«
Cette saison est la pire de l’histoire de l’arbitrage en Egypte
», avait déclaré Helmi Toulane, le directeur technique de Haras
Al-Hodoud, suite à la défaite de son équipe contre Ahli 0-1. «
Le football égyptien n’évoluera jamais avec une telle
performance de la part des arbitres », avait renchéri Gamal
Mohamad Ali, le directeur technique d’Esmant Assiout, lors d’une
conférence de presse qui a suivi la rencontre opposant son
équipe à Zamalek, 2-3, à l’occasion d’un match comptant pour la
21e journée du championnat.
« Nous avons remis des primes aux joueurs de
l’équipe malgré leurs défaites successives contre Zamalek et
Ahli parce que ces deux défaites étaient le résultat du mauvais
arbitrage », explique Raafat Abdel-Azim, vice-président
d’Ismaïli. Autant de déclarations qui reflètent le grand
désarroi et la colère qui s’est déchaînée contre les arbitres
cette saison.
En effet, depuis quelques semaines,
l’arbitrage égyptien fait l’objet de nombreuses critiques.
Clubs, entraîneurs, supporters et médias, tous ont manifesté
leur colère après les multiples erreurs commises par les
arbitres.
Il est vrai qu’il ne s’agit pas là d’une
nouveauté, mais le problème, cette saison, est que les erreurs
des arbitres ont eu une influence directe sur les résultats de
plusieurs rencontres.
De nombreuses équipes ont été la proie du
mauvais arbitrage. Ismaïli vient en tête de ces équipes après
ses deux défaites, non méritées, contre Zamalek (1-2) et Ahli
(0-2) en l’espace d’une semaine.
Lors des deux rencontres, les arbitres ont
refusé deux penalties clairs (un dans chaque rencontre) et ont
donné des cartons aux joueurs d’Ismaïli sous prétexte de
simulation. La situation fut plus grave durant la première
rencontre, lorsque Mohamad Hommos, le capitaine d’Ismaïli,
reçoit son deuxième carton jaune et par conséquent est expulsé.
La mauvaise performance ambiante des arbitres
en Egypte cette saison représente une grande surprise, d’autant
plus que la Fédération égyptienne de football a nommé à la tête
du comité des arbitres une des figures emblématiques de
l’arbitrage égyptien, à savoir l’ex-arbitre international Gamal
Al-Ghandour. Celui-ci avait créé un climat d’optimisme à son
arrivée, son palmarès en matière d’arbitrage étant connu de tous,
pour remédier aux faiblesses de l’arbitrage égyptien. Mais rien
n’a changé et le niveau de l’arbitrage est resté médiocre.
Depuis sa nomination, Al-Ghandour s’était
donné l’objectif de mettre en place une nouvelle génération
d’arbitres en leur donnant l’occasion de se tailler la part du
lion des rencontres du championnat. Il est vrai qu’ils ont
réussi dans la majorité des rencontres du premier tour qui s’est
déroulé sans problèmes. C’est à partir des matchs retour que les
lacunes se sont révélées au grand jour et plusieurs équipes se
sont plaintes de leur manque d’expérience comme Koroum, qui a
protesté contre l’arbitre lors de sa rencontre face à Esmant
Suez, celui-ci ayant accepté un but marqué par la main de
l’attaquant de Suez. Zamalek s’est également retourné contre
Kamel Mohamad Kamel, qui a refusé deux penalties clairs en
faveur de son équipe. « Le manque d’expérience des jeunes
arbitres est flagrant et leurs erreurs sont multiples. Mais le
problème est que la majorité des rencontres ne sont pas
diffusées à la télé, donc personne ne voit ces erreurs »,
explique Salah Al-Nahi, directeur technique de Koroum.
Le pire est que les erreurs ne sont pas
seulement l’œuvre des plus jeunes. Les anciens arbitres ont
aussi leur part de responsabilité, à l’image du trio
international Ahmad Auda, Mohamad Kamal et Mohamad Al-Sayed.
Les mauvais choix du comité
Selon Mohamad Hafez, ex-chef du comité des
arbitres, c’est le système de désignation des arbitres qui est à
revoir. Il souligne la nécessité de confier les matchs
importants aux meilleurs arbitres, qu’ils soient jeunes ou plus
âgés. Hafez fait allusion au choix de l’arbitre international
Mohamad Al-Sayed pour la rencontre opposant Ahli à Ismaïli. Ce
dernier a été suspendu pour trois mois au début de la saison à
cause de sa mauvaise performance et il était la plupart du temps
hors des estimations du comité. Mais ce dernier l’a quand même
choisi pour arbitrer cette rencontre importante. D’ailleurs, les
problèmes graves enregistrés durant ce match en sont la
meilleure preuve et le grand témoin du mauvais choix du comité
des arbitres.
Selon l’un des arbitres internationaux qui a
préféré garder l’anonymat, les arbitres en Egypte sont divisés
en deux clans : le premier comprend les jeunes arbitres qui sont
les favoris auprès du chef du comité, et le second regroupe les
anciens arbitres qui ne trouvent aucune protection de la part du
comité. La position étrange de Gamal Al-Ghandour, qui a critiqué
en direct à la télé l’arbitre international Mohamad Al-Sayed
pour sa performance lors de la rencontre Ahli-Ismaïli, donne une
idée de l’ambiance qui règne dans le monde de l’arbitrage en
Egypte, même si les responsables du comité des arbitres nient
l’existence de ce problème. « Il n’y a aucune différence entre
les jeunes arbitres et les anciens. Nous sommes une seule
famille. En ce qui concerne la protection des jeunes, c’est un
fait tout à fait normal, d’autant plus qu’ils représentent
l’avenir de l’arbitrage en Egypte. Ils manquent d’expérience, ce
qui n’est pas le cas des anciens arbitres qui ne doivent pas
commettre les erreurs des jeunes », justifie Ahmad Al-Chennawi,
membre du comité des arbitres.
Selon l’arbitre international Essam Abdel-Fattah,
qui a été sélectionné pour arbitrer la prochaine Coupe du monde,
la formation des arbitres est à revoir car celle qu’ils
reçoivent actuellement ne leur permet pas d’assumer pleinement
leurs responsabilités. Avant chaque saison, les arbitres se
réunissent pendant quelques jours pour recevoir des informations
générales et théoriques. Formation inutile et médiocre, surtout
si la majorité représente des jeunes qui ne possèdent pas
l’expérience nécessaire.
Comme cette saison est sur le point de
s’achever, les responsables de l’arbitrage en Egypte doivent
tirer les leçons du parcours de cette année. « L’arbitrage
occupe une partie importante du jeu et il ne peut y avoir des
erreurs faciles. Des efforts doivent être fournis la saison
prochaine, car cela peut gâcher n’importe quelle compétition »,
souhaite l’Allemand Théo Bucker, directeur technique d’Ismaïli.
Mohamad Mosselhi