ministère de l’Intérieur et nombreux organismes officiels et avec la participation des bloggueurs eux-mêmes. Le but étant de dialoguer et de mieux comprendre les dimensions de ce problème. Le conseil organise également une table ronde pour discuter des législations arabes relatives à cette question. Un équilibre entre les libertés et les droits des citoyens et la stabilité de l’Etat doit être trouvé.

— Le conseil est accusé de coopérer avec des institutions et des organisations civiles spécifiques et d’en négliger totalement beaucoup d’autres sans raisons claires. Quelles sont les normes fixées par le conseil en ce qui concerne la collaboration avec les ONG en Egypte ?

— Depuis sa fondation, le conseil tient à coopérer avec toutes les ONG. Celles-ci sont considérées comme un outil indispensable dans la défense des droits politiques, civils, économiques, etc. Le conseil a organisé six rencontres avec celles parmi ces organisations qui ont répondu à l’invitation. De plus, de nombreux protocoles de coopération ont été signés avec ces organisations. Le conseil accueille favorablement toute proposition de coopération de la part de n’importe quelle ONG.

— Le conseil a plusieurs fois recommandé la levée de l’état d’urgence. Quelle est la position du conseil quant aux infractions résultant de son application dans les commissariats de police et les lieux de détention ?

— Depuis sa création en 2004, le conseil a toujours réclamé la levée de l’état d’urgence. Et quand le gouvernement a annoncé l’élaboration d’une loi antiterroriste, le conseil a mis l’accent sur l’équilibre que ce texte devra réaliser entre les droits et les libertés des citoyens d’un côté et la sécurité et la stabilité du pays de l’autre. Quant à l’exploitation de la loi d’urgence dans des actes de tortures et de maltraitance, elle est naturellement condamnée dans les rapports du conseil dans les termes les plus fermes.

— En 2011, les pays membres du Conseil international des droits de l’homme devront se pencher sur la situation des droits de l’homme en Egypte. Pourquoi notre pays en particulier ?

— Chaque pays membre du Conseil international des droits de l’homme peut passer par cette évaluation qui se décide suivant un tirage au sort. Pour l’Egypte comme pour les autres pays, l’évaluation se base sur les documents présentés au conseil lors de la demande d’adhésion.

— Pensez-vous que le gouvernement est préparé ? Au cas où des critiques seraient adressées à l’Egypte, le gouvernement a-t-il le droit de revendiquer le principe de non-ingérence ?

— La Charte des Nations-Unies souligne le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats. Mais avec l’évolution de la loi internationale, les questions relatives aux droits de l’homme justifient désormais une exception, notamment dans les cas mettant en danger la sécurité et la paix régionales ou internationales. C’est ce qui s’est passé dans le cas des violations commises au Darfour où le Conseil de sécurité a transmis le dossier à la Cour pénale internationale. Dans ce cas, les décisions de la Cour sont obligatoires. C’est ainsi qu’il devient difficile dans l’ère de la mondialisation de séparer ce qui est intérieur de ce qui est extérieur, en particulier en ce qui concerne les violations des droits de l’homme.

— Le conseil est accusé d’avoir été créé pour embellir l’image du gouvernement égyptien à l’étranger, surtout que ses contacts avec les délégations étrangères sont plus importants que ceux avec les responsables égyptiens ?

— Cette question n’est pas précise, le conseil travaille avec acharnement sur les dossiers intérieurs et n’importe qui peut revoir le dernier rapport émis par le conseil pour prendre connaissance de la quantité de notre travail. Le conseil est convaincu qu’il doit jouer un rôle important dans le domaine des droits de l’homme. Il a été le premier à appeler à la réunion régionale des Conseils arabes des droits de l’homme et à la tenue de la première réunion complémentaire des Etats africains sur les droits de l’homme en 2007. L’objectif était d’échanger les expériences à propos des problèmes relatifs aux droits de l’homme dans les Etats arabes et africains.

Rappelons que le Conseil national des droits de l’homme a été fondé en Egypte de même que dans tous les autres pays conformément aux recommandations de l’Assemblée générale de l’Onu, pour que ses conseils puissent présenter des consultations aux gouvernements dans le domaine de la protection des droits de l’homme et pour diffuser la culture des droits de l’homme.

— Alors que les taux de pauvreté sont en hausse continue, ne pensez-vous pas que le conseil doit jouer un rôle plus actif et avoir une voix plus haute pour combattre la pauvreté ?

— La hausse des taux de pauvreté est un phénomène mondial, en particulier dans les Etats du tiers-monde, à cause de l’augmentation exorbitante des prix des céréales et des combustibles. Donc, il est tout à fait normal qu’en Egypte, le gouvernement autant que la société civile s’intéressent à ce problème qui nécessite un dialogue social auquel participent les instances officielles, les hommes d’affaires et les ONG pour parvenir aux moyens de faire face à ce phénomène. Le conseil, dont le rôle est consultatif, a organisé dans le cadre de « l’année de la citoyenneté » un certain nombre d’activités qui ont abouti à des recommandations importantes pour lutter contre la pauvreté et qui ont été prises en considération par les instances concernées. De plus, la question de la lutte contre la pauvreté concerne tous les secteurs civils qui doivent conjuguer leurs efforts pour aboutir à un plan stratégique permettant de régler cette crise.

— Le conseil a dernièrement émis un rapport sur les événements d’Abou-Fana signalant que les affrontements qui ont eu lieu entre des bédouins armés et des moines n’étaient pas de nature confessionnelle. Comment allez-vous répondre aux critiques de l’Eglise égyptienne à propos de cette question ?

— Il est vrai que le conflit n’est pas confessionnel. La vraie question c’est l’application de la loi à tout le monde. Le Conseil renouvelle son appel à la nécessité de présenter un projet de loi unifié sur la construction des lieux de culte. Ceci empêchera que de petits problèmes se transforment en crises confessionnelles. De plus, je pense que les hommes de religion doivent s’abstenir d’intervenir dans les opérations d’achats de terrains consacrées à la construction de lieux de culte tout en créant un appareil civil chargé de cette mission pour éviter de tels problèmes.

— En tant que citoyen copte, que pensez-vous des manifestations qui ont été organisées dans un nombre de capitales européennes ainsi que du projet actuellement élaboré au Congrès américain et visant à imposer des sanctions à l’Egypte à cause du non-respect des droits des minorités ?

— La citoyenneté est le cadre dans lequel vivent tous les Egyptiens en Egypte, je refuse donc que la question me soit adressée en tant que copte égyptien. Le citoyen qui vit à l’intérieur du pays peut exprimer lui-même ses problèmes et n’a pas besoin d’aide étrangère. Le conseil a organisé plusieurs ateliers de travail avant la tenue de la conférence de la citoyenneté. L’un de ces ateliers portait sur les problèmes des Egyptiens en général à l’étranger. Pour ce qui est de l’aide américaine, je n’ai pas d’informations concernant cette question tout en sachant que le gouvernement américain a la sagesse et l’expérience de ne pas tomber dans le piège d’intervenir dans des questions qui ne sont pas de son ressort.

— En tant que président du comité international chargé de la campagne de Farouk Hosni pour la candidature à la présidence de l’Unesco, pensez-vous qu’il remportera ce poste ?

— Oui, je pense qu’il a une grande chance de remporter le poste. C’est un homme qui a effectué un trajet de 21 ans dans le domaine culturel. Nous élaborons actuellement un plan pour remporter ce poste important qui aura de nombreuses répercussions positives. Farouk Hosni a une large expérience dans le domaine des organisations internationales en plus de profondes relations avec des personnalités éminentes et des organisations civiles importantes. Ce qui l’aidera à remporter le poste de président de l’Unesco. Les derniers indices avant la visite qu’il a effectuée la semaine passée pour l’Italie sont prometteurs, puisque ces organisations l’appuient à l’étranger. De plus, le comité international chargé de la candidature de Farouk Hosni comprend des personnalités mondiales, dont le prince Karim Agakhan.

Propos recueillis par Magda Barsoum

 




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