La
rue Qasr Al-Nil, en plein centre-ville, commence à la place
Tahrir (la libération) pour s’achever à la rue Gomhouriya (la
république). Elle se croise avec la rue Talaat Harb (ex-Soliman
pacha) à la place portant le même nom et où trône la statue du
fondateur de la Banque nationale d’Egypte. Des deux côtés de la
rue Qasr Al-Nil, longue d’environ 1,3 km, s’élèvent d’importants
bâtiments et constructions datant des XIXe et XXe siècles. C’est
une rue qui porte une partie importante de l’Histoire moderne de
l’Egypte.
Créée au XIXe siècle, Qasr Al-Nil était l’une
des rues les plus élégantes du Caire. Elle était bordée d’arbres
de différents genres, de résidences particulières et de magasins
de luxe qui étalaient les dernières modes de Paris et de Londres.
Toutes ses constructions étaient réalisées à l’européenne où le
goût italien prédominait. La rue renfermait autrefois un nombre
de palais des princesses du haut palais du XIXe siècle et dont
le plus célèbre était celui de la princesse Nazli, la fille de
Mohamad Ali pacha. C’est l’architecte italien Pantaneli qui a
fait le design de ce palais. Sur l’emplacement du palais ont été
construits l’hôtel Nile Hilton et le bâtiment de la Ligue arabe.
L’hôtel des élites
Dans un coin de cette rue se trouvait aussi
l’hôtel Savoy, le point de rencontre de la majorité de
l’aristocratie du Caire en ce temps-là. Il avait été construit
au XIXe siècle avec 180 chambres par Georges Nungovich Company
Ldt qui d’ailleurs en était le propriétaire. Il s’agissait d’une
superbe installation avec un excellent restaurant. La clientèle
de ce dernier était des plus distinguées du Caire. Les officiers
et fonctionnaires anglais s’y pressaient. Chaque samedi soir, le
bal hebdomadaire rassemblait l’élite de la ville dans les salons
du Savoy, où les toilettes de la dernière mode de Paris et de
Londres pouvaient être admirées. La pension complète, pour ceux
qui voulaient résider dans cet hôtel, était de 60 piastres par
jour. Plus tard, le propriétaire de l’hôtel augmenta le nombre
des chambres à 300, dont 80 avaient des cabinets de toilette et
une salle de bains. Il y avait même un salon de coiffure pour
hommes et femmes dans cet hôtel luxueux. Les hôtes y trouvaient
aussi des salons à louer, une salle de billard, un jardin et un
terrain de tennis. La grande salle de bal servait encore pour
les grands banquets et les réceptions. En 1910, la location à la
journée pour une chambre à un lit était de 40 piastres, de 70
piastres pour une chambre à deux lits, de 80 piastres pour un
salon et de 200 piastres pour un appartement privé comprenant
une salle de bains, un salon et une chambre à coucher. Quant au
repas, les consommateurs devaient payer 10 piastres pour le
petit-déjeuner. Le dîner était à 35 piastres. Ceux qui voulaient
une pension complète devaient verser 90 piastres par jour.
Aujourd’hui, l’hôtel Savoy n’existe plus. Il a été remplacé par
une banque .
Amira Samir