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 Semaine du 19 à 25 avril 2006, numéro 606

 

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Société
Infirmières. Pour la première fois en Egypte, une ONG, Care with Love, met 186 gardes-malades à la disposition de patients souvent impotents.

Service rapproché

« Care with Love (soigner avec amour) n’est pas seulement un nom, mais aussi la manière avec laquelle l’association entretient l’ambition de prendre en charge les malades. Etre attentionné avec eux est la première conduite à adopter pour alléger les souffrances », explique le Dr Magda Iskander, présidente de l’Association Care with Love. Première en son genre en Egypte, cette association forme des gardes-malades. Prendre soin d’un malade alité n’est pas une mission facile. Autrement dit, une tâche qui demande non seulement de la patience et de la bonne volonté, mais aussi beaucoup de tact pour comprendre la psychologie du malade. Parfois, le malade est dans un tel état qu’il est incapable de bouger et doit faire ses besoins au lit. Apporter une cuvette et s’occuper de la toilette intime sans faire sentir au malade qu’il représente un fardeau est une mission des plus difficiles que doit achever l’association. Des personnes qui, généralement occupaient des postes importants, deviennent très susceptibles face à la maladie. « Mes enfants me font sentir que je suis un fardeau. Je ne parviens plus à manger seul ou à faire ma toilette depuis que je suis atteint de la maladie de Parkinson. Ma fille éprouve de la répugnance à chaque fois qu’elle vient me changer les draps », se lamente Chaker, ex-conseiller à la justice, tout en ajoutant qu’il ne pensait jamais pouvoir finir ainsi. Il pourra s’offrir les services d’un garde-malade moyennant une somme variant entre 800 et 2 000 L.E. par mois, selon la gravité de la maladie. Etre particulièrement prévenant avec les malades, alléger les souffrances de leurs proches, savoir garder les secrets de leurs familles et respecter leurs convictions sans jamais les juger ... Telles sont les qualités d’un garde-malade que tient particulièrement à respecter cette association. Des principes basés sur l’expérience pratique du Dr Iskander et qu’elle cite dans son livre tout en résumant la méthode avec laquelle elle travaille. Selon elle, beaucoup de cas désespérés passent par des moments difficiles. Certains sont effrayés par l’idée de la mort, d’autres vont plus loin et reprochent au bon Dieu de retarder leur heure. « Dans un moment d’agonie, le malade a besoin de quelqu’un de serein. On l’accompagne et nous faisons notre possible pour alléger ses souffrances », souligne un garde-malade. Ce dernier, musulman de confession, a accompagné un chrétien jusqu’à sa mort, lui a fait réciter quelques versets de l’Evangile et a respecté tous les rites de sa religion.

Fondée en 1996, Care with Love a pu former une équipe de 186 gardes-malades, unique en Egypte. L’idée a germé lorsque la sœur du Dr Magda s’est fracturé la jambe et s’est retrouvée seule sans personne pour lui prodiguer quelques soins pendant sa convalescence. « J’ai éprouvé beaucoup de difficultés à me prendre entièrement en charge. Je me suis rendue compte à quel point des personnes pouvaient souffrir à cause d’une telle expérience, surtout que le nombre de citoyens de troisième âge a atteint les quatre millions en Egypte. Sans compter les grands malades qui ont besoin d’un tel service à domicile. Depuis, j’ai commencé à bouger, persuadée que l’Etat ne pouvait pas tout faire », avance-t-elle, tout en insistant sur le fait que la société civile doit aussi jouer un rôle. Et pour résoudre ce dilemme, elle a pris une femme de ménage sachant à peine lire et écrire et l’a formée en lui enseignant les notions de base et ce pour être en mesure de prendre soin d’un malade alité.

Cette femme a tellement excellé que le Dr Iskander a décidé de se lancer dans l’aventure. Pendant trois mois, elle réunit toutes les informations nécessaires pour monter son projet. Une fois l’étude élaborée, elle commence à recruter son personnel sur des bases strictes. « 80 % du personnel est de sexe féminin. Ce marché nécessite des femmes en premier lieu. Taille minimum pour les femmes, 1,50 m et pour les hommes, 1,60 m. Quant au poids, il ne fallait pas prendre de personnes obèses. Les gardes-malades doivent être en mesure de soulever un malade ou de le déplacer d’un endroit à un autre », explique-t-elle. Ils doivent prouver qu’ils ne souffrent ni de diabète, ni de douleurs lombaires, etc. Le caractère compte aussi. On exige de ce personnel de la tolérance, de la compassion et surtout de la vocation. Qu’il soit musulman ou copte, le garde-malade qui s’abstient d’aider un patient qui n’est pas de la même confession que lui est écarté du projet, car on considère qu’il n’a pas les qualités requises pour remplir une telle mission. Pendant les quatre mois de stage, les gardes-malades doivent suivre des cours d’alphabétisation et une formation théorique et pratique de soins intensifs. Le but étant de leur apprendre les rudiments de ce métier. L’Association copte évangélique CEOSS, l’hôpital Al-Salam et le Centre des services pour retraités ont collaboré avec Care with Love pour offrir toutes les conditions nécessaires à la formation de ce personnel soignant. Une fois créée, l’association offre à ces personnes une chance de travail contre un salaire de base mensuel de 250 L.E. Un salaire fixe que l’association verse même si le garde-malade ne travaille pas, et qui peut aller jusqu’à 800 L.E. selon la compétence. Et c’est l’association qui estime le coût de ce service, selon le nombre d’heures de travail, un minimum de 8 par jour. Pour couvrir ses frais, l’association a dû d’abord faire une étude de marché. Sur les 4 millions de personnes âgées, 10 % ont besoin de ce service. « On a pu rendre service à trois classes sociales différentes, la modeste, qui va se voir offrir une chance de travail, la moyenne qui va profiter des stages organisés dans le Centre des services pour retraités et durant lesquels ce service est présenté gratuitement, et enfin la classe aisée qui réclame un tel service », dit-elle .

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