Dans
un contexte marqué par une amélioration du climat général des
affaires en Egypte, les relations économiques et commerciales
entre l’Egypte et la France deviennent de plus en plus profondes.
En effet, depuis l’accession en juillet 2004 du nouveau
gouvernement dirigé par le premier ministre Ahmad Nazif, les
entreprises françaises témoignent de leur confiance dans le
potentiel de croissance à moyen et long termes dans le pays. La
France est d’ailleurs aujourd’hui le troisième fournisseur et le
quatrième investisseur en Egypte et ceci grâce à une politique
soutenue d’investissements directs et d’alliances avec des
entreprises locales. C’est du moins ce qu’affirme Moustapha Zaki,
président de la division des importateurs à la Fédération
égyptienne des chambres de commerce.
Relation importante, mais qui ne date pas
d’aujourd’hui. L’Egypte a bénéficié depuis 1974 de plus de 3
milliards d’euros de financements concessionnels pour la
réalisation de ses grands projets essentiellement orientés vers
les infrastructures. Cette aide a eu un effet de levier
incontestable pour les échanges entre les deux pays.
Pourtant, Ahmad Al-Naggar, chercheur au
Centre d’Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, ne
voit pas cette affaire du même œil. Pour lui, la France ne
soutient pas vraiment l’Egypte dans le domaine économique. « Ce
sont de fausses impressions que se font les Egyptiens et
auxquelles ils croient. Il suffit de voir les chiffres pour voir
tout à fait le contraire », explique-t-il. Et d’ajouter : « Sur
le plan des échanges commerciaux de l’Egypte avec l’UE, la
France vient derrière la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la
Suisse et l’Italie ». Al-Naggar fait aussi remarquer que la
France est l’un des pays qui ont refusé de libérer le commerce
des produits agricoles égyptiens en Europe, favorisant les pays
de leur continent.
2005, une année charnière
Cependant, l’échange commercial entre les
deux pays a connu une forte hausse en 2005. Les exportations
égyptiennes vers la France ont ainsi augmenté d’environ 60 % par
rapport à l’an dernier, pour atteindre 493,6 millions d’euros.
La France s’est hissée en 2005 au rang de troisième fournisseur
mondial et de second fournisseur européen de l’Egypte. Avec un
montant de 1,4 milliard d’euros, voire une augmentation de 40,4
% par rapport à 2004. Cet excellent comportement des ventes
françaises, qui doit beaucoup à la forte ouverture du marché
égyptien depuis deux ans, s’accompagne de la poursuite de leur
diversification.
Les empreintes françaises deviennent très
visibles dans divers domaines en Egypte, notamment dans les
services bancaires, les services relatifs au tourisme et aux
voyages, les transports aériens et maritimes, et les
télécommunications. « La France essaye de se mettre en
compétition avec les Etats-Unis en ce qui concerne le secteur
des services », explique Moustapha Zaki.
Une coopération économique assez profonde et
aussi importante autant pour la France que pour l’Egypte. Cet
échange commercial se répercute aussi sur la France. En effet,
l’Egypte constitue pour la France un enjeu commercial important
dont les dimensions et l’intérêt devraient s’élargir avec les
progrès de l’intégration économique régionale. L’Egypte se
trouve entre trois zones de libre-échange : le COMESA, la zone
arabe de libre-échange et à terme l’espace euro-méditerranéen.
L’accord de partenariat entre l’Union européenne et l’Egypte
entré en vigueur le premier juin 2004 ouvre des perspectives de
progrès importants aux exportateurs français et européens. « Les
résultats d’un échange commercial entre deux pays quels qu’ils
soient apporteront forcément profit aussi bien à l’un qu’à
l’autre », lance Zaki.
Un début assez important mais qui attend une
poussée. « Il faut que la France encourage ses hommes d’affaires
à se lancer dans des projets d’investissements en Egypte »,
explique Al-Naggar qui ajoute : « Les médias français jouent un
rôle fondamental à cet égard. Si on continue à mettre en relief
uniquement des événements marqués par la tension, voire toujours
des sujets négatifs, cela fait peur aux investisseurs et laisse+
prévoir que le marché égyptien vit sous le signe de l’insécurité
».
Chaïmaa Abdel-Hamid