Al-Ahram Hebdo, Evénement | Les Palestiniens, nouveaux Peaux rouges ?
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Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 6 au 12 février 2008, numéro 700

 

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Gaza. Les développements actuels où l’Etat juif tente de réinstaller les Palestiniens hors de Palestine justifient les pires appréhensions. Témoignages. 

Les Palestiniens, nouveaux Peaux rouges ? 

La déclaration Balfour de 1917 accordait la promesse de la création d’un foyer juif en Palestine. Inutile de rappeler que ce fut à l’origine de la création de l’Etat d’Israël au détriment des Palestiniens. Depuis 1948 jusqu’à présent, la situation de ces derniers ne fait que s’empirer, perdant au fil des années, des crises et des conflits, des parties des territoires qui leur restaient jusqu’à l’heure actuelle où l’on cherche à les cantonner coûte que coûte n’importe où et à les faire disparaître. L’Occident, les Etats-Unis en l’occurrence, se prête à ce jeu de dénégation ou d’aveuglement. En fait, on voudrait bien leur faire subir le sort de la majorité noire en Afrique du Sud sous l’apartheid ou même celui des Peaux rouges d’Amérique devenus presque des créatures de musée. Le poète palestinien Mahmoud Darwich l’a bien ressenti dans son poème Discours de l’indien rouge. « Ainsi, nous sommes qui nous sommes dans le Mississippi. Et les reliques d’hier nous échoient. Mais la couleur du ciel a changé et la mer à l’Est a changé. Ô maître des Blancs, seigneur des chevaux, que requiers-tu de ceux qui partent aux arbres de la nuit. Elevée est notre âme et sacrés sont les pâturages. Et les étoiles sont mots qui illuminent ... Scrute-les. Tu y liras notre histoire entière. Ici, nous naquîmes et sous peu nous renaîtrons dans les nuages au bord du littoral azuré », (Traduction d’Elias Sanbar, Revue d’études palestiniennes, numéro 46, hiver 1993).

Ce maître blanc qui régimente la région a-t-il eu le moindre sentiment humain à l’égard de ces nouveaux Peaux rouges ? Que leur faut-il ? « Il vous manquera, ô Blancs, le souvenir du départ de la Méditerranée et vous manquera la solitude de l’éternité dans une forêt qui ne débouche point sur un abîme, et la sagesse des brisures. Et il vous manquera une défaite dans les guerres ... ».

Cette assimilation des Palestiniens aux Indiens d’Amérique n’est pas simplement une image littéraire. L’Amérique n’est-elle pas impliquée dans toutes sortes de partages et de compromis ethniques en Iraq ? Ne veille-t-elle pas à remodeler la carte du Moyen-Orient où prédominerait Israël et tous les autres deviendraient des vassaux ? Les Palestiniens qui sont déjà les premiers sacrifiés ne devront espérer que des bantoustans ou des réserves.

Cette poésie est un reflet du réel et l’imaginaire n’y joue aucun rôle. Ce témoignage publié dans Revue d’études palestiniennes, 2007, est bien significatif : « Il y a des conséquences réelles lorsqu’on est apatride et faible. Pendant deux ans, j’ai été incapable de rentrer chez moi à Gaza. En 2006, j’ai été bloquée dans le Sinaï avec mes deux petits enfants, incapables de franchir la frontière fermée entre l’Egypte et la bande de Gaza. C’est peut-être de la folie de vouloir entrer dans cette prison, mais c’est là où vivent ma famille et mes proches. J’ai finalement abandonné. L’été dernier, j’ai essayé et échoué.

Pourtant, ma destination finale n’est pas Khan Younis, mais Beit Daras. C’est fondamentalement injuste — même après toutes ces années — que le monde se tienne aux côtés et approuve la décision prise par Israël d’exproprier les terres de ma famille.

Et c’est fondamentalement raciste de penser que je pourrais poser une menace pour Israël si je devais revenir dans le village de ma famille (ce que je ferais si j’en avais l’option). La notion d’un Etat juif qui doit toujours conserver un caractère juif — de sorte que les personnes d’autres origines ethniques ne puissent pas vivre dans leurs foyers ancestraux et que les groupes de minorités soient traités comme des citoyens de seconde classe — est effroyablement similaire à la situation de l’apartheid en Afrique du Sud, où les différents groupes ethniques étaient traités de façon inégale en vertu de la loi.

Si les Noirs et les Blancs d’Afrique du Sud ont pu résoudre leurs divergences sur la base de l’égalité, pourquoi est-il inopportun d’insister sur le fait que les Israéliens et les Palestiniens fassent la même chose ? Assurément, tous les concepts modernes de la justice et de l’égalité devraient décrier un système qui place les juifs au-dessus des Palestiniens.

Ces deux peuples ont énormément souffert au cours des dernières décennies. Cependant, une solution ne viendra pas par les puissants qui dictent les règles aux faibles, mais par une insistance sur l’égalité entre les deux peuples ». Son auteure est Ghada Ageel, une réfugiée palestinienne de troisième génération. Elle a grandi dans le camp de réfugiés de Khan Younis dans la bande de Gaza et elle enseigne aux Etats-Unis.

Racisme et dénégation. Darwich le dit bien :

« Je suis l’une des voix de la fin

Je me jette de mon cheval au dernier hiver

Je suis l’ultime soupir de l’Arabe ».

Ahmed Loutfi

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