Al-Ahram Hebdo,Environnement | Un lac à la dérive
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 25 au 31 Juillet 2007, numéro 672

 

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Environnement

Mariout . Ce lac qui a longtemps souffert de plusieurs maux, dont la sécheresse et surtout la pollution industrielle, a été enfin visé par la deuxième phase du projet de contrôle de la pollution industrielle.

Un lac à la dérive

Cinquante mille feddans. Telle était la surface du lac Mariout dans le gouvernorat d’Alexandrie en 1889. Jadis, l’eau du lac était douce et pure, ce dernier s’étendait sur 80 km au long de la côte nord, à l’ouest d’Alexandrie. Aujourd’hui, l’image a changé. Le lac Mariout ne couvre que 15 000 feddans. Plus encore, son eau est considérée comme la plus polluée des lacs égyptiens. La pollution s’est montrée intense en 1986, quand le lac a commencé à devenir le réservoir accueillant le drainage agricole des gouvernorats de Béheira et d’Alexandrie. « C’est depuis les années 1960 que ce lac a commencé à perdre son équilibre biologique à cause de la pollution intensive. Cette pollution provient essentiellement des évacuations des eaux usées, des déchets industriels et des drains agricoles qui sont crachés quotidiennement dans le lac, sans aucun traitement », explique le Dr Massoud Abdel-Rahmane, ancien président du département des sciences des mers à la faculté des sciences de l’Université d’Alexandrie.

Les analyses effectuées sur des échantillons tirés du lac en 2004 ont révélé que le lac contient des matières solides complètes et d’autres en suspension qui dépassent de loin les normes désignées par la loi sur l’environnement, tant et si bien que la nature de l’eau du lac a subi des changements chimiques et biologiques brusques. Cette étude, effectuée par un groupe d’experts du secteur de l’environnement dépendant du ministère de la Santé à Alexandrie ainsi que par les experts du Centre de monitorage environnemental et des études de l’environnement du travail à Imbaba, au Caire, est venue tirer la sonnette d’alarme.

A vrai dire, le groupe d’experts a dressé un bilan plutôt noir. Les chiffres étaient trop alarmants. Pour débuter, l’étude a avoué qu’il y a quelque 130 industries qui se débarrassent des eaux usées à l’état brut dans l’eau du lac, notamment la Compagnie des pétrochimiques. En ce qui concerne les analyses chimiques, 36 à 68 % des échantillons dépassaient de loin les normes désignées par la loi numéro 4 sur l’environnement de l’année 1994, ce qui veut dire que la qualité de l’eau du lac est de loin inférieure au niveau désigné par la loi. Quant à l’analyse bactériologique, 76 % des échantillons pris du lac n’étaient pas conformes aux normes désignées par la loi 48 de l’année 1982, surtout en ce qui concerne la matière 66 relative à l’évacuation des déchets liquides dans les lacs ou les cours d’eau en général.

Les métaux lourds ont également figuré parmi les éléments qui ont été suivis par les analyses. 25 échantillons de 12 métaux ont été analysés et la plupart des résultats dépassaient les normes.

Cette lourde pollution a eu sans doute ses effets négatifs sur les richesses piscicoles du lac Mariout. Les analyses des poissons ont révélé que le taux des métaux lourds dans les poissons est élevé. Le plomb existe dans tous les échantillons des poissons, alors que le cadmium n’en existe que dans 65 % seulement.

Les données viennent donc confirmer que ce qui se passe dans le lac Mariout est un crime environnemental au vrai sens du mot, et les responsables sont demeurés sourds-muets et aveugles pendant de longues années.

Mais l’affaire a dépassé toutes les limites. La détérioration de la qualité de l’eau et des poissons menace la vie des citoyens qui vivent sur les rives du lac et dont toutes les activités en dépendent. Les citoyens risquent de perdre leur gagne-pain. La pêche, qui est l’activité essentielle, doit cesser, car les poissons du lac ne sont pas propres à la consommation humaine. Plus encore, les citoyens risquent de tomber malades et d’avoir des problèmes de santé car ils sont exposés au quotidien à maints dangers à cause de la grave pollution dont souffre le lac. Ce qui rend l’affaire encore plus compliquée, c’est qu’un dessèchement complet du lac affectera brusquement l’équilibre écologique et la diversité biologique, même si le lac est grièvement pollué.

Mais heureusement, désormais, l’image, qui était trop sombre en 2004, ne le sera plus. Le ministre de l’Environnement, Magued Georges, a déclaré en 2007, le début de la deuxième phase du projet de contrôle de la pollution industrielle qui visera la dépollution du lac Mariout ainsi que celle de deux autres points chauds.

Lutte contre la pollution industrielle

Pour sortir du cercle vicieux, le gouvernement égyptien en coopération avec la Banque mondiale et divers autres bailleurs de fonds, comme la Banque japonaise pour la coopération internationale, la Banque européenne d’investissement, l’Agence française de développement et le gouvernement finlandais se sont mis d’accord sur une enveloppe financière de 165 millions de dollars pour un programme destiné à réduire la pollution industrielle au niveau de différents « points chauds » identifiés sur le territoire égyptien. C’est ainsi que le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a approuvé en mars 2006, à titre de cofinancement, un prêt de 20 millions de dollars.

Cet apport permet d’étendre l’effort précédemment consenti par la banque et le gouvernement finlandais pour financer la lutte contre la pollution en Egypte. Dans le cadre de cette phase initiale, qui se chiffrait à 35 millions de dollars, 25 projets antipollution ont été financés au niveau de 21 entreprises entre 1997 et 2005. Cette phase initiale a été connue en Egypte sous le nom de Projet du contrôle de la pollution industrielle.

L’un des points chauds en question et qui sera visé par la deuxième phase du projet de contrôle de la pollution industrielle est le lac Mariout. La pollution du lac, qui aboutit à l’heure actuelle dans la mer Méditerranée à Alexandrie, fera l’objet d’un effort ciblé au moyen d’un apport du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) estimé à 7,5 millions de dollars, dans le cadre d’un projet dont la préparation doit débuter prochainement. Le financement du FEM ira à des activités de conservation, de protection et de mise en valeur du lac Mariout, l’objectif étant de réduire la pollution qui se déverse dans la mer Méditerranée.

En effet, même si l’objectif de ce projet est de dépolluer la Méditerranée, il n’est pas à douter que le lac Mariout et les Egyptiens qui vivent sur ses rives vont bénéficier. Mais la question qui cherche une réponse est : Jusqu’à quand doit-on attendre les aides étrangères pour venir résoudre nos problèmes locaux et comment résoudre les problèmes des huit autres lacs égyptiens qui souffrent également de pollution et qui risquent de devenir des lacs morts dans les années à venir ? .

Dalia Abdel-Salam

 

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En bref

Réchauffement
Les habitants des pays en voie de développement se disent plus concernés par le problème du changement climatique que ceux des pays développés, selon une étude publiée dernièrement par la banque HSBC à Londres. Cette enquête, réalisée dans neuf pays, révèle que 60 % des personnes interrogées en Chine, en Inde, au Mexique et au Brésil s’inquiètent des changements climatiques, contre seulement 22 % au Royaume-Uni et 26 % en Allemagne. La population des pays riches se révèle très fataliste face aux défis environnementaux, au premier rang desquels les Français, pourtant plus engagés que leurs voisins européens pour réduire les effets du changement climatique, selon l’étude. Dans les pays développés, cette étude pointe même l’émergence d’un « rejet écologique », autrement dit d’un déni du problème et des solutions engagées pour remédier aux changements climatiques. A la question de savoir qui doit agir pour enrayer le problème, une large majorité des 9 000 personnes interrogées (68 %) estime que c’est aux gouvernements de jouer le rôle principal.

Véhicules
Une nouvelle technique baptisée « Platooning », permettant aux voitures de rouler plus près les unes des autres, pourrait réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO2) et économiser de l’essence, d’après une étude publiée récemment dans International Journal of the Environment and Pollution (IJEP) à Washington. Dans les embouteillages, la distance de sécurité qu’il faut a priori respecter entre deux voitures entraîne davantage de résistance à l’air et une consommation d’essence supérieure pour chaque véhicule. Une distance plus courte entre deux véhicules permettrait à la fois de consommer moins d’essence et de polluer moins, selon les chercheurs Asis Mazumdar et Debojyoti Mitra, de l’Université Jadavpur de Calcutta (Inde). C’est le principe derrière le « Platooning », qui prône le déplacement de « flottes » ou de cortèges de trois ou quatre voitures roulant quasiment collées les unes aux autres. Le « Platooning » pourrait devenir une solution pour remédier aux embouteillages monstres dans les pays à forte croissance économique, comme l’Inde et la Chine, où un nombre considérable de nouveaux véhicules emprunte les routes chaque année.

JO 2008
Une pollution oppressante, une chaleur étouffante, tristement célèbres l’été à Pékin : voilà ce que cherche à tout prix à éviter la Chine lors des Jeux Olympiques (JO) de 2008, et elle a pour ce faire lancé un véritable défi à la nature en prévoyant de recouvrir de fleurs la capitale chinoise. Les 500 000 visiteurs attendus pour les jeux, du 8 au 24 août 2008, devraient pouvoir respirer un tant soit peu : environ 30 millions de fleurs soulageront leurs narines olympiques, en plus des espaces verts en pleine expansion dans la capitale chinoise. Environ trente nouveaux parcs ont été créés et autant devraient sortir de terre d’ici les JO. Pour mener ce programme floral à bien, les meilleurs cerveaux botaniques du pays ont été priés, voici quatre ans, d’élaborer un projet afin de produire suffisamment de plantes, mais surtout des spécimens capables de fleurir au mois d’août et de résister à la chaleur, l’humidité et la pollution pékinoises.

 

 




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