Al-Ahram Hebdo,Monde Arabe | Confusion autour de la force hybride
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 25 au 31 Juillet 2007, numéro 672

 

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Soudan. Alors que le projet de résolution sur la force hybride au Darfour n’a pas encore été finalisé, Khartoum a d’ores et déjà rejeté la partie conférant aux Forces de maintien de la paix de l’Onu et de l’Union africaine le droit de recourir à la force.

Confusion autour
de la force hybride

Malgré l’accord consenti par Khartoum, après des mois de tractations, d’envoyer une force hybride au Darfour, de nombreux obstacles continuent de se poser sur le chemin de ce projet. Alors que le projet de résolution n’a pas encore été finalisé, le régime soudanais émet d’ores et déjà des réserves. Le projet de résolution présenté par la Grande-Bretagne et la France vise à déployer 26 000 hommes dans cette région du Soudan. Or, le ministre de l’Intérieur, Zoubeïr Bachir Taha, a déclaré que les gouvernements occidentaux semblaient avoir mal interprété l’acceptation de la mission par Khartoum. Le projet de résolution invoque en effet le mandat figurant au Chapitre VII de l’Onu qui autorise « tous les moyens nécessaires dans les zones de déploiement de ses forces » pour protéger ses troupes, faire respecter un accord de paix et confisquer les armes. « Nous avons des réserves concernant les interprétations faites par les autres parties (...) concernant l’opération hybride », a dit Taha à l’agence Reuters. Prié de dire s’il rejetait le mandat stipulé au Chapitre VII, il a répondu : « Bien évidemment. C’est un problème. Ils ne peuvent en aucune façon rien nous imposer. Nous sommes un Etat libre ».

Une déclaration claire qui remet en cause l’accord préalable sur le déploiement de la force hybride au Darfour et qui risque de faire revenir l’affaire à la case départ. Outre la référence au Chapitre VII, toute la question est en effet de savoir qui aura le commandement de cette force. Pour les Soudanais, accepter une force hybride ne signifie pas que cette force soit en fin de compte sous commandement de l’Onu, ce qui équivaut à ce que les puissances occidentales, avec à leur tête les Etats-Unis, aient le premier et le dernier mot. Khartoum ne veut surtout pas de participation de forme de l’Union Africaine (UA). Un tel scénario signifierait une intervention directe de l’Onu, considérée par le régime soudanais comme une ingérence dans les affaires internes, d’autant plus que les autorités contestent l’ampleur du conflit du Darfour, qui a fait selon des organisations internationales quelque 200 000 morts et plus de 2 millions de déplacés. En effet, lors d’une visite cette semaine au Darfour, voulue comme une marque de l’intérêt de Khartoum au développement de cette région et un signe de l’amélioration de la sécurité dans cette zone, le président soudanais Omar Al-Béchir a assuré que la plus grande partie du Darfour était désormais sécurisée et paisible, accusant le président américain George W. Bush et le premier ministre britannique, Gordon Brown, d’exagérer la situation pour cacher leur « échec en Iraq ».

Au cours de cette tournée de trois jours, l’une des rares dans cette région depuis le début de la guerre civile il y a plus de quatre ans, M. Béchir a inauguré plusieurs projets, dont des routes et des hôpitaux. A Nyala, capitale de l’Etat du Darfour-Sud, où il a entamé sa tournée, le président Béchir a lancé un appel à la paix, l’estimant indispensable au développement régional. « Les citoyens ne veulent qu’une paix globale et ensuite le développement et c’est pour cela que j’appelle les rebelles armés à se joindre au processus politique pour qu’on puisse, ensemble, reconstruire le Darfour », a-t-il dit.

Prochaine rencontre en Tanzanie

Le processus politique, il en sera question à nouveau début août en Tanzanie. Après la rencontre organisée par l’UA et l’Onu à Tripoli la semaine dernière, une nouvelle rencontre aura lieu du 3 au 5 août à Arusha regroupant les envoyés spéciaux de la communauté internationale au Soudan et les chefs des mouvements rebelles non signataires d’un accord de paix conclu en mai 2006. Elle devrait permettre de fixer la date et le lieu pour des négociations entre gouvernement et rebelles.

La réunion de Tripoli de la semaine dernière avait suscité des espoirs. Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a annoncé au président américain lors d’un entretien à la Maison Blanche qu’il allait « accélérer » les efforts de l’Onu sur le Darfour après des discussions positives à Tripoli. Ban Ki-moon a également appelé le Conseil de sécurité à voter rapidement la résolution autorisant le déploiement de la force conjointe Onu-UA. Le même appel a été lancé par le président chinois Hu Jintao. « La communauté internationale devrait saisir la période actuelle favorable pour mettre en œuvre de façon équilibrée les opérations de maintien de la paix et le processus politique », a déclaré M. Jianto, au cours de discussions jeudi dernier avec le vice-président soudanais Salva Kiir Mayardit. Or, les récentes réserves émises par Khartoum n’augurent pas de règlement rapide et risquent de relancer les tractations entre la communauté internationale et le régime de Omar Al-Béchir .

Abir Taleb

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Hani Raslane, responsable du Programme d’études sur le Soudan et le bassin du Nil au Centre d’Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, analyse les perspectives de règlement du conflit de Darfour.

 

« Il ne faut pas s’attendre à grand-chose des négociations d’Arusha »

 

Al-Ahram Hebdo : Khartoum a donné son aval au déploiement d’une force hybride au Darfour ; cette force se fait toujours attendre pourtant. Quelles sont les raisons de ce retard ?

Hani Raslane : Au départ, le gouvernement soudanais refusait catégoriquement le déploiement d’une force internationale au Darfour. Le compromis trouvé a été la décision de déployer une force hybride Onu-UA (Union Africaine). Or, toutes les parties ne sont pas encore tout à fait d’accord sur les détails concernant le déploiement de cette force. L’Onu n’est toujours pas parvenue à voter une résolution à ce sujet. Un premier projet de résolution américano-britannique n’était pas suffisamment précis et n’abordait pas les détails de cette force. Il présentait donc des lacunes. C’est pour cela qu’une nouvelle version du projet est actuellement en préparation. La balle est donc dans le camp de l’Onu. Mais il existe aussi de nombreuses questions en suspens, notamment celle concernant la participation de certains pays à cette force. Certains pays veulent en effet au préalable qu’un accord de paix soit conclu entre les différentes parties au Darfour pour que la mission hybride soit chargée de maintenir la paix et de garantir son application sans pour autant se trouver impliquer dans le conflit.

— Concernant justement les négociations de paix, quelles sont les chances que les discussions qui auront lieu en Tanzanie en août prochain aboutissent ?

— Les participants à la conférence de Tripoli de la semaine dernière ont décidé d’organiser une rencontre début août à Arusha entre les envoyés spéciaux de la communauté internationale au Soudan et les chefs des mouvements rebelles non signataires de l’accord de paix conclu en mai 2006. Mais cette rencontre ne risque pas d’aboutir à grand-chose. Tout d’abord, elle a simplement pour objectif de fixer la date et le lieu pour des négociations entre gouvernement et rebelles. Ensuite, le plus important est que Abdel-Wahed Nour, président du Mouvement de libération du Soudan, une des fractions rebelles, ne participera pas à cette rencontre. Or, sans lui, il est impossible de discuter de paix. Les participants à la réunion d’Arusha sont des dissidents de ce mouvement qui n’ont pas vraiment de poids. Il existe 16 mouvements dissidents du Mouvement de libération du Soudan. Tous doivent d’abord s’entendre sur leurs revendications, avoir un programme politique commun, et ensuite négocier avec le gouvernement. Ces derniers temps, on a trop insisté sur le déploiement d’une force hybride et sur les pressions exercées sur Khartoum pour qu’il l’accepte. Or, il est nécessaire aussi de faire pression sur les autres parties, à savoir les différents groupes rebelles. Sans cela, il sera impossible d’entamer des négociations de paix. D’autre part, il est nécessaire que ces groupes rebelles s’unissent pour parler de paix.

— L’intérêt de la communauté internationale vis-à-vis du Soudan est grandissant. Le rôle de Pékin notamment, accusé de soutenir Khartoum, ne peut-il pas créer un équilibre alors que les Occidentaux font pression sur le gouvernement ?

— La Chine a une vision différente que celle des pays occidentaux avec à leur tête les Etats-Unis. D’un côté, la Chine n’intervient pas dans les affaires internes du Soudan et s’adresse surtout au gouvernement et non pas aux groupes rebelles. De l’autre, elle a des objectifs précis vu ses intérêts économiques dans ce pays. C’est pour cela que Pékin a une politique plus souple vis-à-vis de Khartoum. La Chine soutient le Soudan simplement pour garantir ses intérêts. Ce qui est cependant exploité par Khartoum puisque Pékin s’oppose généralement à toute résolution internationale contre le régime de Khartoum.

Propos recueillis par
Maha Salem

 




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