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 Semaine du 19 à 25 avril 2006, numéro 606

 

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Nulle part ailleurs
Plongée Sous-Marine. A Charm Al-Cheikh, 120 centres attirent de plus en plus d’accros. Ils exercent un business rentable que les Egyptiens tentent d’investir. Voyage.

Féerie dans les profondeurs

Une Hyundai 4x4 s’arrête devant AQuamarine, Diving and Snorkeling Club. Atef, Mohamad et Annamaria pressent le pas pour ouvrir les portes du centre où ils travaillent. Le bateau qui va transporter les touristes doit quitter le ponton du débarcadère dans une heure. Les deux employés se hâtent pour vérifier les caisses contenant tous les équipements. « Ici manque une palme », « Une combinaison de taille Medium par là », « Nous n’avons plus de temps à perdre, le groupe est arrivé », s’écrie l’un d’eux tout en souhaitant la bienvenue aux touristes. Une manière de briser la barrière de la langue. Ce problème fait perdre du temps car se faire comprendre est parfois difficile comme nous le confie Annamaria, Hongroise et guide de plongée sous-marine.

Le groupe en question est composé de touristes de différentes nationalités. Ces derniers ont payé d’avance pour jouir de ce loisir. Un moyen de divertissement qui leur coûte en moyenne 70 euros. Quant aux Egyptiens, ils bénéficient d’une réduction de 30 à 40 %. Les touristes commencent à s’impatienter et veulent connaître l’heure du départ. Atef et Mohamad se hâtent pour charger les équipements dans la voiture tandis que Annamaria invite les touristes à monter. Un trajet de quelques minutes et le groupe arrive à destination. Les touristes d’AQuamarine se fondent dans une foule dense. Sur le quai, il y a beaucoup de touristes, mais aussi des Egyptiens. Tout le long du port sont amarrés dans un décor splendide, le SeaQeen, le Panorama, le President III, l’Alexandria, le Valentino et le Tower 3. Tous attendent leurs clients pour explorer différents récifs coralliens. Des portefaix ont pour tâches de charger les bouteilles à oxygène, les combinaisons, les tubas, les palmes, les ceintures de plomb et les masques sur les bateaux. Il fait un temps printanier et une odeur d’iode embaume l’air. De quoi promettre aux plongeurs une belle exploration sous-marine et un voyage féerique.

Avant de quitter le port, Mohamad, qui sert aussi de chauffeur, lègue le groupe à Mohamad Gamal, guide de plongée et associé à AQuamarine. Il reviendra chercher tout le monde vers 17 heures.

Divers Ready, lance d’une voix haute Mohamad Gamal aux touristes, qui s’empressent d’embarquer sur le Tower 3, qui va les conduire vers un des sites de Ras Mohamad.

Ce dernier annonce aussi aux touristes que Mahmoud, un des guides professionnels, les accompagnera aujourd’hui ainsi que son assistante Annamaria, comme tient à le préciser fièrement Mahmoud.

A peine le bateau a commencé à bouger, que les employés d’AQuamarine vérifient de nouveau les équipements. Quant à Mahmoud, un des plongeurs égyptiens qui ne rate aucune occasion pour démontrer ses talents, il s’enquiert auprès de Abdo, le rayès (batelier), de l’état de la mer. « Une bonne entente est souhaitée entre le batelier et le guide de plongée et ce pour préserver la sécurité de nos passagers », explique Mahmoud, qui considère Abdo comme l’un des plus expérimentés. Quant à Abdo, il affirme que son expérience en pleine mer vient compléter celle de Mahmoud. « La moindre faute commise par un batelier peut coûter des vies humaines … Ne dit-on pas qu’il n’y a pas plus grand que la mer », remarque le rayès.

Les dernières recommandations

Avant de donner le signal aux touristes de se jeter à l’eau, Mahmoud commence son premier cours pour ceux qui ont déjà plongé ou possèdent des certificats. Mais cela n’empêche pas les débutants d’y assister. Des instructions importantes sont données : bien nettoyer son masque, vérifier sa bouteille d’oxygène, son embout et comment sauter du bateau puis y retourner quand de grosses vagues empêchent de le faire. « N’oubliez jamais le nom de votre bateau », « Ne nagez jamais sous la coque du bateau, c’est très dangereux », « Pour votre sécurité, plongez toujours à deux : au cas où l’un a un problème, l’autre serait en mesure de le secourir », « Respectez les paliers en remontant, sinon vous risquez de perdre la vie ».

Et bien que Mahmoud maîtrise l’anglais, il s’exprime aussi par des gestes pour mieux se faire comprendre. Dr Ahmad Nada, chirurgien et amateur de plongée, intervient de temps à autre servant d’intermédiaire entre le guide et les clients pour simplifier davantage des termes techniques ou scientifiques. Quant aux débutants, on commence par leur apprendre le langage des signes que l’on utilise en plongée. A l’aide d’une carte, Mahmoud explique la particularité de Jack fish Alley et ses merveilles. Dr Nada, qui a suivi des cours de plongée dans un club sportif, ne cesse de répéter à ses compagnons étrangers l’importance de suivre à la lettre les instructions du guide. « Le plus dangereux dans ce sport est d’essayer de sortir du groupe et de plonger plus profondément, il n’est pas permis de descendre à plus de 30 m », explique Nada qui affirme d’un ton expert que la plus belle vision est à 15 m de profondeur, et que si l’on s’enfonce encore plus loin, la visibilité sera plus floue.

Et avant que le bateau n’arrive à destination, les plongeurs se mettent à enfiler leurs tenues complètes : combinaison, bouteille avec embout, ceinture de plomb, palmes, masque et tuba. Les touristes, en maillots de bain, s’y mettent aussi, aidés par Mohamad, originaire de Béni-Souef et qui a laissé tomber son métier d’électricien pour mieux gagner sa vie. Avec Ahmad, ils sont là pour s’occuper des équipements et aider les touristes à enfiler les combinaisons. « Je fais de mon mieux pour arriver à les comprendre et à communiquer avec eux. Un mot par-ci, un mot par-là et on arrive à se débrouiller. J’ajuste le tuba à l’une, les sangles de la bouteille à une autre et je règle même une fermeture éclair à une autre un peu trop pressée de se jeter à l’eau », souligne Mohamad .

Une fois le groupe prêt, le bateau s’arrête et Mahmoud met en garde les touristes pour que personne ne saute avant lui.. Une fois le signal donné, les uns après les autres et deux par deux, les plongeurs sautent dans l’eau. Mohamad et Ahmad sont là pour donner un coup de main à ceux qui sont alourdis par leurs bouteilles ou n’osent pas s’aventurer. En quelques secondes, tout le monde s’enfonce dans l’eau, découvrant un monde féerique constitué de récifs coralliens et de poissons. « Pour satisfaire le client, il faut que le guide soit bien qualifié, toujours détendu, capable de donner confiance à ses plongeurs et de réagir vite en cas de danger », note Amr Aboul-Fath, chef de la Chambre des établissements touristiques chargée de la plongée sous-marine et un des associés d’AQuamarine. Lui qui est en train de préparer un doctorat dans ce domaine confie que la qualification dans ce business n’est pas facile, elle est même très coûteuse. « Environ 85 000 L.E. pour devenir un bon entraîneur et plus de 500 000 L.E. pour ouvrir un centre », précise Aboul-Fath tout en ajoutant qu’un bon guide peut gagner environ 10 000 L.E. par mois. « Nous manquons de guides égyptiens qualifiés. Il faut d’abord du talent, une connaissance en plongée sous-marine, maîtriser une langue étrangère et respecter un mode de vie sain. Des exigences un peu difficiles, mais de plus en plus d’amateurs se spécialisent dans ce domaine », poursuit Amr qui tient à ce que les Egyptiens prennent la relève, d’autant que 75 % de ce gros business est tenu par des étrangers, plus anciens dans ce métier. Un loisir qui a pris son essor en Egypte en 1966, et à Charm Al-Cheikh en 1982. Et depuis, ce business a progressé rapidement. Et la belle ville qui comptait 15 centres au début des années 1990 en compte aujourd’hui 120.

Les Egyptiens veulent s’imposer

Amoureux fou du Diving, Amr insiste sur le fait que les Egyptiens sont ceux qui doivent investir le plus dans ce domaine puisque ce sont eux qui sont appelés à rester dans le pays. Une conviction qui le pousse à stimuler les jeunes talents qui travaillent avec lui et les pousser à être ses associés. « Un moyen destiné à les encourager à se donner entièrement à ce métier », explique Amr qui constate que beade jeunes ont choisi cette voie et sont de plus en plus qualifiés. « Ils obtiennent des certificats de PADI (Professionnal Association for Diving Instructure) et de la Confédération égyptienne de plongée », ajoute-t-il.

Quant à Ahmad Gamal et Islam, deux jeunes guides brillants, ils expliquent que l’inauguration d’une section de plongée sous-marine à l’Université du Canal de Suez a ouvert les horizons à de nouveaux talents. Pour eux, c’est un moyen d’assurer la présence égyptienne dans ce métier.

Quarante-cinq minutes sont passées et le Tower 3 retourne récupérer ses plongeurs. Ravis de cette expérience, les touristes montent sur le bateau pour se reposer et prendre leur déjeuner avant la deuxième plongée à Yolanda Reef. « Nous sommes passés par des caves, nous avons vu un grand barracuda et des poissons de différentes couleurs, c’était fantastique », raconte Mythe à Erienne et Louisa, qui n’ont jamais plongé de leur vie. Celles-ci ne profiteront pas de la deuxième plongée et doivent attendre la troisième pour descendre à 12 m. « Ces débutants exigent plus d’attention, il faut leur apprendre comment respirer et maintenir l’équilibre dans l’eau tout en jouissant de la beauté du récif. Il faut les tenir par la main et surveiller l’appareil régulateur de flottage », explique Mahmoud qui doit accompagner un ou deux débutants, pas plus, tandis que Annamaria, l’assistante hongroise, descend en compagnie d’un autre. Après avoir passé un bon moment dans l’eau, Erienne, débutante, trouve l’expérience extraordinaire, mais « c’est un peu terrifiant », dira-t-elle.

Sept heures plus tard et après 4 ou 5 plongées, Mahmoud flotte encore sur l’eau. Il demande en anglais si d’autres personnes veulent toujours plonger. Il se sent comme un poisson dans l’eau : « Je peux plonger autant de fois que désirent mes plongeurs, car je me sens vivre sous l’eau », conclut-il.

Doaa Khalifa

 




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