Soudan.
Alors que le projet de résolution sur la force hybride au
Darfour n’a pas encore été finalisé, Khartoum a d’ores et
déjà rejeté la partie conférant aux Forces de maintien de la
paix de l’Onu et de l’Union africaine le droit de recourir à
la force.
Confusion autour
de la force hybride
Malgré
l’accord consenti par Khartoum, après des mois de
tractations, d’envoyer une force hybride au Darfour, de
nombreux obstacles continuent de se poser sur le chemin de
ce projet. Alors que le projet de résolution n’a pas encore
été finalisé, le régime soudanais émet d’ores et déjà des
réserves. Le projet de résolution présenté par la
Grande-Bretagne et la France vise à déployer 26 000 hommes
dans cette région du Soudan. Or, le ministre de l’Intérieur,
Zoubeïr Bachir Taha, a déclaré que les gouvernements
occidentaux semblaient avoir mal interprété l’acceptation de
la mission par Khartoum. Le projet de résolution invoque en
effet le mandat figurant au Chapitre VII de l’Onu qui
autorise « tous les moyens nécessaires dans les zones de
déploiement de ses forces » pour protéger ses troupes, faire
respecter un accord de paix et confisquer les armes. « Nous
avons des réserves concernant les interprétations faites par
les autres parties (...) concernant l’opération hybride », a
dit Taha à l’agence Reuters. Prié de dire s’il rejetait le
mandat stipulé au Chapitre VII, il a répondu : « Bien
évidemment. C’est un problème. Ils ne peuvent en aucune
façon rien nous imposer. Nous sommes un Etat libre ».
Une déclaration claire qui remet en cause l’accord préalable
sur le déploiement de la force hybride au Darfour et qui
risque de faire revenir l’affaire à la case départ. Outre la
référence au Chapitre VII, toute la question est en effet de
savoir qui aura le commandement de cette force. Pour les
Soudanais, accepter une force hybride ne signifie pas que
cette force soit en fin de compte sous commandement de
l’Onu, ce qui équivaut à ce que les puissances occidentales,
avec à leur tête les Etats-Unis, aient le premier et le
dernier mot. Khartoum ne veut surtout pas de participation
de forme de l’Union Africaine (UA). Un tel scénario
signifierait une intervention directe de l’Onu, considérée
par le régime soudanais comme une ingérence dans les
affaires internes, d’autant plus que les autorités
contestent l’ampleur du conflit du Darfour, qui a fait selon
des organisations internationales quelque 200 000 morts et
plus de 2 millions de déplacés. En effet, lors d’une visite
cette semaine au Darfour, voulue comme une marque de
l’intérêt de Khartoum au développement de cette région et un
signe de l’amélioration de la sécurité dans cette zone, le
président soudanais Omar Al-Béchir a assuré que la plus
grande partie du Darfour était désormais sécurisée et
paisible, accusant le président américain George W. Bush et
le premier ministre britannique, Gordon Brown, d’exagérer la
situation pour cacher leur « échec en Iraq ».
Au cours de cette tournée de trois jours, l’une des rares
dans cette région depuis le début de la guerre civile il y a
plus de quatre ans, M. Béchir a inauguré plusieurs projets,
dont des routes et des hôpitaux. A Nyala, capitale de l’Etat
du Darfour-Sud, où il a entamé sa tournée, le président
Béchir a lancé un appel à la paix, l’estimant indispensable
au développement régional. « Les citoyens ne veulent qu’une
paix globale et ensuite le développement et c’est pour cela
que j’appelle les rebelles armés à se joindre au processus
politique pour qu’on puisse, ensemble, reconstruire le
Darfour », a-t-il dit.
Prochaine rencontre en Tanzanie
Le processus politique, il en sera question à nouveau début
août en Tanzanie. Après la rencontre organisée par l’UA et
l’Onu à Tripoli la semaine dernière, une nouvelle rencontre
aura lieu du 3 au 5 août à Arusha regroupant les envoyés
spéciaux de la communauté internationale au Soudan et les
chefs des mouvements rebelles non signataires d’un accord de
paix conclu en mai 2006. Elle devrait permettre de fixer la
date et le lieu pour des négociations entre gouvernement et
rebelles.
La réunion de Tripoli de la semaine dernière avait suscité
des espoirs. Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a
annoncé au président américain lors d’un entretien à la
Maison Blanche qu’il allait « accélérer » les efforts de
l’Onu sur le Darfour après des discussions positives à
Tripoli. Ban Ki-moon a également appelé le Conseil de
sécurité à voter rapidement la résolution autorisant le
déploiement de la force conjointe Onu-UA. Le même appel a
été lancé par le président chinois Hu Jintao. « La
communauté internationale devrait saisir la période actuelle
favorable pour mettre en œuvre de façon équilibrée les
opérations de maintien de la paix et le processus politique
», a déclaré M. Jianto, au cours de discussions jeudi
dernier avec le vice-président soudanais Salva Kiir Mayardit.
Or, les récentes réserves émises par Khartoum n’augurent pas
de règlement rapide et risquent de relancer les tractations
entre la communauté internationale et le régime de Omar
Al-Béchir .
Abir
Taleb