Il
est 8h ... Le bus quitte Le Caire. Quelques minutes et on
s’engage en plein désert. La route semble interminable. 37
kilomètres et le bus franchit l’entrée de Chorouq. Une des
nouvelles villes construites autour de la capitale pour alléger
le poids pesant de la surpopulation. Silence, rien que le
silence et quelques dizaines de maisons et d’immeubles.
Impossible de croiser un être vivant dans cette ville désertique.
« Patience, c’est un peu plus loin », avance Maguy, étudiante en
quatrième année de gestion et qui fait quotidiennement ce trajet.
« Voilà, on est arrivé », lance-t-elle en désignant un grand
bâtiment assez sobre. C’est presque la seule construction dans
cette zone.
Le portail franchi, le contraste avec
l’extérieur est évident. Ici, ça bouge. Tous les étudiants sont
là mais aussi des entreprises de toutes sortes : BNP, Carrefour,
Accor, Allianz, Total ... et environ une dizaine d’autres
compagnies franco-égyptiennes. Car ce n’est pas une journée
comme les autres. Aujourd’hui, c’est la journée « Porte ouverte
de l’emploi », ou en d’autres termes l’occasion pour les
étudiants de réserver une place dans une compagnie prestigieuse.
Les étudiants s’infiltrent dans les salles, écoutent les
présentations, posent des questions et déposent leur CV, mais
pas tout de suite. Tout comme Maguy, elle hésite un peu et
finalement remplit un formulaire et dépose son CV chez trois
employeurs seulement. On s’attend à un job plus qu’intéressant
après un enseignement de qualité et qui est loin d’être donné.
Juste un détail, les étudiants à l’Université française doivent
payer entre 20 000 et 40 000 livres égyptiennes par an, soit
mille fois les frais de l’université publique et 10 fois les
filières francophones des universités égyptiennes.
Avenir presque garanti pour les étudiants ? «
Je crois qu’ici c’est le meilleur endroit pour trouver de très
bons CV », explique Lobna Al-Hefnawi de la société Xceed, qui
précise qu’elle est à la recherche d’au moins 150 étudiants
parfaitement francophones pour travailler dans leur « Contact
Center ». L’université, elle, ne compte que 350 étudiants dans
ses trois facultés depuis sa création il y a quatre ans. Toute
jeune, c’est vrai. « Pour nous, c’est un véritable test. la
première promotion fera son entrée sur le marché du travail et
cela permettra de voir si nous aurons un plus grand nombre
d’étudiants ou pas », explique Tahani Omar, présidente de
l’université. Mais Mme Omar est confiante en l’avenir (lire
Interview). Les entreprises s’engageront aussi à payer les frais
des études de master des étudiants embauchés chez eux. Une
nouveauté pour cet établissement qui s’est trouvé pour vocation
des spécialités loin des sciences humaines. On est dans le
concret, des langues appliquées, gestion et ingénierie.
La concurrence est cependant acharnée.
L’Université britannique est à quelques mètres d’ici, quant à
l’Université allemande aussi jeune, elle compte 10 fois plus que
le nombre des étudiants à l’Université française. Mais ici, on
pense autrement, au moins du côté des étudiants ... Aujourd’hui,
il faut saisir la chance et faire un pas vers un avenir plus
prometteur. A les voir courir dans les corridors du bâtiment, à
entendre leurs discussions, on comprend bien. Ne sont-ils pas
conscients cependant que les perspectives de l’emploi paraissent
de plus en plus hasardeuses en Egypte ?.
Samar Al-Gamal