De la dénégation à la reconnaissance
Salama A. Salama
Dans
son livre Etat de dénégation, Dod Word rapporte les propos du
président Bush selon lesquels il ne sortirait pas de l’Iraq
même s’il n’avait plus de partisans en dehors de son épouse
Laura et son chien, Barnie.
Cependant,
après la publication du rapport Becker-Hamilton, qui a
qualifié la situation en Iraq de catastrophique et qui a
déclaré que les conjonctures vont de mal en pire, Bush n’a
certainement plus de partisans à part peut-être son chien.
Au départ, la
Maison Blanche a déclaré que les recommandations avancées par
le rapport n’étaient pas impératives et que le président
allait choisir ce qui convient à ses politiques et qui
s’accorde avec les autres recommandations, notamment de
l’état-major.
Bush avait
promis de prendre au sérieux ces recommandations. Néanmoins,
il est évident que le changement radical des stratégies
américaines en Iraq ne se fera pas d’un seul coup. Il ne se
réalisera pas non plus sans de fortes pressions de la part de
la majorité démocrate. En effet, celle-ci aspire au retrait
des forces de combat de l’Iraq dans un délai de 15 mois. Ce
qui signifie la nécessité de modifier tous les plans. La
mission de ce grand nombre de forces américaines (150 000
soldats) ne sera plus le combat mais la formation des forces
iraqiennes pour qu’elles puissent prendre la relève, en tant
que première étape du retrait progressif.
Mais cette
orientation s’oppose aux déclarations faites par Bush à la
suite de sa rencontre avec le premier ministre iraqien,
Noureddine Al-Malki à Oman, puis de sa rencontre avec
Abdel-Aziz Al-Hakim à Washington. En effet, il avait déclaré
que les Etats-Unis respectaient leurs engagements envers
l’Iraq jusqu’à ce que « la victoire » se réalise.
Ainsi Bush se
trouve-t-il face à un dilemme. Comment passer de l’état de
dénégation à l’état de reconnaissance de la réalité cruelle de
la situation ? Le rapport a présenté une vision globale de la
situation au Moyen-Orient et a
précisé que ses recommandations seront inutiles si elles ne
sont pas appliquées intégralement. C’est-à-dire changer ce
genre de diplomatie erronée appliquée dans la région, intégrer
la Syrie et l’Iran et démontrer un réel engagement vis-à-vis
de l’instauration d’une paix globale entre Israël, les
Palestiniens et la Syrie. Toutefois, Bush ne s’est pas montré
favorable à ces propositions. Il a demandé à l’Iran
d’interrompre son programme nucléaire avant tout dialogue. Ce
qui s’accorde d’ailleurs avec ce qu’Israël s’est empressé de
déclarer, refusant d’établir un lien quelconque entre l’Iraq
et le conflit arabo-israélien et affirmant que la priorité est
de stopper le projet iranien.
Il n’est pas
facile de prédire la voie que prendra l’Administration Bush.
En effet, elle devra arriver à une sorte de consensus avec les
Démocrates pour un retrait honorable de l’Iraq avec le moins
de pertes possibles. La chose inquiétante est que Tony Blair,
le fidèle subalterne britannique, est la première personne que
consultera Bush.
Quelle est la
position arabe face à toutes ces évolutions ? Surtout si les
Etats-Unis venaient à changer leur politique envers l’Iran et
la Syrie. Quelles seront les répercussions de ce changement
sur la position arabe vis-à-vis du Liban, de la Syrie et de
l’Iran ? Ce seront certainement les surprises du nouvel an
lMahfouz a-t-il été conciliant avec le pouvoir ?